Philippe Bouvard, pilier de RTL et père des « Grosses têtes », annonce sa retraite après 60 ans d’antenne

Par Epoch Times
23 juin 2024 17:30 Mis à jour: 23 juin 2024 18:36

Bientôt la retraite pour Philippe Bouvard : l’infatigable journaliste de 94 ans, qui tient toujours une chronique hebdomadaire sur RTL, a annoncé dimanche qu’il couperait le micro en janvier, à l’occasion de son soixantième anniversaire à l’antenne, « un record mondial », selon la station.

« Il y a une tentation, qui n’est pas une tentation de paresse, mais une tentation de record, c’est d’aller jusqu’au 1er janvier, ce sera déjà pas mal, et ensuite d’écouter les autres et de faire silence », a expliqué Philippe Bouvard dimanche sur RTL, en référence à la retraite qu’il a longtemps refusée.

« 60 ans de radio et 60 ans de RTL », un « double record »

« Parce que le 1er janvier, j’aurai établi le double record que j’espérais, c’est-à-dire 60 ans de radio et 60 ans de RTL » a justifié celui qui a démarré en 1965 à Radio Luxembourg, devenue RTL en 1966, avant d’y lancer « Les Grosses têtes » en 1977 et d’en faire l’émission la plus écoutée de France.

« J’aimerais bien avoir celui-là (ce record, ndlr), parce que, je ne vous le cache pas, j’ai beaucoup aimé la radio, et la radio me l’a bien rendu », a ajouté le journaliste qui revient sur des moments ayant forgé sa carrière dans « Les portraits de Philippe Bouvard », le dimanche à 6h40 sur RTL.

Dans un communiqué, la radio du groupe M6 a salué sa figure emblématique et son « record mondial » de « l’animateur ayant fait le plus de saisons sur une station ».

Sa carrière a « révolutionné la radio », a estimé le président de RTL, Régis Ravanas, cité dans le communiqué. « Nous comprenons son choix, mais (…) Philippe sait qu’il appartient pour toujours à la famille RTL », a-t-il fait valoir.

Le directeur des programmes, Gauthier Hourcade, a quant à lui rendu hommage à un « pionnier érudit de l’humour sur les ondes » à l’« esprit vif, indépendant et impertinent ».

Après 37 ans à animer les « Grosses têtes », Philippe Bouvard avait laissé sa place à contrecoeur en 2014 à Laurent Ruquier, appelé pour rajeunir l’émission, qu’il n’a « jamais écoutée depuis », comme il l’expliquait en décembre à Var-Matin.

RTL lui avait ensuite confié « Allô Bouvard », diffusé le week-end jusqu’à l’été 2020.

Hyperactif

Philippe Bouvard a toujours été un hyperactif : 30.000 articles, 6000 émissions de télé, recensait-il début 2013 dans le quotidien Nice Matin avec lequel il a collaboré.

À la télévision, il a présenté de 1982 à 1987 « Le petit théâtre de Bouvard » sur Antenne 2, une émission de sketchs où s’essayent de jeunes comédiens dont plusieurs connaîtront le succès (Muriel Robin, Pascal Legitimus, Mimie Mathy, Chevallier et Laspalès…).

Né le 6 décembre 1929 à Coulommiers (Seine-et-Marne) d’un couple de petits commerçants, Philippe Bouvard entre au Figaro en 1952 comme garçon de courses, après un court passage par le Centre de formation des journalistes. Il grimpe les échelons, signe la chronique mondaine et devient directeur des services parisiens.

En 1973, il quitte le Figaro pour France Soir, où il occupera plusieurs fonctions hiérarchiques et signera pendant des années un billet publié en Une.

Il part en septembre 2003. Au cours de sa carrière, il sera également conseiller technique à L’Express et chroniqueur à Paris Match.

Humour gaulois

Il devient rédacteur en chef à RTL en 1968 et lance « Les Grosses têtes » le 1er avril 1977. Ses invités, des personnalités, doivent trouver les réponses à des « colles » posées par les auditeurs.

Au fil des mois, l’argument culturel laisse la place à l’humour gaulois et aux plaisanteries en-dessous de la ceinture. L’émission, quotidienne, rencontre un succès foudroyant.

« Même si je revendique une certaine complaisance dans le registre de la braguette, l’exercice est plus périlleux qu’il n’y paraît. En radio, un bon mot qui vient cinq secondes trop tard n’est plus un bon mot », déclare celui qui citait Coluche, Desproges et… Cioran comme ses humoristes préférés.

L’homme, au physique rond et jovial, brocarde le fisc, peste contre le mépris qu’il dit subir de la part de l’intelligentsia, et concède sur le tard être « peut-être un peu misogyne ».

« Je suis et je reste un Français moyen, râleur, chauvin, un rien xénophobe », déclare-t-il, tout en avouant parfois regretter de « s’être laissé engluer dans ce personnage », confiait-il au Parisien en 2022.

En 1996, il a été condamné pour provocation à la haine raciale suite à une devinette posée lors d’une émission télévisée des « Grosses têtes ».

En mai 2000, la nouvelle direction de la radio décide de rajeunir la station et le renvoie sans ménagement en le remplaçant par Christophe Dechavanne. L’audience s’effondre et l’animateur est rappelé quelques mois plus tard.

Philippe Bouvard tient depuis quatre ans une chronique dans le mensuel VSD et prépare un 70e livre, titré « La retraite ? Pas une fin de vie, mais le début d’une nouvelle existence », selon son interview à Var-Matin.

Passionné de jeux d’argent et d’écriture, Philippe Bouvard vit sur les hauteurs à Cannes, avec Colette, son épouse depuis plus de 70 ans.

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