Un homme dans un costume impeccable est assis sur le sol en avant scène et fredonne une chanson. Il fait briller le noir de ses chaussures pendant que le public s’installe.
Il est bientôt rejoint par huit hommes qui dévalent les marches du Théâtre Claude Lévy Strauss. Ils sont endimanchés et portent des gants à damiers. La salle commence déjà à vibrer.
Les guerriers zoulous arrivent en ville
Quelques cris stridents ponctuent le chant doux de ces hommes. Les voix viennent de loin qui portent leur chant en langue zouloue à travers le monde. Elles transportent les spectateurs au-delà des townships de Johannesburg où les anciens guerriers zoulous devaient renier leur identité, et se faire invisibles, chuchotant leurs chants et dansant à pas feutrés, eux qui jadis défiaient les lions, – balançant doucement ces bras qui brandissaient autrefois des épées et des lances pour affronter les Boers et l’armée britannique. Ces voix portent en elles la tristesse de l’opprimé et le vent rebelle qui souffle dans la savane et dans les montagnes du Dragon.
Isicathamiya, « marcher légèrement » sont les chants des Zoulous arrivés en ville.
« Au début du XXe siècle », explique, Nhlanhla Mahlangu le manager qui accompagne l’ensemble depuis 2008, « il y a eu une soi-disant découverte d’or en Afrique du Sud. Avec cette nouvelle ruée vers l’or on a fait appel aux habitants de la campagne. Les Zoulous se trouvaient parmi les nouveaux ouvriers arrivés en ville. Ils étaient logés dans des quartiers résidentiels dans des conditions terribles. Dans ces quartiers, il était interdit aux noirs de se regrouper, de faire du bruit et de chanter. Ils n’avaient pas le droit de chanter ou de danser leurs danses de guerriers. Les Zoulous qui regrettaient leurs maisons et leurs chants ont donc inventé une façon de garder leurs traditions tout en restant invisibles et inaudibles. Ils chantaient en chuchotant et dansaient en effleurant le sol ».
Les voix se mixent et se répondent
Un dixième homme vêtu d’un costume blanc, plus élégant encore que les autres, monte sur scène. « À l’époque il y avait aussi une loi qui interdisait aux noirs d’acheter des propriétés et des terres. Il ne leur restait qu’à imiter les blancs, et c’est la raison pour laquelle les chanteurs portent des costumes et des cravates. Il y avait une vraie compétition sur qui ressemblera le plus aux blancs ».
L’homme au costume blanc descend les marches tel un oiseau. Il chante et danse, se plie et se déplie, le chœur des hommes lui répond. Les voix se répondent en un dialogue.
Les chants Isicathamiya interprétés a capella sont en effet basés sur ces correspondances entre le groupe et l’individu.
Les choristes chantent en dansant et dansent en chantant. Les mouvements sont souples, fluides, agiles et harmonieux.
« Dans les danses africaines le corps et la voix ne sont jamais séparés », explique Nhlanhla Mahlangu. En effet il s’agit d’un chant très physique.
Dans les années 70 et 80 les chants Isicathamiya sont à l’apogée de leur popularité en Afrique. En 1986 Paul Simon, a convié le choeur Ladysmith Black Mambazo, pour l’enregistrement du légendaire album Graceland, donnant à ces chants traditionnels, une reconnaissance mondiale.
Phuphuma Love minus a été crée en 2002 à Ngabayela-Umsinga, situé dans la région du Kwazulu-Natal. « Minus sont les mineurs, Phuphuma et le nom de l’école primaire que les membres de l’ensemble ont fréquenté et Love parce que les mineurs de l’école primaire Phuphuma sont remplis d’amour », explique le manager de la compagnie.
En 2008 la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin découvre Phuphuma Love Minus et crée avec eux son spectacle Walking next to our shoes intoxicated by strawberries and cream we enter continents with out knocking.
Mais « les membres de la compagnie se connaissent depuis qu’ils ont 7 ans, donc c’est à eux que revient tout le crédit », ajoute Nhlanhla Mahlangu.
Un très beau spectacle pour toute la famille, touchant et harmonieux, apportant un air frais.
INFORMATIONS PRATIQUES
Représentations
Du samedi 25 mars au dimanche 2 avril 2017 – 6 représentations :
- Samedi 25 mars, 20h
- Dimanche 26 mars, 17h
- Jeudi 30 mars, 20h
- Vendredi 31 mars, 20h
- Samedi 1er avril, 20h
- Dimanche 2 avril, 17h
THÉÂTRE CLAUDE LÉVI-STRAUSS
Musée du Quai Branly
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