Ancien patron de Bercy, puis commissaire européen chargé de veiller au bon respect des règles budgétaires communes, Pierre Moscovici va prendre la tête de la Cour des comptes, un poste resté vacant depuis six mois, a annoncé l’Élysée samedi.
La présidence confirmait ainsi une information du Journal du Dimanche.
M. Moscovici, 62 ans, succède à Didier Migaud, parti en janvier présider la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).
L’ancien ministre socialiste avait pour sa part quitté à l’automne dernier son poste de commissaire européen aux Affaires économiques, une fonction dans laquelle il tançait régulièrement le gouvernement français pour ses efforts insuffisants en matière de réduction des déficits publics.
Une certaine impatience régnait à la Cour des comptes dans l’attente de cette nomination, qui sera actée mercredi en Conseil des ministres.
« Si cette nouvelle était confirmée, je serais bien évidemment très heureux et honoré de présider cette institution que je connais bien puisque j’y ai commencé ma vie professionnelle il y a maintenant 36 ans presque jour pour jour », a réagi M. Moscovici auprès de l’AFP.
C’est en effet son corps d’origine, qu’il avait intégré après l’ENA en 1984.
Homme aux multiples vies politiques, revendiquant un positionnement social-démocrate, M. Moscovici a été ministre délégué aux Affaires européennes de Lionel Jospin entre 1997 et 2002, puis ministre de l’économie et des Finances de Jean-Marc Ayrault sous le précédent quinquennat, entre 2012 et 2014, avant de rejoindre Bruxelles.
Son nom avait circulé pour occuper la présidence de la Cour ces derniers mois, comme ceux du président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale Eric Woerth (LR) ou celui de la ministre de la Justice Nicole Belloubet.
Mais la position de M. Moscovici avait semblé ébranlée après des propos peu amènes pour le président Macron, rapportés dans une enquête publiée par le journal Le Monde.
Il y avait qualifié le mouvement macroniste de « populiste mainstream », le président étant considéré comme une « personnalité extrêmement spéciale » entourée d’un personnel d’une « extraordinaire médiocrité ».
« Nous avons des relations de très bonne qualité (avec Emmanuel Macron) mais le critère qui doit prévaloir pour la présidence de la Cour des comptes, c’est l’indépendance », a souligné samedi M. Moscovici.
La Cour des comptes contrôle l’emploi des fonds publics et sanctionne les manquements à leur bon usage. Les magistrats de cette juridiction indépendante publient régulièrement des rapports détaillés, parfois très critiques.
La Cour est « plus que jamais utile », plaide Pierre Moscovici : « Le métier de la Cour c’est la qualité de la dépense publique, son efficacité. Plus que jamais dans cette période post-Covid dans laquelle nous entrons ce sera un métier utile ».
Elle doit « être aussi ouverte » et avec « une dimension européenne », ajoute-t-il.
« La cour doit être une institution de contrôle, c’est son rôle, elle doit aussi être de plus en plus une institution d’évaluation. Je crois qu’elle peut être un conseil des finances, des politiques publiques extrêmement utile à la fois à l’exécutif et au Parlement », affirme-t-il encore.
Une fois en poste, il succèdera à l’ex-député socialiste Didier Migaud, resté en poste depuis près de 10 ans, qui avait lui-même succédé en mars 2010 au gaulliste Philippe Séguin. M. Migaud avait été nommé par le président Nicolas Sarkozy.
Né le 16 septembre 1957 d’un père psychologue exilé de Roumanie et d’une mère psychanalyste d’origine polonaise, Pierre Moscovici a flirté dans sa jeunesse avec un mouvement trotskyste, la Ligue communiste révolutionnaire, avant de rejoindre en 1984 le Parti socialiste et son mentor, Dominique Strauss-Kahn.
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