Depuis Marseille, Emmanuel Macron a esquissé mardi les contours d’« une nouvelle école » qui viendrait « bousculer les idéologies de base », avec plus d’autonomie, pour les enfants dès deux ans, des horaires élargis au collège, et sans doute moins de vacances, pour tenter de réduire les inégalités.
Le président de la République, à Marseille pour l’acte II de son plan « Marseille en grand », imagine la deuxième ville de France comme le laboratoire de ses politiques publiques. Et il redoublait d’enthousiasme mardi matin devant les innovations pédagogiques lancées dans quelque 80 écoles marseillaises.
« Ça vient complètement bousculer les idéologies de base »
Doté d’une enveloppe de 2,5 millions d’euros, ce projet porté personnellement par le chef de l’État invite les écoles à plus d’autonomie en développant des projets thématiques avec la possibilité pour le directeur de participer au choix de son équipe.
Travail autour du « bien manger », sur le mobilier et l’organisation de la classe inspiré de Finlande, cours d’anglais même pour les parents : « On a inventé une nouvelle école. Pour moi, c’est encore plus important que les murs, c’était des blocages depuis des décennies », savourait Emmanuel Macron.
« Au début, si on se parle franchement, il y avait beaucoup de réticences, ça vient complètement bousculer les idéologies de base », a-t-il reconnu. Les réticences restent vives toutefois, puisqu’une grande majorité des 470 écoles de Marseille n’ont pas souhaité à ce stade s’engager dans ce dispositif. Nouvel argument pour le rejoindre : les écoles qui y participent pourront utiliser le Pass culture, réservé pour l’instant aux collèges-lycées.
« Mettre plus de moyens là où il y a plus d’inégalités »
Au-delà de ce laboratoire des écoles du futur qu’Emmanuel Macron voudrait voir étendu partout en France, il a insisté sur la nécessité de « mettre plus de moyens là où il y a plus d’inégalités » : « il faut plus d’autonomie. »
Désormais, M. Macron veut aussi « rouvrir » le débat sur le temps scolaire sur l’année, « une des autres grandes hypocrisies françaises » pour lui. « Quand on a des vacances de trois mois, l’inégalité revient », a-t-il insisté mardi matin.
Nouvelle annonce donc, après celles faites lundi soir, devant plus de 300 habitants et acteurs des quartiers Nord de Marseille. Dans ces quartiers sensibles, il veut dédoubler les classes dès la moyenne section de maternelle, élargir progressivement les horaires au collège jusqu’à 18h00, et offrir la possibilité d’entrer à l’école dès deux ans.
À ses côtés mardi matin, le maire divers-gauche de Marseille, Benoît Payan, opine : « La scolarisation le plus tôt possible est essentielle », comme ici, au-dessus de la Castellane, la cité de Zinedine Zidane, où l’école va être complètement réhabilitée, comme 187 autres dans la grande ville la plus pauvre de France.
Mais pour Caroline Chevé, secrétaire départementale de la FSU 13, majoritaire dans l’Éducation nationale, « le problème c’est que le président de la République assortit (son) engagement (pour ces travaux) de la volonté de faire de Marseille le laboratoire du néolibéralisme appliqué aux services publics et en particulier à l’école ».
« Le danger c’est qu’on n’ait plus affaire à une école de la République mais à des écoles complètement différentes en fonction des territoires », avec au final une « véritable rupture d’égalité des chances », s’inquiète Virginie Akliouat, secrétaire départementale de la FSU-SNUipp (premier degré).
Benoît Payan, lui, retient les investissements sans « équivalent dans le pays depuis 1945 pour les écoles » : « on aura terminé d’ici 2026 la rénovation et la reconstruction de 60 écoles », a-t-il promis.
Dans l’après-midi, Emmanuel Macron continuera son séjour – exceptionnellement long sur trois jours – dans la cité phocéenne avec une visite à l’hôpital d’instruction des armées de Lavéran avant un discours au Fort Saint-Jean sur la culture et la « place singulière de Marseille, véritable porte d’entrée de la Méditerranée », indique l’Élysée.
Transport, école, logement, développement économique, trafics de drogue : au total l’État a mis 5 milliards d’euros sur la table pour aider Marseille à rattraper ses innombrables retards.
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