En octobre dernier, lors d’une réunion à Pékin, le dirigeant chinois Xi Jinping a promis de sortir les plus pauvres Chinois de la pauvreté d’ici 2020. Ils sont 70 millions de personnes qui gagnent moins d’un dollar par jour.
Presqu’un an plus tard, ce plan ambitieux fait face à de nombreux problèmes. Un grand nombre des responsables du Parti communiste initialement chargés de cette mission dans les provinces en plus grand besoin d’assistance ont été accusés d’être corrompus, paresseux et incompétents.
Dans un reportage du 16 août dernier, le journal officiel China Youth Daily s’est référé à la situation dans le Yunnan, une province dans le sud-ouest de la Chine qui est en première ligne de la lutte de Xi Jinping contre la pauvreté.
Dans le Yunnan, près de 40 000 fonctionnaires du Parti ont été chargés de cette tâche. Ils étaient censées aider 4,7 millions de personnes dans plus de 4 000 « villages de pauvreté ». Cependant, selon China Youth Daily, à partir d’avril dernier, les autorités du Yunnan ont renvoyé 1 117 de ces fonctionnaires. Parmi les raisons de ces renvois, le journal mentionne « ne pas mettre tout leur cœur dans le travail » ou « ne faire que parler ».
Les plaintes courantes (et motifs de renvois) incluaient des absences imprévues au travail et des courtes périodes – moins de 50 jours – de travail pendant toute une saison. Les fonctionnaires démis de leur fonction ont été punis en étant privés de promotions ou soumis à une formation complémentaire. Dans d’autres cas ils ont été simplement limogés.
L’agence officielle Xinhua continue de parler des exploits des fonctionnaires modèles qui soutiennent activement les habitants locaux dans leur vie quotidienne – par exemple, d’un responsable de la municipalité de Chongqing qui aide les villageois dans l’élevage de chèvres et la plantation de noyers. Cependant, la campagne anti-corruption de Xi Jinping montre une image beaucoup moins flatteuse de la bureaucratie chinoise. On a découvert chez certains suspects des statues de Mao en or, des boîtes remplies de l’argent de la corruption et des camions chargés de richesses.
Le 8 août dernier, l’agence anti-corruption du Parti a rapporté que Luyi Sifu, ancien secrétaire du Parti d’un village de la province du Qinghai dans le nord-ouest de la Chine, avait transféré sur son propre compte 1,5 million de yuans (environ 200 000 euros) venant des subventions alimentaires accordées par le gouvernement. Luyi Sifu a été exclu du Parti.
Deux jours plus tôt, le 6 août 2016, la Commission centrale d’inspection de la discipline (CCID) a rapporté qu’au cours des six premiers mois de cette année, 182 fonctionnaires du Parti dans la province méridionale du Guangdong ont été sujets à des sanctions disciplinaires et 7 autres ont été poursuivis en justice pour des problèmes liés à leur travail dans le domaine de la lutte contre la pauvreté.
Dans un autre rapport publié en mars dernier, la CCID a offert aux habitants de la province centrale du Gansu deux permanences téléphoniques pour signaler les cas de corruption liés à la lutte contre la pauvreté dans cette province.
Dans leurs commentaires sur Sina Weibo, l’équivalent chinois de Twitter, de nombreux internautes expriment leurs doutes que les pauvres Chinois bénéficient de la campagne du régime de la lutte contre la pauvreté.
« Dans les villages chinois, ceux qui sont vraiment pauvres n’ont jamais la chance de soumettre leurs demandes [pour recevoir de l’aide] aux autorités », a écrit un internaute de la province du Zhejiang. « Des voyous et des membres de familles des fonctionnaires du Parti du village ont eu cette chance – ils ont été les ‘pauvres ‘ qui ont reçu de l’aide ».
« Cela montre que la politique du ‘détachement des fonctionnaires dans des villages’ n’est pas une bonne idée. Ceci est devenu une tâche superficielle », explique un internaute du Xinjiang dans l’ouest de la Chine. « Les fonctionnaires utilisent leur poste dans le village en tant qu’opportunité pour obtenir une promotion ».
Version anglaise : Over a Thousand Chinese Officials, Tasked With Fighting Poverty, Punished for Incompetence
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