Plus d’un million de signatures contre la loi Duplomb, l’Assemblée devra en débattre

Par Epoch Times avec AFP
21 juillet 2025 09:25 Mis à jour: 21 juillet 2025 09:25

La pétition contre la loi Duplomb a franchi dimanche la barre du million de signatures sur le site de l’Assemblée nationale, ravivant les querelles autour de ce texte très contesté qui pourrait se retrouver au coeur d’un débat inédit au Parlement à défaut d’être abrogé. 

Du jamais-vu : il est possible de déposer des pétitions sur le site du Palais Bourbon depuis 2019 mais une seule, contre la Brav-M, brigade de policiers motorisés de répression de l’action violente, avait jusqu’ici recueilli 260.000 signatures, très loin de celle-ci.

Cette pétition a été lancée par une étudiante le 10 juillet, deux jours après l’adoption du texte du sénateur Les Républicains (LR) Laurent Duplomb, qui autorise la réintroduction sous condition d’un pesticide interdit en France mais autorisé ailleurs en Europe.

À partir du seuil des 500.000 signatures, atteint samedi, et à condition qu’elles soient issues d’au moins 30 départements ou collectivités d’outre-mer, la Conférence des présidents de l’Assemblée nationale peut décider d’organiser un débat en séance publique. Mais la loi ne sera pas réexaminée sur le fond et encore moins abrogée.

La présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet s’est dite dimanche sur franceinfo « favorable » à cette hypothèse. Mais, ce débat « ne pourra en aucun cas revenir sur la loi votée » qui va, selon elle, « sauver un certain nombre de nos agriculteurs ».

Éléonore Pattery, étudiante de 23 ans à l’origine de la pétition, ne souhaite pas répondre aux sollicitations médiatiques, estimant sur le réseau social Linkedln que « les voix qui s’élèvent partout dans le pays (la) représentent déjà très bien ». Elle a été abondamment relayée sur les réseaux sociaux et quelque 500.000 personnes supplémentaires l’ont signé en 24 heures, entre samedi et dimanche.

Les opposants et partisans ont de nouveau exprimé leurs désaccords

Opposants et partisans de la loi, qui s’étaient fortement mobilisés pendant son examen, ont exprimé de nouveau dimanche leurs désaccords.

Le député LFI Ugo Bernalicis a appelé « solennellement » l’exécutif « à entendre la voix du peuple qui refuse le passage en force » et à « renoncer à promulguer cette loi ».

Marine Tondelier, patronne des Écologistes, a demandé une « deuxième délibération » au Parlement, comme peut le décider le président Emmanuel Macron, ce qui retarderait sa promulgation, et souhaité « battre le record » des deux millions de signatures recueillies en 2019 en soutien à L’Affaire du siècle, un collectif d’ONG qui poursuit en justice des États pour leur inaction climatique.

« Cette pétition historique est le symptôme d’un raz-de-marée de la population devant les reculs répétés du gouvernement en matière d’environnement », a encore commenté Générations Futures. Contacté par l’AFP, le ministère de l’Agriculture n’a pas souhaité réagir.

Un débat pourrait « au moins mettre en évidence les positionnements des députés » sur leur vote, a affirmé à l’AFP Emilie Deligny, secrétaire générale de la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole, en soulignant « l’enjeu de santé publique » du pesticide contesté.

À l’inverse, Arnaud Rousseau, le patron de la FNSEA, premier syndicat agricole, très favorable à la loi Duplomb, estime que l’agriculture française « disparaîtra » si on lui impose « des normes supérieures » à celles de ses voisins.

« Interdire toutes les importations qui auraient eu recours à ce produit »

Son homologue de la Coordination rurale, 2e syndicat, Véronique Le Floc’h suggère, « si les gens ne veulent pas » du pesticide, « d’interdire toutes les importations qui auraient eu recours à ce produit ».

Adoptée le 8 juillet au Parlement, la loi Duplomb prévoit notamment la réintroduction à titre dérogatoire et sous conditions de l’acétamipride, pesticide de la famille des néonicotinoïdes, interdit en France mais autorisé en Europe.

Ce produit est réclamé par les producteurs de betteraves ou de noisettes, qui estiment n’avoir aucune alternative contre les ravageurs et subir une concurrence déloyale.

A contrario, les apiculteurs mettent en garde contre « un tueur d’abeilles ». Ses effets sur l’humain sont aussi source de préoccupations, même si les risques restent incertains, faute d’études d’ampleur.

La pétition réclame également « la révision démocratique » des conditions de l’adoption de la loi, qui a connu un parcours expéditif avec une motion de rejet préalable, déposée par son rapporteur Julien Dive (LR) pourtant favorable au texte. Le député l’avait justifié en dénonçant « l’obstruction » de la gauche, qui avait déposé plusieurs milliers d’amendements.

L’absence de réel débat dans l’hémicycle est un des arguments avancés par les députés de gauche qui ont déposé un recours le 11 juillet devant le Conseil constitutionnel, espérant sa censure pour vice de procédure.

La possibilité de déposer des pétitions sur le site de l’Assemblée est un exemple de « démocratie participative qui pourrait faire bouger des lignes », estime la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina. Cela « met une pression politique » sur les députés, abonde son collègue Benjamin Morel.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.