La Confédération paysanne, syndicat minoritaire dans la profession agricole, a jugé vendredi « impératif » d’interdire l’herbicide S-métolachlore, conformément aux intentions de l’agence sanitaire Anses que le ministère de l’Agriculture estime précipitées.
« L’interdiction d’utiliser les herbicides à base de S-métolachlore est impérative. Prolonger l’utilisation de cette molécule servant une agriculture mortifère est irresponsable », écrit l’organisation dans un communiqué. L’Anses avait annoncé le 15 février sa volonté d’interdire les principaux usages de cet herbicide très utilisé en France, commercialisé par Syngenta, dont les dérivés chimiques (métabolites) ont été détectés au-delà des limites autorisées dans des eaux souterraines.
Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a toutefois fait savoir, le 30 mars lors du congrès du syndicat majoritaire FNSEA, qu’il avait demandé à l’Anses « une réévaluation de sa décision », qui priverait les agriculteurs français de ce désherbant avant que l’interdiction soit généralisée dans l’ensemble de l’Union européenne. Il a par la suite publié sur Twitter son courrier à l’agence. Il y écrivait qu’une décision d’interdiction de la Commission européenne pourrait ne pas intervenir avant novembre 2024, soit « jusqu’à deux ans après la fin de l’utilisation au niveau français », jugeant un tel décalage « peu compréhensible ».
« La remise en cause de l’arrêt du S-métolachlore est symptomatique de l’irresponsabilité du gouvernement sur les pesticides », déplore la Confédération paysanne. Dans ce contexte, l’Anses a publié jeudi un rapport pointant la persistance dans l’environnement de traces de pesticides même longtemps après la fin de leur utilisation.
Des résidus d’un fongicide retrouvés dans l’eau potable
Les scientifiques de l’agence ont relevé que les résidus d’un fongicide (le chlorothalonil, aussi commercialisé par Syngenta), interdit en France depuis 2020, étaient fréquemment retrouvés dans l’eau potable. Les niveaux mesurés, bien que « non-conformes » à la réglementation, ne présentent « pas de risque sanitaire », ont réagi vendredi les ministères de la Transition écologique et de l’Agriculture auprès de la presse.
Ils ont toutefois aussi souligné que « le travail scientifique mené par l’Anses » invitait « les acteurs concernés à se préparer le plus tôt possible à la sortie de l’usage des pesticides ».
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