Selon un nouveau rapport de Freedom House, la Chine « reste le pays qui bafoue le plus la liberté sur la toile » pour la neuvième année consécutive, alors que le régime communiste s’efforce de déployer des technologies reposant sur l’intelligence artificielle (IA) afin d’exercer un contrôle accru sur les informations mises à la disposition de ses citoyens.
L’organisation à but non lucratif basée à Washington a publié le 4 octobre un rapport intitulé « Liberté sur le Net 2023 : Le pouvoir répressif de l’intelligence artificielle ». La Chine a obtenu un score de 9 sur 100, se classant ainsi au bas de la liste des libertés sur l’internet.
Le rapport donne une image globale de la liberté sur Internet dans 70 pays du monde, représentant 89% des utilisateurs du Web sur la planète.
Les résultats ont été obtenus à partir de questions multiples portant sur trois catégories principales, à savoir les obstacles à l’accès, les limitations de contenu et les violations des droits des utilisateurs, pour déterminer le score de chaque pays sur une échelle de 100 points.
Les pays qui ont enregistré un score compris entre 70 et 100 points sont classés comme « libres », de 40 à 69 points comme « partiellement libres », et de 0 à 39 points comme « non libres ».
Contrairement à la Chine, Taïwan occupe la première place de la liste dans la région Asie-Pacifique avec 78 points.
Le rapport note que la liberté sur Internet s’est détériorée dans le monde pendant 13 années consécutives, mettant en évidence la répression exercée par les gouvernements autoritaires.
En outre, le rapport indique que la Chine « reste le pire environnement au monde pour la liberté sur Internet », car la liberté d’expression continue d’être réprimée dans ce pays. Il cite l’exemple de Xu Zhiyong, un éminent militant civique et blogueur condamné à 14 ans de prison en avril 2023.
Malgré la répression exercée par les autorités chinoises, Freedom House a noté que le peuple chinois avait fait preuve de résilience en protestant contre les mesures strictes de confinement adoptées par Pékin face au Covid-19, déclenchant des manifestations dans tout le pays et obligeant l’administration chinoise à abandonner la politique du Covid zéro en décembre 2022.
En outre, le rapport souligne la tendance actuelle des gouvernements à exploiter l’IA pour renforcer la censure, car cette technologie leur permet de renforcer et d’affiner la censure en ligne.
Selon le rapport, les gouvernements autoritaires comme le Parti communiste chinois (PCC) sont conscients du risque que représentent les applications d’IA telles que ChatGPT, qui permettent aux utilisateurs de contourner leur censure, car ces systèmes sont formés à partir d’informations sur l’internet mondial.
Le PCC exige des entreprises liées à l’IA qu’elles mettent en œuvre un contrôle des contenus et qu’elles promeuvent les « valeurs socialistes fondamentales », indique le rapport.
En outre, « des chatbots produits par des entreprises basées en Chine ont refusé de répondre à des demandes formulées par des utilisateurs sur des sujets sensibles comme la place Tiananmen ».
« L’Administration chinoise du cyberespace (CAC), un puissant organe de régulation, s’est lancée depuis des années dans un effort visant à intégrer les objectifs de censure imposés par le PCC par des algorithmes de recommandation de contenu, des médias synthétiques et des outils d’IA générative », indique le rapport.
Campagne de désinformation, Censure
Selon un rapport du Centre d’engagement mondial du département d’État américain publié le 28 septembre, la Chine dépense chaque année des milliards de dollars pour promouvoir la désinformation et sa propagande dans le monde entier.
Les efforts déployés par la Chine pour manipuler l’information consistent notamment à « tirer parti de la propagande et de la censure, pour promouvoir l’autoritarisme numérique ». Pékin finance le département du Travail du Front uni (UFWD : United Front Work Department), une unité clé du PCC chargée de mener des campagnes de désinformation à l’étranger.
Le Centre d’engagement mondial a noté que « l’accès aux données mondiales combiné aux derniers développements de l’intelligence artificielle permettrait à la RPC [République populaire de Chine] de cibler chirurgicalement les publics étrangers et donc peut-être d’influencer les décisions économiques et relatives à la sécurité en sa faveur ».
En août, Facebook a révélé avoir détecté une campagne de propagande en ligne tentaculaire présentant un agenda pro-chinois et a supprimé 7704 comptes Facebook et 954 pages associées à cette campagne. Cette campagne s’étendait sur plus de 50 sites web, ce qui en faisait une importante opération d’influence secrète multiplateforme.
Facebook a indiqué dans son rapport que la campagne de Pékin « semble être la plus grande opération d’influence secrète multiplateforme connue dans le monde ».
Cette campagne est menée depuis des années. Les chercheurs appellent ces activités le « spamouflage », qui implique des efforts coordonnés pour publier des images, des vidéos, des commentaires et des fichiers audio pro-Chine.
Le rapport a noté que « ce réseau est né en Chine et a ciblé de nombreuses régions du monde, notamment Taïwan, les États-Unis, l’Australie, le Royaume-Uni, le Japon et le public international de langue chinoise ».
En 2018, un rapport de Citizen Lab, organisme canadien de surveillance numérique, a révélé que WeChat, l’application de messagerie instantanée la plus populaire en Chine avec plus de 800 millions d’utilisateurs actifs dans le pays, utilise des algorithmes visuels permettant de filtrer les images contenant des phrases inscrites sur une liste noire et portant sur des questions jugées sensibles par le PCC.
Les autorités chinoises bloquent des sites web américains populaires comme Facebook, X (anciennement Twitter) et YouTube, entre autres. Mais depuis des années, les internautes chinois contournent les restrictions imposées par Pékin en utilisant un réseau privé virtuel (VPN) pour accéder à ces sites bloqués via des applications pour iPhone.
Mais cette petite liberté est désormais menacée, car le PCC souhaite exercer un contrôle accru sur ces applications en les obligeant à s’enregistrer auprès des autorités.
Le 29 septembre, le Wall Street Journal a rapporté qu’Apple était en pourparlers avec les autorités chinoises au sujet d’une nouvelle réglementation interdisant les applications étrangères non enregistrées. Cette mesure pourrait pousser le géant de la technologie à retirer les applications étrangères de son magasin d’applications en Chine.
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