« Pour que l’Histoire ne nous oublie pas » : le monde commémore les 80 ans de la libération d’Auschwitz

Par Epoch Times avec AFP
27 janvier 2025 14:50 Mis à jour: 27 janvier 2025 15:01

Quatre-vingts ans après, le monde commémore lundi la libération d’Auschwitz-Birkenau où des cérémonies sur le site de cet ancien camp nazi allemand, réunissent une cinquantaine de rescapés.

Lundi matin, d’anciens détenus, accompagné par le président polonais Andrzej Duda, ont déposé des fleurs devant le Mur de la mort de ce camp, où étaient fusillés les détenus. Certains portaient des écharpes à rayures bleues et blanches symbolisant leurs anciens uniformes de prisonniers. Au pied du mur, ils ont allumé des bougies à la mémoire des morts, puis touché le mur avec une main, en silence.

Plus tard dans la journée, les rescapés vont prendre part à la cérémonie principale, aux côtés de dizaines de dirigeants.

L’historien polonais Marian Turski, président du Comité international d’Auschwitz au Musée de l’histoire des Juifs polonais de Varsovie, le 17 janvier 2024 au palais présidentiel Bellevue à Berlin. (JOHN MACDOUGALL/AFP via Getty Images)

Selon les organisateurs, la cérémonie « se concentrera sur les survivants et leurs message », et quatre d’entre eux – Marian Turski, Tova Friedman, Leon Weintraub et Janina Iwanska – prendront la parole lors de la cérémonie principale. Dans un entretien à l’AFP au début du mois, cette dernière, âgée de 94 ans, se rappelait de son arrivée à Auschwitz : « je suis descendue du train et j’ai vu les fosses où les corps humains étaient brûlés car les fours crématoires n’arrivaient pas à suivre. »

« Quand je suis revenu de déportation, je pesais 28-30 kilos… », a expliqué de son côté lundi matin lors d’un échange avec des lycéens en France Léon Placek, 91 ans, rescapé du camp de Bergen-Belsen où il a été déporté à l’âge de 10 ans avec sa mère et son frère.

Malgré la présence importante des délégations internationales à Auschwitz, « il n’y aura pas de discours d’hommes politiques », a souligné à l’AFP le porte-parole du musée de l’ex camp nazi Pawel Sawicki, selon qui, il pourrait s’agir du dernier grand anniversaire réunissant un groupe important de survivants.

54 délégations internationales présentes

Le roi Charles III et le Président Emmanuel Macron, ainsi que le chancelier et le président allemands, Olaf Scholz et Frank-Walter Steinmeier prendront également part à la cérémonie qui se déroulera sous la porte d’entrée de Birkenau à 16h00 locales (15h00 GMT) et qui doit réunir 54 délégations internationales.

Israël sera représenté par son ministre de l’Éducation Yoav Kisch, alors que l’Ukraine par le Président Volodymyr Zelensky, qui est arrivé en Pologne dans la matinée, et dont la visite n’avait pas été annoncée. Plus tôt dans la matinée, M. Zelensky, lui-même d’origine juive, a appelé le monde à « empêcher le mal de gagner », dans une allusion claire à la Russie.

L’entrée de l’ancien camp de concentration nazi d’Auschwitz-Birkenau. (JOEL SAGET/AFP via Getty Images)

Auschwitz-Birkenau est devenu le symbole du génocide perpétré par l’Allemagne nazie sur six millions de Juifs européens, dont un million sont morts sur le site entre 1940 et 1945, ainsi que plus de 100.000 non-Juifs. Avant ce 80e anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau, une quarantaine de survivants des camps nazis ont accepté de parler à l’AFP.

Dans 15 pays, d’Israël à la Pologne, de la Russie à l’Argentine, du Canada à l’Afrique du Sud, ils ont raconté leur histoire et posé pour une photo, seuls ou entourés de leurs enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, preuve de leur victoire sur le mal absolu. Ils ont mis en garde contre la montée de la haine et de l’antisémitisme dans le monde et ont partagé leurs craintes de voir l’Histoire se répéter.

« Tant que je pourrai le faire, je le ferai »

Julia Wallach, une Parisienne presque centenaire, qui a survécu deux ans à Birkenau où un nazi l’a fait descendre in extremis d’un camion à destination d’une chambre à gaz a décidé de continuer à témoigner. « Tant que je pourrai le faire, je le ferai », insiste-t-elle. À ses côtés, sa petite-fille Frankie se demande : « Quand elle ne sera plus là, est-ce qu’on voudra nous croire, nous, quand on en parlera ? »

C’est pourquoi Esther Senot, 97 ans, s’est rendue à Birkenau le mois dernier accompagnant des lycéens français. C’est une promesse qu’elle a faite en 1944 à sa sœur Fanny, mourante, qui, allongée sur la paille et crachant du sang, lui avait demandé dans son dernier souffle de raconter ce qui est arrivé « pour que l’Histoire ne nous oublie pas ».

Le camp a été créé en 1940 dans des baraquements d’Oswiecim, dans le sud de la Pologne occupée, dont le nom a été germanisé en Auschwitz par les nazis. Les 728 premiers prisonniers politiques polonais y sont arrivés le 14 juin de cette année-là.

La Polonaise Janina Iwanska, 94 ans, survivante des camps de concentration, née à Varsovie le 12 juin 1930, tient une photo d’elle et d’un groupe d’autres filles rentrant chez elles après la Seconde Guerre mondiale, à son domicile de Varsovie en Pologne, le 8 janvier 2025. (WOJTEK RADWANSKI/AFP via Getty Images)

7000 survivants

Du 21 au 26 janvier, les Allemands font sauter les chambres à gaz et les fours crématoires de Birkenau et se retirent. Le 27 janvier, les troupes soviétiques arrivent et retrouvent 7000 survivants. Le jour de la libération du camp a été proclamé par les Nations unies Journée de commémoration de l’Holocauste.

Jusqu’à l’invasion de l’Ukraine en 2022, une délégation russe avait toujours assisté aux cérémonies anniversaires, mais depuis trois ans elle n’y est plus invitée, décision des organisateurs vivement critiquée par Moscou.

Lundi, le Président russe Vladimir Poutine a rendu hommage aux soldats soviétiques qui ont vaincu un « mal terrible et total » en libérant le camp d’Auschwitz, dans un message publié par le Kremlin. Le Président Emmanuel Macron de son côté a promis lundi matin à Paris que son pays ne cèderait « rien face à l’antisémitisme sous toutes ses formes ».

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