Pourquoi personne ne semble se soucier du fait que les djihadistes s’en prennent à d’autres religions ?
Au Canada et ailleurs en Occident, nous vivons actuellement dans une société laïque, où l’Église et l’État sont séparés.
En général, l’Occident est issu d’une culture essentiellement chrétienne et certaines nations – je pense surtout aux États-Unis – sont encore ouvertement attachées aux principes chrétiens. Pourtant, principalement grâce à l’immigration, nous avons constaté une augmentation du nombre d’adeptes d’autres croyances. Bien qu’il y ait des exceptions, nous semblons tous nous entendre. Cette situation est conforme à l’idée d’une « société post-religieuse » où les citoyens ne voient aucun inconvénient à ce que quiconque suive son propre culte (à condition de ne pas interférer avec les actions et les libertés des autres).
Mais plus récemment, et surtout depuis le début de la guerre d’Israël à Gaza, au lendemain de l’attaque terroriste barbare perpétrée par le Hamas dans le sud d’Israël en octobre dernier, nous entendons constamment parler d’une montée de la haine religieuse. Les deux accusations les plus courantes sont l’antisémitisme et l’islamophobie. Dans la tradition canadienne, les autorités s’empressent de condamner les deux (ce qui est une bonne chose), même si je soupçonne que les actes dirigés contre les juifs (menaces et violences) sont bien plus nombreux que ceux qui touchent les musulmans (en toute honnêteté, je n’ai pas vu de statistiques précises à ce sujet).
Pourtant, on observe un silence inquiétant lorsqu’il s’agit pour la communauté de rejeter et de dénoncer des groupes qui menacent clairement les personnes d’une autre confession et qui jurent de les tuer. Daech en est un bon exemple. Plusieurs de ses « provinces » africaines attaquent régulièrement des chrétiens et s’en vantent sur leurs publications en ligne. Récemment, le groupe terroriste a assuré avoir attaqué des villages chrétiens en République démocratique du Congo et au Mozambique, brûlé des églises, des écoles et des maisons, et tué des civils.
Daech-Khorasan, la branche la plus meurtrière de ces derniers temps, a déclaré à ses partisans, en janvier de cette année : « Lions de l’islam, pourchassez vos proies, qu’elles soient juives, chrétiennes ou leurs alliés, dans les rues et les routes de l’Amérique, de l’Europe et du monde. »
Ces actions ne sont évidemment pas nouvelles. Sous son prétendu califat, Daech a systématiquement tué les hommes yézidis et violé/esclavagisé les femmes yézidies, après avoir qualifié cette communauté ethno-religieuse d’« adorateurs du diable ». Le Hamas, une entité terroriste répertoriée au Canada, appelle dans son pacte fondateur à la destruction d’Israël et même au meurtre des Juifs (il cite des sources religieuses pour justifier ce projet). Un peu à l’écart de la conviction de certains que le Hamas est un mouvement de résistance héroïque, non ?
Je ne comprends pas deux choses. Premièrement, pourquoi ces intentions terroristes semblent passer inaperçues. Même lorsque je travaillais comme analyste du terrorisme au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) dans les années 2000 et 2010, des organisations comme Daech et Al-Qaïda étaient très douées pour la propagande (deux des publications les plus populaires étaient Inspire et Dabiq) où elles faisaient étalage de leurs succès, citaient des textes religieux pour justifier leur violence, encourageaient les autres à « rejoindre la caravane » et cherchaient à instiller la peur chez le reste d’entre nous. Ces informations et les plans explicites de ces groupes sont accessibles au public : il n’est pas nécessaire d’être un professionnel du renseignement pour y accéder. Je soupçonne que deux des raisons pour lesquelles on n’en parle pas assez sont un sentiment de lassitude après le 11 septembre (plus de deux décennies de la mal nommée « guerre contre le terrorisme ») et le sentiment que le fait de dire ce qui se passe constitue du « racisme ».
Deuxièmement, la conviction que cette forme de terrorisme a été éclipsée par d’autres variantes, à savoir les différents groupes d’extrême-droite. Cette conviction est mystifiante, car les statistiques, elles aussi accessibles au public, montrent une image très différente. Des études bien documentées, comme l’indice annuel du terrorisme mondial, démontrent catégoriquement que la violence jihadiste domine les vagues de terrorisme, comme elle l’a fait pendant les quatre dernières décennies. S’il est vrai que l’extrême droite suscite une inquiétude croissante, elle a encore un long chemin à parcourir avant d’atteindre le nombre de morts et de destructions perpétrées par les terroristes islamistes.
Le débat sur les mesures à prendre face au terrorisme doit se fonder sur des données fiables, et non sur des sentiments ou des soupçons. Le fait que les djihadistes cherchent à anéantir tous ceux qui ne partagent pas leur vision religieuse du monde – chrétiens, juifs, yézidis, hindous et, oui, d’autres musulmans – est une réalité. Il faut le reconnaître avant de pouvoir avancer. Se plaindre d’insultes islamophobes apparaît bien dérisoire comparé à une décapitation, en règle générale d’un chrétien ou d’un juif.
Nous devons être honnêtes lors de nos comparaisons et ne pas céder à des stéréotypes communs et inexacts. Nous devons appeler les choses par leur nom : le terrorisme islamiste.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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