Le 14 février, lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, le vice-président américain JD Vance a prononcé un discours critiquant les dirigeants européens pour leur recul par rapport aux valeurs fondamentales partagées par les démocraties occidentales, notamment en ce qui concerne la liberté d’expression et les politiques d’immigration.
Comme exemples, il a mentionné les lois progressistes scandaleuses de la Grande-Bretagne en matière d’avortement, l’annulation inattendue des résultats d’une élection en Roumanie et la politique dangereusement laxiste de l’Europe en matière d’immigration, principalement en provenance des pays de l’islam radical. Il a laissé entendre que ces capitulations internes dans le domaine de la démocratie constituaient la principale menace pour l’Europe, plutôt que les défis extérieurs tels que ceux provenant de la Russie et de la Chine.
Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a vivement réagi aux propos de M. Vance, les qualifiant d’« inacceptables ». Il a souligné que la comparaison faite par le vice-président américain entre certaines parties de l’Europe et des régimes autoritaires était inappropriée, affirmant que de telles déclarations portaient atteinte à la démocratie européenne.
Le discours de M. Vance a été accueilli par un silence, alors que de nombreuses personnes dans le public ont applaudi lorsque M. Pistorius a pris la parole. Cette réaction bien différente s’est reflétée dans les attitudes exprimées par la plupart des médias européens par la suite, qui, à leur tour, peuvent être considérées comme le reflet de celles de la grande majorité des habitants de l’Europe.
En clair, l’Europe n’aime pas le président américain Donald Trump ni son vice-président. Il y a bien sûr de nombreuses raisons à cela, comme les différences de préoccupations géopolitiques, de visions culturelles, d’idéologie dominante, de manière de conduite personnelle, etc. Cependant, une raison économique évidente est souvent délibérément négligée par les médias européens : l’insistance de Trump pour que les États membres de l’OTAN dépensent davantage sur leur défense, ce qui est suffisamment dommageable pour faire exploser l’État-providence européen.
Pour s’en rendre compte, prenons l’exemple de l’Allemagne et faisons quelques calculs simples. Tous les chiffres sont arrondis et se réfèrent à l’année 2022.
Cette année-là, 9,6 millions (11,6 %) des 83 millions d’Allemands étaient considérés comme « pauvres ». L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) définit la pauvreté comme le fait d’avoir un revenu annuel par ménage égal à moins de 60 % du revenu moyen. En Allemagne, le revenu moyen des ménages était de 22.000 euros, et 60 % de ce montant correspondait à 13.200 euros. Parmi les « pauvres », le revenu moyen était de 11.880 euros.
Ainsi, pour assurer qu’un Allemand « pauvre » moyen puisse atteindre le seuil lui permettant de sortir de la « pauvreté », une subvention de 1320 euros était nécessaire (13.200 – 11.880 euros = 1320 euros).
Le montant total nécessaire pour sortir les 9,6 millions d’Allemands de la pauvreté aurait été de 12,67 milliards d’euros. Le PIB de l’Allemagne s’élevant à 4800 milliards d’euros, 12,67 milliards d’euros ne représentaient que 0,26 % de son PIB.
Le budget 2022 de l’État allemand représentait 49,1 % de son PIB, donc 0,26 % n’était qu’une bagatelle, n’est-ce pas ? Pas si vite.
Même un pays riche comme l’Allemagne a éprouvé des difficultés insurmontables à dépenser un peu plus pour éradiquer la « pauvreté » – la honte et le péché capital de tout État-providence. En effet, le budget d’un pays démocratique est toujours un point d’équilibre serré entre des myriades d’intérêts conflictuels, et les voies menant à un équilibre ne sont pas faciles à passer. Même 0,1 % du PIB – soit environ 5 milliards d’euros – à dépenser d’une manière ou d’une autre entraînerait des batailles parlementaires énormes et compliquées, menées bec et ongles par les parties prenantes et leurs lobbyistes.
Et voilà qu’arrive M. Trump qui veut que l’Allemagne consacre 5 % de son PIB à la défense, soit 3,5 points de pourcentage de plus que son niveau de 2022. Que faudrait-il faire si cela devait se produire ? Si le pays réduisait toutes les allocations de chômage (1,1 % du PIB), supprimait tous les fonds destinés à l’enseignement supérieur (1,1 % également), annulait toutes les dépenses liées à l’ordre et à la sécurité publics (police, pompiers, forces de l’ordre, contrôle des frontières, services d’urgence et fonctions judiciaires) – 0,8 % -, et réduisait toutes les dépenses liées à la protection de l’environnement et aux subventions à l’énergie (0,5 %), alors ces réductions s’élèveraient à 3,5 % du PIB.
Vu sous un autre angle, on peut dire la chose suivante : bien avant que Donald Trump ne soit élu pour son premier terme présidentiel en 2016, une bonne partie de l’État-providence allemand avait été subventionnée par les États-Unis sous la forme d’un parapluie de sécurité fourni à l’Allemagne et à d’autres pays européens. Cette protection sécuritaire a permis à l’Allemagne de ne dépenser que de 1 à 1,5 % du PIB pour la défense, tout en permettant aux Allemands d’avoir de nombreuses allocations sociales, de subventions communautaires, de subventions pour les énergies « vertes », etc.
En même temps, cela a permis de répondre aux besoins des 1,2 million d’immigrants qu’Angela Merkel, alors chancelière de l’Allemagne, a acceptés en 2015 en déclarant : « Wir schaffen das ! » (Nous y arriverons !) Si ce parapluie de sécurité est retiré, l’État-providence allemand sera immédiatement confronté à un tsunami et à un tremblement de terre. Il en va de même pour tous les autres pays d’Europe.
Pour les Européens – ou du moins leurs politiciens et hauts fonctionnaires qui comprennent les fondements d’un budget – la demande de Donald Trump de dépenser plus pour la défense était comme s’il leur disait : « Oubliez votre État-providence ! » Face à ce danger systémique, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi les Européens le détestent tant. Et ils peuvent aussi penser être bien justifiés – l’oncle Sam ne devrait pas être si méchant !
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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