Les prélèvements d’organes forcés sur les pratiquants de Falun Gong doivent être au centre des discussions sur les droits de l’homme avec la Chine

Par Hanna Ng et David Zhang
5 juillet 2022 19:08 Mis à jour: 5 juillet 2022 19:08

Le 20 juillet marque la 23e année de la persécution du Falun Gong par le régime chinois, une discipline spirituelle comportant des exercices de méditation et des enseignements moraux.

Le Falun Gong a connu une popularité croissante dans les années 1990, on dénombrait près de 100 millions de pratiquants en Chine à la fin de la décennie. Percevant cette pratique comme une menace, le régime chinois a lancé en 1999 une campagne nationale visant à l’éradiquer.

Depuis, des millions de pratiquants de Falun Gong ont été incarcérés dans des prisons et centres de détention dans tout le pays. Ils sont soumis à la torture et au prélèvement forcé d’organes.

Le prélèvement forcé d’organes sur les pratiquants de Falun Gong devrait être au centre des débats lorsqu’on aborde les questions de droits de l’homme avec la Chine. C’est ce qu’ont rappelé les observateurs du Sommet international sur la liberté religieuse 2022 (IRF Summit 2022) à Washington du 28 au 30 juin.

« Nous devons nous concentrer sur cette question, avant tout, c’est un des crimes les plus effroyables que l’on puisse imaginer », a indiqué Katrina Lantos Swett, ancienne présidente du Comité américain pour la liberté religieuse internationale (USCIRF), pour l’émission China Insider de NTD.

« Mais c’est aussi très concret. Les gens, lorsqu’ils en entendent parler, sont choqués et révulsés », ajoute Mme Swett.

Selon Mme Swett, en entendant parler de ce crime macabre, les gens prennent conscience que « leurs facultés de médecine, leurs hôpitaux sont peut‑être indirectement complices, parce qu’ils forment des praticiens chinois et qu’ils participent à divers programmes avec eux ».

« Cela va peut-être pousser les gens à être plus indignés quant aux questions morales () et à se concentrer davantage sur l’ensemble des abus commis en Chine. »

Lors du Sommet, Lord David Alton a également qualifié cette pratique de scandaleuse. Il a signalé qu’il travaillait, avec une équipe interpartisane, à l’élaboration d’une législation prévoyant des sanctions plus lourdes pour toute personne impliquée dans le prélèvement forcé d’organes.

« Cela dissuadera les gens du Royaume‑Uni de voyager pour effectuer des transplantations d’organes », a‑t‑il déclaré.

Katrina Lantos Swett, vice-présidente de la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale, lors d’une audience de la Commission des droits de l’homme Tom Lantos sur « le sort des minorités religieuses en Inde » au Capitole des États-Unis, le 4 avril 2014. (Nicholas Kamm/AFP via Getty Images)

Un problème interne à la Chine ?

Mme Swett rejette la rhétorique du régime chinois selon laquelle les questions relatives aux droits de l’homme constituent une question interne. Selon ce schéma, aucun pays étranger n’est autorisé à intervenir.

Sur la base des principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations unies, Mme Swett déclare : « Aucun pays ne peut dire au reste du monde que la façon dont il traite ou maltraite ses propres citoyens ne nous regarde pas. »

« Les droits de leurs citoyens relèvent du droit international, pas du droit chinois. »

Pour Mme Swett, Pékin trouve des excuses « parce qu’il n’apprécie pas que ses méfaits soient exhibés devant le monde entier ».

« Et ils se donnent beaucoup de mal pour faire pression et intimider les autres pour qu’on ne parlent pas de ce qu’ils font. Mais le fait même qu’ils soient si susceptibles, si défensifs et si hostiles à tout effort pour dire la vérité nous indique qu’ils sont quelque peu effrayés que le monde sache la vérité. »

Mary Beth Long, ancienne secrétaire adjointe à la défense des États‑Unis pour les affaires de sécurité internationale, a repris les arguments de Mme Swett.

« La façon dont la Chine traite les droits de l’homme a des implications en matière de sécurité pour nous tous », a‑t‑elle déclaré.

« Ces lignes artificielles interne-externe, en tant qu’êtres humains, nous ne pouvons pas les accepter, pas lorsqu’il s’agit de nos droits humains fondamentaux, comme la liberté religieuse », a‑t‑elle ajouté.

La secrétaire adjointe principale à la Défense pour les Affaires de sécurité internationale, Mary Beth Long (au c.), à Washington, le 28 juin 2006. (Joshua Roberts/Getty Images)

Appel à l’action

Mme Swett a également exhorté les dirigeants du monde entier à prendre des mesures contre tout abus sur les droits de l’homme en général, et en particulier contre la persécution des pratiquants de Falun Gong en Chine.

« Il faut que davantage de dirigeants au plus haut niveau parlent de cette persécution, la dénoncent et demandent des comptes à la Chine. »

Nadine Maenza, ancienne commissaire de l’USCIRF, partage le même point de vue : « Le gouvernement américain doit utiliser tous les leviers dont il dispose pour faire pression sur la Chine, et pour l’orienter sur les droits de l’homme, pour orienter d’autres pays avec elle. »

« Nous pourrions () lier la liberté religieuse, les droits de l’homme à des objectifs de politique étrangère », a‑t‑elle ajouté.

« Nous sommes plus en sécurité lorsque la liberté de religion et les droits de l’homme sont respectés dans le monde. Et comme les choses se détériorent et continuent d’empirer, cela crée toutes sortes de conflits dans le monde auxquels nous allons devoir faire face. »

Entre‑temps, Mme Long indique d’intégrer les droits de l’homme du régime chinois dans la stratégie de sécurité nationale des États‑Unis.

« Ce n’est pas négociable, et cela ne devrait jamais être négociable dans le cadre de notre sécurité nationale, ou de nos politiques », a‑t‑elle déclaré.

« Si la Chine choisit d’être un contributeur positif dans l’espace de travail mondial, elle doit reconnaître ces droits fondamentaux et la manière dont ils se traduisent dans les relations économiques, les relations commerciales, et les activités équitables. »

« Une fois qu’on devient un acteur international irresponsable, comme la Corée du Nord, et qu’on est incapable de protéger les valeurs indispensables à notre existence sur terre, alors on doit être isolé », a‑t‑elle ajouté.

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