L’autorité électorale uruguayenne a annoncé dimanche soir que le résultat du second tour de la présidentielle, entre Luis Lacalle Pou (centre droit), légèrement en tête, et Daniel Martinez (gauche), était trop serré et qu’elle attendrait un nouveau décompte pour se prononcer « d’ici à vendredi ».
« Le tribunal ne va pas annoncer de vainqueur ce soir », a déclaré à l’AFP le président de l’institution, José Arocena. Avec près de 99,5% des bulletins dépouillés, la différence de quelque 30.000 voix entre les deux candidats était inférieure au nombre de bulletins litigieux. L’autorité électorale va donc procéder à un décompte complet des votes dans les prochains jours.
Une heure après la fermeture des bureaux de vote, à 22h30 GMT, le candidat de centre droit de 46 ans, héritier d’une dynastie politique uruguayenne, était donné en tête devant l’ancien maire de Montevideo de 62 ans et représentant du parti au pouvoir, le Frente Amplio (Front élargi), selon des sondages réalisés à la sortie des urnes.
Mais au fil des heures et du dépouillement officiel, le résultat s’est resserré.
« Ils ont essayé de nous enterrer, mais ils ne savaient pas que nous étions des graines », a déclaré devant des milliers de militants M. Martinez, qui s’est exprimé en premier sur un ton enjoué et en refusant de reconnaître sa défaite.
« Malheureusement, le candidat du gouvernement ne nous a pas appelés et n’a pas reconnu un résultat que nous croyons irréversible », a regretté ensuite M. Lacalle Pou face à ses partisans, indiquant que l’actuel président de la République, Tabaré Vasquez, l’avait, lui, appelé.
« Pré-si-dent! Pré-si-dent! », scandait la foule.
Les deux candidats ont appelé à l’« unité » et à la « patience » jusqu’au résultat final.
Hormis quelques concerts de klaxons et des pétards, les rues de Montevideo étaient calmes et aucun incident majeur n’avait été signalé dans la soirée.
Le nouveau président prendra ses fonctions le 1er mars pour cinq ans.
M. Vasquez a assuré que l’Uruguay respecterait « toutes les étapes constitutionnelles et légales », en faisant allusion aux crises qui secouent plusieurs pays de la région.
« Aujourd’hui, nous pouvons choisir, que l’on gagne ou que l’on perde. C’est un droit et un devoir, et vu l’état de la région, tout le monde n’a pas cette possibilité. Il faut savoir l’apprécier », déclare Juan Pablo Abella, 40 ans, venu voter avec sa compagne et leur fils de 9 ans. « On est nés tous les deux sous la dictature » militaire dans les années 1970, souligne-t-il.
« On veut que le Frente amplio gagne, car on sent qu’avec la gauche nos droits sont garantis », espère-t-il, mais « quoi qu’il arrive, il faudra l’accepter, car nous voulons la démocratie avant tout, c’est ce qu’on explique à notre fils ».
Au premier tour, M. Lacalle Pou, fils de l’ancien président Luis Alberto Lacalle (1990-1995), était arrivé deuxième derrière M. Martinez, ingénieur franco-uruguayen. Mais il a ensuite mis en place une coalition avec les autres prétendants battus, allant de la droite aux sociaux-démocrates, et lui permettant de caracoler en tête des sondages.
Le second tour s’apparentait à un référendum
Alors que plusieurs pays latino-américains connaissent de graves crises politiques et sociales, « l’Uruguay continue d’être cité comme un exemple de démocratie qui fonctionne dans la région, tout en rejetant les issues populistes extrémistes », souligne Paul Webster Hare, ex-ambassadeur britannique qui a été en poste à Cuba et au Venezuela, et désormais professeur à l’université de Boston (Etats-Unis).
Pour Diego Lujan, politologue de l’université de la République, la plus grande d’Uruguay, ce second tour s’apparentait à un référendum pour ou contre la gauche. « Quand il y a un parti qui est au gouvernement depuis trois mandats, avec la majorité au Parlement et qui peut appliquer son programme, les résultats sont de la responsabilité de ce parti », explique-t-il.
En 15 ans, la coalition au pouvoir a notamment approuvé l’avortement (2012), le mariage homosexuel (2013) et a été pionnière dans la légalisation du cannabis (2013).
Dans ce pays réputé pour être un des plus sûrs d’Amérique latine, la criminalité arrive en tête des préoccupations des électeurs. L’Uruguay a connu une hausse de 45% des homicides entre 2017 et 2018.
Côté économique, le taux de chômage se rapproche des 9,5% et le coût de la vie ainsi que la pression fiscale reviennent souvent parmi les récriminations des chefs d’entreprises et commerçants.
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