L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a demandé vendredi un audit des laboratoires de Wuhan dans le cadre d’une deuxième phase d’enquête sur les origines du Covid-19. La première phase n’a pas bénéficié de la transparence et du partage des informations de la part du régime chinois.
La priorité permettant à avancer vers une enquête plus approfondie sur les origines du Covid-19 sera donnée aux « audits des laboratoires et des institutions de recherche pertinents opérant dans la zone où les premiers cas humains ont été identifiés en décembre 2019 », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS, lors d’une réunion à huis clos.
Selon les informations rendues publiques par l’OMS, M. Tedros avait précisé que la deuxième phase aura également besoin d’enquêtes menées dans certains quartiers résidentiels de Wuhan et dans les marchés d’animaux au centre de la ville, notamment dans le marché aux fruits de mer de Huanan.
Les enquêteurs se concentreront premièrement sur « des études des zones géographiques indiquant les premiers signes de propagation du SRAS CoV-2 », a ajouté le chef de l’OMS.
La veille, il avait déclaré que, en absence de preuves suffisantes, il était « prématuré » d’exclure la possibilité que le Covid-19 ait pu sortir d’un laboratoire de Wuhan – revenant ainsi sur le rapport controversé de l’OMS, publié en mars, qui qualifiait « d’extrêmement improbable » l’hypothèse d’une fuite de laboratoire.
Ces derniers mois, l’hypothèse que le virus de Wuhan provienne d’une fuite de l’Institut de virologie de Wuhan a été largement reconnue comme une possibilité bien probable – et ce, après que cette hypothèse avait été largement condamnée par les grands médias et qualifiée par leurs commentateurs de « conspiration démystifiée » malgré le fait que plusieurs scientifiques et fonctionnaires aient présenté des preuves à l’appui de cette hypothèse. La confusion a été exacerbée par les commentaires du Dr Anthony Fauci, directeur de l’Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses et le principal conseiller sur la pandémie de Donald Trump puis de Joe Biden, qui partageait l’avis de l’État-parti chinois sur l’origine du virus.
Le 26 mai, Joe Biden a ordonné aux services du renseignement américains de soumettre, dans 90 jours, un rapport sur les origines du virus, précisant que ces services examinaient différentes théories, dont la possibilité d’un accident de laboratoire.
L’OMS a également déclaré jeudi dernier qu’elle allait corriger plusieurs « erreurs involontaires » dans son rapport conjoint avec la Chine sur les origines du virus et qu’elle allait « éclaircir [l’hypothèse] que le premier foyer n’était pas lié au marché aux fruits de mer de Huanan », a rapporté le Washington Post.
La Chine est un État membre de l’OMS.
Le rapport de l’agence onusienne, rédigé avec la participation de scientifiques chinois qui auraient travaillé sous les directives de Pékin, a été remis en question par des responsables du gouvernement américain et plusieurs scientifiques qui ont exprimé leurs inquiétudes quant à l’influence du régime communiste sur l’enquête. Les critiques ont noté que la Chine avait refusé aux scientifiques occidentaux l’accès aux données brutes des premiers malades.
Le rapport initial maintenait la version préférée de Pékin sur l’origine du virus. Les responsables chinois ont avancé comme l’origine la plus probable du virus le fait qu’il aurait été transmis à l’homme par un hôte animal. Le régime chinois a cité à plusieurs reprises la conclusion de l’OMS, selon laquelle une fuite de laboratoire était « extrêmement improbable », ce qui justifierait l’ouverture d’enquêtes sur l’origine du virus dans d’autres pays.
« Une perte de temps précieux »
Vendredi, M. Tedros a déclaré que l’OMS attendait de la Chine qu’elle « soutienne cette prochaine phase du processus scientifique en partageant toutes les données pertinentes dans un esprit de transparence ».
Il a également annoncé la création d’un nouveau Groupe consultatif scientifique international permanent de l’OMS sur les origines des nouveaux agents pathogènes (SAGO) qui « jouera un rôle essentiel dans la prochaine phase » de l’enquête sur les origines du virus de Wuhan, « ainsi que sur les origines des futurs nouveaux agents pathogènes ».
Le chef de l’OMS a indiqué que son organisation lancera un appel pour que des « experts hautement qualifiés » posent leur candidature au SAGO. Différents enquêteurs seront nommés par les États membres, a-t-il précisé.
« Les membres de ce nouveau groupe consultatif seront sélectionnés sur la base de leur expertise technique, en tenant compte de la représentation géographique et de l’équilibre entre les sexes.
« Le monde a besoin d’un cadre plus stable et plus prévisible pour étudier les origines des nouveaux agents pathogènes à potentiel épidémique ou pandémique », a ajouté M. Tedros.
Cette annonce a suscité l’inquiétude de plusieurs scientifiques qui se sont demandé si le SAGO serait créé pour remplacer la mission existante, nommée par l’OMS, pour enquêter sur les origines du virus.
« Je m’inquiète des retards et, bien sûr, c’est un peu étrange », a déclaré à ScienceMag Marion Koopmans, la virologue néerlandaise, cheffe du département de viroscience au Centre médical Érasme (Erasmus MC) à Rotterdam et membre de la mission existante de l’OMS. « Nous perdons un temps précieux. »
Gerald Keusch, directeur associé de National Emerging Infectious Diseases Laboratory Institute de l’université de Boston, a confié qu’il « se méfiait » de la création du nouveau groupe.
« Je me méfie beaucoup du fait qu’on dissout le groupe de travail initial et qu’on permet maintenant aux individus et aux gouvernements de se nommer par eux-mêmes, ce qui mènera à un processus partisan et sélectif et n’aboutira pas à sa meilleure composition », a-t-il commenté à ScienceMag.
L’OMS n’a pas encore répondu à la demande de commentaire d’Epoch Times.
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