Un nouveau modèle développé par le Laboratoire d’analyse agroalimentaire de l’université Dalhousie prévoit que, par rapport à 2022, les prix de gros des denrées alimentaires au Canada, c’est-à-dire les prix des produits avant qu’ils ne soient vendus aux épiciers, augmenteront de 34% en moyenne d’ici à 2025 et ce, pour toutes les catégories de denrées alimentaires.
« Cela sera très problématique et je pense que nous devons nous y préparer », a déclaré le professeur Sylvain Charlebois, directeur principal du Laboratoire d’analyse agroalimentaire, à Epoch Times le 19 avril.
Selon le modèle, créé à partir de données historiques et de l’apprentissage automatique, d’ici 2025, les prix des produits de restauration devraient augmenter de 46%, ceux des viandes de 45%, ceux des produits laitiers de 41%, ceux des fruits de 29%, ceux des produits de boulangerie de 35%, ceux des fruits de mer de 24% et ceux des légumes de 8%.
Cette prévision fait suite au Rapport sur les prix des aliments au Canada 2023 (Canada’s Food Price Report 2023), publié par le laboratoire en décembre 2022, qui prévoyait une augmentation de 5 à 7% des prix des aliments en 2023. Selon ce dernier, la famille canadienne moyenne de quatre personnes paierait 1065 dollars (716 €) de plus pour l’alimentation cette année qu’en 2022.
Le dernier rapport de Statistique Canada sur l’indice des prix à la consommation (IPC) indique que l’IPC a augmenté de 4,3% d’une année sur l’autre en mars, après une augmentation de 5,2% en février.
En outre, « d’une année à l’autre, les prix des aliments achetés en magasin ont augmenté à un rythme plus lent en mars (+9,7%) par rapport à février (+10,6%). Le ralentissement de la croissance des prix a été attribuable à la baisse des prix des fruits et légumes frais ».
M. Charlebois, surnommé le « professeur de l’alimentation » (Food Professor), a rappelé que l’Université Dalhousie effectue des prévisions depuis 15 ans, mais qu’il lui est arrivé de se tromper. Selon lui, le rapport de l’université sur le prix des denrées alimentaires au Canada a une précision historique d’environ 80%.
« Il n’est pas facile de faire des prévisions, et nous ne sommes jamais allés au-delà de 12 mois parce que beaucoup de choses peuvent se produire », a déclaré M. Charlebois. « En décembre 2021, nous avons publié un rapport sur les prix et, deux mois plus tard, les plans de Vladimir Poutine ont changés, ce qui a eu un impact sur les prix des denrées alimentaires dans le monde entier ».
Selon M. Charlebois, plusieurs provinces canadiennes ont récemment contacté l’université Dalhousie pour des demandes de prédiction des prix des denrées alimentaires pour les prochaines années. Selon lui, les provinces ont eu du mal à boucler leur budget alimentaire en raison de l’inflation, ce qui a eu un impact sur leur capacité soutenir les services alimentaires dans les hôpitaux, les institutions et les écoles, qui sont de juridiction provinciale.
« J’ai présenté ces chiffres à un groupe de l’industrie alimentaire à Toronto hier, et franchement personne n’était vraiment surpris, parce qu’ils savent ce qui se passe. En réalité, la situation a été très difficile pour l’industrie alimentaire », a-t-il déclaré.
Prévision de la Banque du Canada
Les prévisions de l’Université Dalhousie contredisent celles du gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem.
Le gouverneur a déclaré le 18 avril que la banque centrale prévoyait que l’inflation des prix des denrées alimentaires « diminuerait dans les mois à venir » et que l’inflation globale tomberait à 3% d’ici l’été 2023, à 2,5% d’ici la fin de l’année et à son objectif de 2% d’ici la fin de l’année 2024.
Pour sa part, M. Charlebois a déclaré que l’écart entre l’inflation alimentaire au Canada et l’inflation globale s’élevait à 4,6% et augmentait, tandis que l’écart entre ces deux données diminuait aux États-Unis.
« C’est pourquoi je suis un peu inquiet, pour être honnête, parce que beaucoup d’éléments au Canada poussent les prix à la hausse », a-t-il déclaré.
Selon M. Charlebois, les taxes sur le carbone du gouvernement fédéral continueront d’augmenter le coût de la production agricole, de la transformation et du transport des aliments.
« Avec une taxe sur le carbone de 170 dollars (114,3 €) la tonne d’ici 2030, cela signifie-t-il que les transformateurs de produits alimentaires iront aux États-Unis, où il n’y a pas de taxe sur le carbone ? » s’interroge M. Charlebois.
L’interdiction des plastiques d’emballage à usage unique pourrait également faire grimper les prix des denrées alimentaires, selon M. Charlebois. Ottawa interdit cinq types de plastiques depuis le 20 décembre 2022, notamment les sacs de caisse, les couverts, les bâtonnets, les pailles et les articles de restauration fabriqués à partir de certains plastiques difficilement recyclables ou composés de ces plastiques.
En outre, tous les emballages en plastique au Canada devront contenir au moins 50% de matières recyclées d’ici à 2030.
« Peu importe les solutions de remplacement utilisées, les plastiques ont été utiles parce qu’ils sont les options les moins chères. C’est pourquoi le remplacement des plastiques coûtera plus cher pour assurer la sécurité et la fraîcheur des aliments », a-t-il déclaré.
Selon M. Charlebois, si les prix des denrées alimentaires continuent d’augmenter, le rapport des Canadiens à la nourriture devra changer.
« Pendant très longtemps, le Canada a bénéficié de l’un des paniers alimentaires les moins chers du monde, avec un budget consacré à l’alimentation d’environ 9%. Or, cette proportion va probablement augmenter », déclare-t-il.
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