Le procès de Mohamed Lamine Aberouz, complice présumé de l’assassin d’un couple de policiers dans leur pavillon de Magnanville (Yvelines), sous les yeux de leur fils âgé alors de trois ans, en juin 2016, s’est ouvert lundi devant la cour d’assises spéciale de Paris.
L’accusé, en T-shirt blanc à manches courtes, cheveux bruns ramenés en arrière et retenus en catogan, barbe sans moustache et épaisses lunettes, a décliné son identité d’une voix claire avant que le président Christophe Petiteau donne la parole aux parties civiles. De nombreux policiers en civil étaient présents dans la salle d’audience pleine à craquer.
Mohamed Lamine Aberouz, 30 ans, est poursuivi pour « complicité d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique », « association de malfaiteurs terroriste criminelle » et « complicité de séquestration » en relation avec une entreprise terroriste. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Mis en examen le 11 décembre 2017 et placé en détention provisoire, à l’isolement, depuis, Mohamed Lamine Aberouz clame son innocence, assurant s’être rendu dans une salle de prière le soir de l’attentat.
L’assassin a-t-il agi seul ?
L’assassinat à l’arme blanche de Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant adjoint du commissariat des Mureaux et de sa compagne Jessica Schneider, 36 ans, agent administratif au commissariat de Mantes-la-Jolie, a profondément et durablement choqué la police. C’est la première fois en France que des policiers ont été tués en-dehors de leur service, à leur domicile.
Acquis à la cause de l’organisation État islamique (EI), l’assassin des deux policiers, Larossi Abballa, 25 ans, a été tué lors de l’assaut du Raid pour libérer l’enfant qu’il retenait en otage. A-t-il agi seul ? C’est l’enjeu du procès. L’accusation est persuadée qu’il bénéficiait d’un complice à l’intérieur de la maison. C’est M. Aberouz qui a « désigné » à Larossi Abballa le couple de policiers « comme cible de l’attentat », soutient l’accusation.
M. Aberouz « s’est rendu avec (Larossi Abballa) au domicile des victimes le soir des faits, en se connectant sur place sur l’ordinateur des victimes afin de visionner des photographies de Jean-Baptiste Salvaing, permettant ainsi à Larossi Abballa d’identifier immédiatement l’intéressé pour passer à l’acte à son encontre avant même qu’il n’ait eu le temps de réintégrer son domicile », selon le dossier d’accusation.
Confondu par ses traces d’ADN
Des traces de l’ADN de Mohamed Lamine Aberouz ont été trouvées sur le repose-poignet de l’ordinateur du couple utilisé pour la revendication de l’assassinat des deux policiers. En dehors de ces traces ADN, aucune autre preuve tangible de sa présence sur les lieux n’a pu être établie, font valoir ses avocats, Mes Vincent Brengarth et Nino Arnaud. Ils entendent plaider l’acquittement. Selon eux, Larossi Abballa était un « loup solitaire » qui n’avait pas besoin de complice.
Les avocats pointent également une défaillance de l’État dans la surveillance de Larossi Abballa, objet d’une fiche S et déjà condamné en 2013 pour « association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes ». M. Aberouz a pu s’échapper de la maison des policiers « avant l’intervention des forces de l’ordre », avancent les enquêteurs en s’appuyant sur la « configuration des lieux ».
Une troisième suspecte bientôt auditionnée
« Les dénégations de Mohamed Lamine Aberouz, quant à son adhésion à l’idéologie jihadiste (…) n’apparaissent pas convaincantes ni suffisantes au regard des éléments recueillis par ailleurs », estiment encore les enquêteurs, rappelant qu’Aberouz et Abballa « étaient portés par la même idéologie favorable au jihad armé ». L’enquête a notamment révélé que Larossi Abballa avait mis en contact Mohamed Lamine Aberouz avec une jeune femme, Sarah Hervouët, actuellement incarcérée, et qui devrait être auditionnée par la cour dès lundi.
Sous l’influence du recruteur de l’EI Rachid Kassim (soupçonné d’avoir piloté le meurtre du père Hamel à Saint-Étienne-du-Rouvray en juillet 2016 et probablement mort en zone irako-syrienne en février 2017), Sarah Hervouët a été condamnée à 20 ans de réclusion pour avoir poignardé un policier en civil en septembre 2016 après une tentative d’attentat aux bonbonnes de gaz près de Notre-Dame de Paris.
Dans ce dossier, M. Aberouz a été condamné en appel en juin 2021 à cinq ans d’emprisonnement pour non-dénonciation de crime terroriste. Le procès doit durer jusqu’au 10 octobre.
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