Ce mardi, l’Observatoire des violences envers les femmes de Seine-Saint-Denis a révélé qu’un tiers des prostituées a moins de quinze ans, la plupart ayant déjà souffert de violences, en particulier sexuelles.
Un tiers d’entre elles a moins de quinze ans, beaucoup sont déscolarisées, la plupart ont déjà souffert de violences, en particulier sexuelles : une étude réalisée en Seine-Saint-Denis et dévoilée mardi dresse une analyse inédite de la prostitution des mineurs, phénomène en expansion selon les experts.
« L’objectif est de mieux connaître le parcours de ces jeunes pour mieux les protéger », explique Ernestine Ronai, responsable de l’Observatoire des violences envers les femmes de Seine-Saint-Denis.
89 % des jeunes filles ont subi des violences par le passé
La structure, qui a piloté l’étude, a eu accès à 19 dossiers des juges pour enfants du tribunal de Bobigny et analysé une quarantaine de signalements de la protection de l’enfance. La plupart d’entre elles (seuls trois garçons étaient concernés) sont très jeunes. Les victimes signalées à la protection de l’enfance sont âgées de 6 à 17 ans, un tiers à moins de quinze ans.
Viols, attouchements, coups à la maison, harcèlement à l’école : 89 % des jeunes filles s’adonnant à la prostitution ont par ailleurs subi des violences par le passé, montrent les données des juges. Il s’agit à 40% de violences physiques et sexuelles, souvent commises au sein du foyer. Les mères de 61% des mineures ont été victimes de violences conjugales.
« Le parcours de vie de ces filles est marqué par la violence », poursuit Ernestine Ronai, évoquant les graves conséquences physiques ou psychiques engendrées, avec des « fugues, un mauvais rapport à l’institution scolaire, voire une déscolarisation » (pour 60% d’entre-elles). Soit autant de facteurs favorisant l’entrée dans la prostitution.
L’étude relève que 72% des cas de violences dénoncées aux autorités compétentes n’ont pas fait l’objet de suites judiciaires. « Les conséquences en sont dramatiques », notent les auteurs. « Prendre davantage en compte ces victimes semblent être in fine un des moyens de lutter contre la prostitution des mineurs », ajoutent-ils.
« Un angle mort des politiques publiques »
Ils reviennent également sur le rôle des réseaux sociaux, qui représentent 50% des lieux d’approche des clients de prostitution. Et appellent à mettre en place des structures d’accueil spécifiques pour ces mineurs, ainsi qu’à mieux former les professionnels à leur prise en charge.
« Si nous avons fait cette enquête inédite en France, c’est parce que le sujet nous paraît être un angle mort des politiques publiques », affirme Stéphane Troussel, président PS du Conseil départemental.
Il appelle à ce que le phénomène, en « expansion » selon les experts, avec 5 000 à 8 000 mineurs touchés aujourd’hui en France, soit « intégré » aux mesures attendues du Grenelle des violences faites aux femmes.
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