Les pays d’Afrique de l’Ouest ont fixé dimanche un ultimatum d’une semaine à la junte putschiste au Niger, affirmant ne pas exclure un « recours à la force » et ordonné un blocus économique.
La pression s’accroît chaque jour un peu plus sur le nouvel homme fort proclamé du Niger, le général putschiste Abdourahamane Tiani, chef de la garde présidentielle, à l’origine de la chute de Mohamed Bazoum retenu par les putschistes depuis quatre jours.
La France a salué « les décisions prises par les chefs d’État » de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Ce bloc ouest-africain, l’Union Africaine, et les pays occidentaux, dont la France et les États-Unis, ne reconnaissent pas les « autorités » issues du putsch et demandent un retour à l’ordre constitutionnel.
La Cédéao exige la libération du président
Un sommet extraordinaire de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (dont le Niger est membre avec 14 autres pays) s’est tenu dimanche à Abuja, sous l’égide du président du Nigeria, Bola Tinubu, à la tête de l’institution régionale depuis le début du mois. La Cédéao a exigé « la libération immédiate » du président Bazoum et le « retour complet à l’ordre constitutionnel », selon les résolutions lues à la fin du sommet. Si ces demandes ne « sont pas satisfaites dans un délai d’une semaine », la Cédéao « prendra toutes les mesures nécessaires » et « ces mesures peuvent inclure l’usage de la force », selon ces résolutions.
Washington a fait part de son « indéfectible soutien » à M. Bazoum, assurant que le coup d’État mettait en péril le « partenariat » entre les États-Unis et le Niger. « Nous nous joignons à la Cédéao et aux dirigeants de la région pour demander la libération immédiate du président Mohamed Bazoum et de sa famille et la restauration de toutes les fonctions de l’État au gouvernement légitime et démocratiquement élu », a déclaré le secrétaire d’État américain Antony Blinken dans un communiqué.
« Le temps est à l’action »
L’organisation régionale a également décidé de « suspendre toutes les transactions commerciales et financières » entre ses États membres et le Niger, et de geler les avoirs des « responsables militaires impliqués dans la tentative de coup. Le pays sahélien de 20 millions d’habitants est l’un des plus pauvres du monde, en dépit de ses ressources en uranium.
« Il n’est plus temps pour nous d’envoyer des signaux d’alarme », a déclaré M. Tinubu, « le temps est à l’action ».
« Les sanctions feront très mal à notre pays », a répété le Premier ministre nigérien Ouhoumoudou Mahamadou, dans un entretien accordé à la chaîne France 24 dimanche. Il s’est dit « optimiste » sur les médiations en cours.
Le dirigeant du Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno, dont le pays n’est pas membre de la Cédéao, mais qui est voisin du Niger, également puissance militaire au Sahel alliée de la France, a participé à ce sommet. Il a ensuite passé quelques heures à Niamey, pour « voir ce qu’il peut apporter au règlement de la crise », selon N’Djamena. Pendant sa médiation, il a échangé avec Mohamed Bazoum, dont il a publié une photo sur sa page Facebook, première image du président nigérien depuis le putsch. Assis à côté du président tchadien, Bazoum apparaît souriant. M. Déby Itno s’est également « entretenu avec Tiani et lui a transmis un message de la Cédéao », selon l’entourage de M. Bazoum.
L’ex-président du Niger Mahamadou Issoufou a également annoncé dimanche qu’il s’employait à « trouver une sortie de crise négociée » pour faire « libérer » son successeur Mohamed Bazoum, et « le restaurer dans ses fonctions ».
Samedi soir, la junte issue du putsch avait dénoncé le sommet de la Cédéao, y voyant la menace d’une « intervention militaire imminente à Niamey en collaboration avec les pays africains non membres de l’organisation et certains pays occidentaux ».
Des sanctions et ultimatums ont déjà été décidés par d’autres pays, notamment la France qui a annoncé samedi suspendre son aide au développement au Niger. Quant à l’Union africaine, elle a fixé vendredi un ultimatum de 15 jours aux militaires pour rétablir « l’autorité constitutionnelle ».
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