La Thaïlande achète à la Chine des sous‑marins dont elle n’a pas besoin, et la Chine n’a pas de moteurs pour les compléter. Comment en est‑on arrivé là ?
La marine thaïlandaise a peut‑être été mal conseillée. Peut‑être que les fonctionnaires thaïlandais ont été payés par les Chinois – une des stratégies préférées de Pékin lorsqu’il s’agit de signer des contrats de plusieurs milliards de par le monde.
Quoi qu’il en soit, la Chine a vendu à la Thaïlande un produit qu’elle n’était pas en mesure de livrer : des sous‑marins chinois avec des moteurs allemands. Lorsque le fabricant allemand de moteurs, MTU Friedrichshafen GmbH, a refusé de fournir les moteurs en raison des sanctions imposées par l’Union européenne à la suite du massacre de la place Tiananmen, Pékin a compris qu’il devait fournir autre chose, ou perdre le contrat thaïlandais et sa propre fierté.
Le régime a proposé à la Thaïlande deux vieux sous‑marins, mis hors service par la marine chinoise, tout juste adaptés à l’entraînement. Quelle insulte. Pékin a également proposé à Bangkok deux autres types de moteurs pour remplacer les fameux moteurs allemands.
À ce jour, a fait savoir le vice‑amiral Pokkrong Monthatphalin, la marine thaïlandaise a rejeté toutes les offres de la Chine.
Le 14 mars, le Wall Street Journal a fait état de l’incapacité de Pékin à livrer les sous‑marins, appelés S26T, des versions d’exportation du sous‑marin de classe Yuan. Selon le commentaire tranchant de la journaliste Niharika Mandhana : « Le sous‑marin que la Chine construit pour la Thaïlande a un défaut : il manque les moteurs. »
L’unique sous‑marin chinois destiné à la Thaïlande, qui n’existe pas encore, a coûté 410 millions de dollars à Bangkok. La Chine a également vendu huit sous‑marins au Pakistan. Ceux‑ci pourraient également être dépourvus de moteurs. Le Pakistan et l’Allemagne ont refusé de répondre aux demandes de commentaires du Wall Street Journal.
Heureusement, les protestations de 2020 en Thaïlande contre l’accord sur les sous‑marins ont fait échouer l’achat de deux submersibles supplémentaires, ce qui aurait porté le coût total à 1,1 milliard de dollars.
L’argent supplémentaire pour les deux sous‑marins – 683 millions de dollars – aurait pu être utilisé, selon les opposants, « pour acheter 123 millions de piqûres AstraZeneca, 150 millions de lots EPI [équipement de protection individuelle] et des kits de test antigénique rapide pour quelque 64 millions de personnes », selon un article paru en 2021 dans The Diplomat.
Le Wall Street Journal cite également l’attaché de défense allemand à Bangkok, selon lequel Pékin n’a jamais consulté le gouvernement allemand avant de conclure l’accord avec la Thaïlande. Apparemment, Pékin pense avoir plus d’influence en Europe qu’il n’en a en réalité. Le ministère chinois des Affaires étrangères publiquement fait pression sur l’Allemagne, en vain jusqu’à présent, afin que le pays ignore l’embargo européen sur ses sous‑marins. Selon la Chine, l’embargo est « incompatible avec la situation internationale actuelle, le développement des relations Chine‑UE et le partenariat stratégique général entre la Chine et l’UE ».
De quelle « situation internationale actuelle » parle‑t‑on ?
Des menaces de guerre formulées par Pékin contre Taïwan, les Philippines, l’Australie ?
Les citoyens thaïlandais devraient en prendre acte. Les citoyens européens devraient en prendre acte. Les Américains, les Australiens, les Philippins et les Taïwanais devraient en prendre acte. Pékin a probablement encouragé le président russe Vladimir Poutine à envahir l’Ukraine et n’a en aucun cas de bonnes intentions en chaperonnant une course aux armements en Asie du Sud‑Est.
« Les critiques affirment que la Thaïlande ne présente pas de menace maritime sérieuse puisque c’est un État sans revendications en mer de Chine méridionale », note M. Sanglee dans The Diplomat. « La Thaïlande a des revendications qui se chevauchent avec le Cambodge, ainsi que la Malaisie et le Vietnam, dans le golfe de Thaïlande, mais ces différends ont été soigneusement gérés par des négociations et des développements conjoints. »
N’est‑ce pas ainsi que les différends internationaux devraient être gérés ?
Notons que le golfe de Thaïlande est trop peu profond pour des activités sous‑marines efficaces, écrit M. Sanglee. « Une autre inquiétude est que l’armée thaïlandaise a un passé de dépenses inutiles. »
Avec une technologie obsolète, des kill switches ou des traceurs, à l’évidence les sous‑marins vendus par la Chine sont conçus pour être inopérants contre la marine chinoise. En définitive, la plus grande menace pour la Thaïlande, c’est la Chine. Elle est la seule en Asie à étendre agressivement ses frontières maritimes et territoriales.
L’embargo sur les ventes d’armes à la Chine imposé après le massacre de Tiananmen, était ambigu sur la question des équipements de défense. Par conséquent, il était commode pour certaines nations européennes d’interpréter l’interdiction comme ne s’appliquant qu’aux articles de défense pure, et non aux technologies à double usage pouvant également être utilisées à des fins civiles. De ce fait, MTU a vendu 56 moteurs diesel à la Chine depuis 1989. Ils ont été utilisés dans ses sous‑marins d’attaque de classe Song. En outre, 26 autres moteurs MTU ont été vendus à la Chine pour ses destroyers.
Il est tout à fait possible que ces moteurs allemands, et l’équipement militaire auxquels ils sont finalement destinés, puissent un jour être utilisés contre une démocratie pacifique, tout comme les achats allemands de gaz russe ont permis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Ces moteurs pourraient être utilisés contre les États‑Unis, Taïwan, le Japon, les Philippines ou l’Australie.
Le refus plus récent de MTU de vendre ses moteurs à la Chine reflète apparemment une nouvelle réglementation en Allemagne. Sur ce point au moins, il y a un progrès.
Les démocraties et leurs alliés devraient cesser de vendre des équipements militaires à double usage à des dictatures agressives comme la Chine et la Russie. Des pays comme la Thaïlande, l’Inde et la Turquie devraient cesser d’acheter des équipements de défense à ces dictatures sans scrupules.
D’une part, les équipements chinois ne peuvent pas fournir un degré aussi avancé de sophistication technologique, car ils n’ont pas accès à toutes les innovations occidentales. D’autre part, les Chinois font des ventes qu’ils ne peuvent pas honorer, qu’ils compensent ensuite avec des équipements de qualité inférieure. Enfin, de notoriété publique est leur habitude à corrompre les acheteurs gouvernementaux et les fonctionnaires grâce à des pots‑de‑vin de plusieurs millions. Ces fonctionnaires sont ainsi amenés à conclure des accords qui nuisent en réalité à leur propre pays, notamment en gaspillant d’énormes budgets militaires pour la défense.
Les États‑Unis, l’Europe, le Japon et les alliés doivent se montrer plus sévères en ne permettant pas l’exportation de technologies à double usage vers la Russie et la Chine, ni même à Hong Kong, par lequel transitent régulièrement vers la Chine continentale des armes soumises à l’embargo.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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