Quatre façons dont la musculation renforce le système immunitaire

Les recherches montrent que l'exercice physique stimule la production de cellules immunitaires et augmente les cytokines anti-inflammatoires

Par Sheramy Tsai
19 août 2024 03:29 Mis à jour: 19 août 2024 17:33

Ceci est la quatrième partie de « Le muscle : l’organe qui donne de la vitalité »

Dans cette série, découvrez comment le muscle squelettique, le plus grand organe du corps, influe sur la santé et la longévité. Qu’il s’agisse de réguler les hormones et la glycémie ou de renforcer la santé du cerveau, les muscles sont bien plus qu’une simple source de force.

Notre système immunitaire est-il prêt à lutter contre les maladies ? Nombreux sont ceux qui savent que la vitamine C, une alimentation équilibrée, un sommeil suffisant et une activité physique régulière peuvent améliorer la fonction immunitaire, mais moins nombreux sont ceux qui comprennent l’importance des muscles.

Les muscles sont désormais considérés comme des organes en raison de leur rôle vital dans la régulation du métabolisme, la production d’hormones et la communication avec d’autres organes.

Le Dr Sandeep Palakodeti, médecin interne et fondateur de Rebel Health Alliance, a déclaré à Epoch Times que cette reclassification nous aide à apprécier les fonctions étendues des muscles, non seulement dans le mouvement mais aussi dans la régulation de la santé générale du corps, y compris le système immunitaire.

« Des muscles squelettiques en bonne santé renforcent l’immunité en réduisant l’inflammation et en améliorant la fonction des cellules immunitaires », explique le Dr Palakodeti.

À mesure que les nombreux rôles des muscles deviennent plus clairs, il est évident qu’une augmentation de la masse musculaire peut considérablement renforcer la force et la résistance du système immunitaire.

Muscles et immunité

Les muscles sont souvent considérés comme contribuant principalement au mouvement et au métabolisme, mais des études récentes montrent qu’ils renforcent également la fonction immunitaire.

Une étude publiée en 2022 dans Experimental Gerontology montre que l’exercice de résistance, comme l’haltérophilie, renforce l’immunité en activant des voies immunitaires clés et en réduisant l’inflammation. Après avoir passé en revue 30 études, les chercheurs ont constaté qu’une seule séance d’exercice de résistance pouvait améliorer la fonction des cellules immunitaires, mais que des séances d’entraînement régulières pendant plusieurs semaines étaient nécessaires pour obtenir des bénéfices durables.

Une étude du Journal of Immunology Research a démontré que l’entraînement musculaire induit des changements significatifs dans les biomarqueurs physiologiques et immunologiques. Une seule séance de musculation a permis d’augmenter le nombre de globules blancs et d’autres cellules immunitaires, améliorant ainsi directement la fonction immunitaire.

Le Dr Ryan Steele, professeur adjoint à l’école de médecine de Yale, a déclaré que la musculation renforçait le système immunitaire en réduisant l’inflammation. « La musculation exerce également un puissant effet anti-inflammatoire immédiatement après une séance d’entraînement », a-t-il déclaré.

La musculation modifie les niveaux de protéines appelées cytokines, qui aident à contrôler les réponses immunitaires. Elle augmente également le nombre de cellules T régulatrices, qui maintiennent l’équilibre du système immunitaire et l’empêchent d’attaquer les tissus de l’organisme.

Muscles et immunité : une voie à double sens

La relation entre les muscles et le système immunitaire est réciproque. Les muscles soutiennent la fonction immunitaire et le système immunitaire contribue à la réparation et à la croissance des muscles. Lorsque les muscles sont endommagés à la suite d’un exercice ou d’une blessure, les cellules immunitaires se précipitent pour éliminer les débris et amorcer la régénération musculaire.

Une étude publiée en 2022 dans PeerJ a montré que les macrophages, un type de cellule immunitaire, jouent un rôle crucial dans la réparation musculaire. Dans un premier temps, ils créent un environnement inflammatoire pour éliminer les cellules endommagées et les agents pathogènes. Ensuite, ils passent à un rôle anti-inflammatoire, libérant des facteurs de croissance et des signaux qui favorisent la réparation et la croissance des tissus. Cette double fonction garantit une récupération et une adaptation musculaires efficaces, ce qui permet d’obtenir des muscles plus forts et plus résistants.

Cette interaction dynamique entre le tissu musculaire et le système immunitaire souligne l’importance du maintien de la masse musculaire, non seulement pour la force physique, mais aussi pour la santé immunitaire globale.

Comme le souligne le Dr Gabrielle Lyon dans son livre Forever Strong, le muscle est l’organe de la longévité et de la vitalité. Sa santé et son fonctionnement sont essentiels au bien-être général, y compris au système immunitaire. Ce constat est clair : la construction musculaire est une stratégie cruciale pour une vie plus saine et plus résistante.

« La recherche montre clairement que les muscles squelettiques jouent un rôle dans la régulation d’un système immunitaire sain », écrit le Dr Lyon. « L’état du tissu musculaire peut accentuer les processus pathologiques ou corriger le métabolisme ainsi que la maladie sous-jacente. »

Les muscles sécrètent des myokines

Chaque fois que les muscles se contractent pendant l’exercice, ils libèrent des protéines appelées myokines, un type de cytokine. Ces protéines agissent comme des messagers, régulant diverses fonctions de l’organisme, y compris le système immunitaire.

Selon une étude de 2021 publiée dans Endocrine Reviews, « des avancées récentes montrent que le muscle squelettique produit des myokines en réponse à l’exercice, qui permettent la communication entre le muscle et d’autres organes, y compris le cerveau, le tissu adipeux, les os, le foie, l’intestin, le pancréas, le lit vasculaire et la peau, ainsi que la communication au sein du muscle lui-même ».

Deux myokines cruciales libérées pendant l’exercice sont l’interleukine-6 (IL-6) et l’interleukine-15 (IL-15). L’IL-6 est libérée au cours d’un exercice d’aérobie, comme la course à pied, et contribue à réguler l’inflammation en renforçant la réponse immunitaire.

Selon le National Institute of Health, l’IL-15, libérée lors d’un entraînement de résistance tel que l’haltérophilie, favorise la croissance et le fonctionnement des cellules T et des cellules tueuses naturelles, qui sont essentielles pour lutter contre les infections et le cancer.

Outre l’IL-6 et l’IL-15, l’exercice physique déclenche la libération d’autres myokines importantes, telles que l’interleukine-7 (IL-7) et la myostatine.

Donald Layman, expert en métabolisme et titulaire d’un doctorat en sciences de la nutrition, a déclaré à Epoch Times : « L’IL-15 et l’IL-7 renforcent le système immunitaire en stimulant le développement des lymphocytes T et des lymphocytes B, qui sont essentiels pour lutter contre les infections. »

Normalement, l’IL-6 est liée à l’inflammation, en particulier lorsqu’elle est associée à une autre protéine appelée TNF-a. Cependant, lorsque les muscles libèrent de l’IL-6 pendant l’exercice, cela ne provoque pas cette inflammation nocive. Au contraire, elle contribue à renforcer le système immunitaire sans causer de dommages inflammatoires.

Une étude publiée en 2024 dans Frontiers in Immunology révèle que l’exercice physique aigu augmente de manière significative les niveaux d’IL-15 en circulation, ce qui renforce la fonction immunitaire. L’étude a montré que les niveaux d’IL-15 augmentent dans l’heure qui suit l’exercice.

« Généralement, les effets des muscles sur le système immunitaire ne sont pas visibles », écrit le Dr Lyon dans son livre. « Nous cherchons des moyens d’analyser les marqueurs sanguins pour évaluer l’efficacité du muscle squelettique en tant que système organique. »

Les muscles produisent de la glutamine

La glutamine, un acide aminé non essentiel, est cruciale pour la fonction musculaire et la santé immunitaire. Selon une étude publiée dans Nutrients, environ 80 % de la glutamine de l’organisme est stockée dans les muscles squelettiques, où sa concentration est 30 fois plus élevée que dans le sang. « La disponibilité et le métabolisme de la glutamine dans l’organisme sont directement associés au tissu musculaire squelettique », notent les auteurs.

Donald  Layman a expliqué à Epoch Times que le corps libère de la glutamine dans le sang pour soutenir les cellules immunitaires comme les leucocytes et les macrophages. « La glutamine est un carburant essentiel pour les cellules immunitaires », a-t-il déclaré.

Il précise que les muscles produisent de la glutamine à partir d’acides aminés à chaîne ramifiée, les BCAA (issu de l’anglais branched-chain amino acid). Lorsque les muscles métabolisent les BCAA, ils créent de la glutamine, qui est ensuite libérée dans la circulation sanguine. Cependant, des niveaux élevés de glucose, fréquents dans les régimes riches en glucides ou dans le diabète, réduisent la production de glutamine. Il a souligné le rôle vital de la glutamine dérivée des muscles dans le maintien d’un système immunitaire robuste.

Une étude publiée dans Frontiers in Physiology renforce cette idée. « Des études ont montré l’importance d’un muscle squelettique sain et en contraction constante pour maintenir la glutamine à des niveaux optimaux afin d’aider la réponse immunitaire », affirment les auteurs. L’exercice physique régulier contribue à maintenir ces niveaux, garantissant ainsi une fonction immunitaire robuste.

Les muscles améliorent la circulation

La masse musculaire joue un rôle crucial dans le maintien d’un système immunitaire robuste grâce à son impact sur la circulation. Lorsque les muscles se contractent pendant l’activité physique, ils contribuent à faire circuler la lymphe et le sang dans tout le corps. Ce mouvement est vital pour le système immunitaire car il garantit que les cellules immunitaires sont distribuées efficacement et peuvent atteindre rapidement les sites d’infection.

Le système lymphatique est un réseau de tissus et d’organes qui aident à débarrasser l’organisme des toxines et des déchets. Il s’agit d’un élément clé du système immunitaire.

Contrairement au système cardiovasculaire, le système lymphatique ne possède pas de pompe (comme le cœur) pour déplacer le liquide lymphatique. Il s’appuie sur les contractions musculaires pour pousser la lymphe dans les vaisseaux lymphatiques. Une activité musculaire régulière peut renforcer ce processus, favorisant ainsi une meilleure surveillance et une meilleure réponse immunitaires.

« Les muscles sont intimement liés au mouvement des fluides dans l’organisme. Ils sont la deuxième pompe du cœur et l’un des seuls moteurs du liquide lymphatique », explique Beret Loncar, massothérapeute, à Epoch Times. « Et parce qu’ils sont liés au liquide lymphatique, ils sont également liés à l’immunité d’une manière passive. »

L’activité musculaire réduit l’inflammation chronique

L’inflammation chronique peut affaiblir le système immunitaire et entraîner divers problèmes de santé, notamment des maladies auto-immunes et des affections chroniques. L’exercice régulier et les contractions musculaires libèrent des myokines anti-inflammatoires telles que l’IL-10 et l’IL-37, qui contribuent à réguler la réponse inflammatoire de l’organisme.

Une étude sur un modèle de souris menée par des chercheurs de la Harvard Medical School et publiée dans Science Immunology a démontré que l’activité musculaire induite par l’exercice mobilise les cellules T régulatrices (Tregs). Ces Tregs jouent un rôle important dans la réduction de l’inflammation induite par l’exercice et dans l’amélioration du métabolisme musculaire et de l’endurance générale.

Plus précisément, les cellules immunitaires préviennent les dommages musculaires en diminuant les concentrations d’interféron, une protéine de signalisation qui intervient dans les maladies inflammatoires, l’inflammation chronique et le vieillissement.

La réduction de l’inflammation chronique aide le système immunitaire à fonctionner plus efficacement et l’empêche de lutter constamment contre des inflammations inutiles.

« Notre recherche suggère qu’avec l’exercice, nous disposons d’un moyen naturel de stimuler les réponses immunitaires de l’organisme pour réduire l’inflammation », a déclaré l’auteur de l’étude, Diane Mathis, dans un communiqué. « Nous n’avons étudié que les muscles, mais il est possible que l’exercice physique stimule l’activité des Treg ailleurs dans l’organisme. »

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