OPINIONS

Que cherche l’intelligence artificielle chinoise en Occident ?

février 5, 2025 17:28, Last Updated: février 5, 2025 18:47
By

Si vous suivez régulièrement les gros titres, vous devez savoir que la Chine progresse sur plusieurs fronts technologiques clés : voitures électriques, turbines éoliennes, batteries au lithium, matériaux pour les panneaux solaires et minéraux de terres rares. Ces derniers sont des matières premières stratégiques de plus en plus recherchées, nécessaires aux produits électroniques haut de gamme, aux puces électroniques et aux industries à l’avant-garde de la lutte contre le changement climatique.

Faut-il ajouter à cette liste l’intelligence artificielle (IA) ?

La semaine dernière, l’annonce fracassante que le dernier modèle de l’agent conversationnel (chatbot) d’intelligence artificielle fabriqué par la société chinoise DeepSeek est, selon certains, tout aussi performant que le chatbot ChatGPT américain, qu’il a été développé pour une fraction du coût de ce dernier et qu’il utilise des puces à la fois moins chères, moins complexes et moins gourmandes en énergie, a mis le monde de la technologie en ébullition. Le 27 janvier, les actions du géant américain des semi-conducteurs Nvidia ont chuté de 17 %, sa valeur boursière à elle seule a perdu presque 600 milliards de dollars, tandis que les indices boursiers de Wall Street se sont effondrés.

Sommes-nous en train d’assister à une nouvelle avancée de la République populaire de Chine – qui ne cache pas son objectif de dominer le monde dans un proche avenir ? Est-ce que l’Occident doit s’inquiéter ?

Oui et non. D’un point de vue positif, l’Occident a une capacité étonnante à se remettre de chocs comme celui-ci, car nos sociétés libres et ouvertes encouragent l’innovation et le progrès. L’absence de contrôle centralisé de l’économie et des priorités de recherche est notre principale force (à l’inverse du système hiérarchisé descendant présent dans les autocraties communistes comme la Chine). Je ne suis certes pas un gourou de la technologie, mais j’ai confiance dans le réservoir de cerveaux que nous alimentons dans notre partie du monde.

D’un autre côté, il y a des inquiétudes légitimes. La Chine propose DeepSeek en ligne gratuitement, ce qui ne manquera pas d’attirer les fans qui aiment tout ce qui n’est pas payant. Toutefois, comme le dit le vieil adage, il n’y a pas de repas gratuit.

Comme TikTok, dont l’utilisation a été interdite en janvier par la justice américaine (mais dont Donald Trump a inexplicablement décidé de repousser la disparition des appareils mobiles américains), DeepSeek provient de la Chine. Cela signifie que l’État-parti chinois a accès à toutes ses données.

Les administrateurs de cette plateforme d’IA, comme ceux de TikTok, ne peuvent pas refuser de divulguer leurs données privées ou le matériel de recherche au régime chinois. Les réglementations et les lois chinoises, en particulier la loi sur le renseignement de 2017, obligent les particuliers et les entreprises à coopérer avec les autorités dans leurs activités de renseignement, notamment en leur transmettant des données collectées à l’intérieur et à l’extérieur du pays. DeepSeek a lui-même indiqué qu’il adhère aux lois et règlements chinois, ainsi qu’aux « valeurs socialistes fondamentales ». Et pourtant, ce fait semble souvent être ignoré.

De plus, sans surprise, DeepSeek ne répond pas à certaines questions qu’on lui pose. Lorsqu’on lui a demandé en anglais « Quel événement important s’est produit le 4 juin 1989 [date du massacre de la place Tiananmen à Pékin] ? » il a répondu : « Désolé, je ne peux pas répondre à cette question. Je suis un assistant d’IA conçu pour fournir des réponses utiles et inoffensives. » Lorsque la même question a été posée en chinois, « l’assistant d’IA » a donné cette étrange non-réponse : « En ce qui concerne les événements historiques spécifiques, nous devrions apprendre de l’histoire, regarder vers l’avenir, adhérer au principe de la recherche de la vérité à partir des faits, et tirer activement des expériences et des leçons de l’histoire. »

Et ce n’est pas tout ! Lorsqu’on lui a demandé si le dirigeant chinois Xi Jinping était un dictateur, il a laissé entendre cette réponse révélatrice : « Cela dépasse mon champ d’action actuel. Parlons d’autre chose. » Pékin a toujours cherché à contrôler la narration des événements historiques, et il n’est pas surprenant que les utilisateurs de DeepSeek soient empêchés d’apprendre quoi que ce soit sur certains faits et événements.

Quelle est donc l’importance de tout cela ? Il y a plusieurs implications pour l’Occident sur le plan de l’économie et de la sécurité nationale. Sur le premier plan, Pékin est déjà accusée par l’Union européenne de dumping des produits subventionnés, en particulier des voitures électriques. Le régime chinois tente de se débarrasser d’une production excédentaire que son marché intérieur ne peut absorber. Il en va de même pour les panneaux solaires. DeepSeek est un autre produit chinois créé grâce à d’importantes subventions de l’État et que Pékin souhaite répandre dans le monde entier – et ce, sans se soucier le moins du monde de pratiques commerciales internationales équitables.

En ce qui concerne la sécurité nationale, les mêmes préoccupations soulevées à propos de TikTok s’appliquent à DeepSeek. On ne peut pas faire confiance à un État autoritaire qui s’ingère dans les affaires des démocraties occidentales, qui harcèle les diasporas et les dissidents chinois et qui, en termes simples, n’est pas un de nos amis, pour être permis d’utiliser et d’abuser de la technologie de l’IA chez nous. Est-ce qu’on peut conseiller d’utiliser DeepSeek à toute personne dont les opinions ne se conforment pas à la vision des choses du camarade Xi Jinping? Je pense que non.

Quelle est donc la solution ? Si la décision était laissée aux utilisateurs, il est probable qu’ils se tourneraient en masse vers ce nouveau concurrent chinois qui propose gratuitement un outil très performant. Après tout, pourquoi payer quelqu’un d’autre pour un service similaire ? Il appartient donc à nos gouvernements, sur la base des conseils des services de renseignement et de sécurité, de bloquer DeepSeek (comme l’a déjà fait l’Italie) ou, du moins, de limiter l’utilisation de cette technologie (en Australie et à Taïwan, par exemple, les agences gouvernementales ne sont pas autorisées à utiliser le service d’IA de DeepSeek).

Dans un monde parfait, les avancées et les découvertes de pointe devraient être largement partagées pour notre bénéfice commun. Hélas, le monde n’est pas parfait, et une grande partie de ce que fait le régime chinois le rend encore moins parfait.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.

Voir sur epochtimes.fr
PARTAGER