Des syndicats hospitaliers ont dénoncé lundi un « coup de communication » trompeur après les déclarations de Gabriel Attal sur un « investissement » à venir de « 32 milliards supplémentaires » sur cinq ans pour la santé, une augmentation « déjà prévue » et « insuffisante » au regard de l’inflation, selon eux.
En déplacement au CHU de Dijon samedi, le Premier ministre Gabriel Attal a qualifié l’hôpital de « trésor national » et a chiffré devant la presse à « 32 milliards d’euros supplémentaires » sur les « cinq ans à venir l’investissement » prévu dans le système de soins.
Matignon a ensuite rapidement précisé les choses : ces 32 milliards correspondent à la « hausse du budget de la branche maladie qui a été adoptée dans la dernière loi de financement de la sécurité sociale ». En clair, le chiffre ne correspond pas à une annonce nouvelle, mais juste un rappel de l’évolution des dépenses de santé (Objectif national de dépenses d’assurance maladie, comprenant l’hôpital mais aussi la médecine de ville), telle que prévue par la loi de programmation de finances publiques.
« Il n’y a aucune nouveauté »
Plusieurs syndicats ont dénoncé l’impression laissée par les propos de M. Attal. « Il n’y a aucune nouveauté et il est d’ores et déjà admis que cette hausse programmée du budget de la santé sera insuffisante, la hausse naturelle des dépenses de santé étant supérieure », critique lundi dans un communiqué le syndicat d’anesthésistes SNPHAR-E.
La Fédération Force ouvrière services publics de la santé appelle elle aussi dans un communiqué à se « méfier des coups de communication ». « 32 milliards : cherchez l’erreur ou la tromperie », écrit FO, rappelant que le gouvernement prévoyait plutôt dans son budget de « faire des économies » par rapport à la croissance naturelle des dépenses de santé.
Devant les caméras, « Gabriel Attal annonce 32 milliards, et sa porte-parole ajoute : on les a déjà donnés. On nous prend pour quoi ? », tance Jean-François Cibien, président de la coalition Action praticiens hôpital. « Ce n’est que de la “com”. Ce qu’on veut, c’est du dialogue social, le détail des investissements, une feuille de route claire », plaide-t-il.
Le président de la Fédération hospitalière de France Arnaud Robinet, qui regroupe les hôpitaux publics, a de son côté rappelé qu’à court terme, les hôpitaux publics étaient encore « en attente d’arbitrages majeurs, sans lesquels (leur) budget 2024 est d’ores et déjà insuffisant ». La FHF attend notamment une compensation de l’inflation pour 2023 et une restitution d’environ 800 millions d’euros du fait d’une sous-exécution budgétaire en 2023.
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