Elle a cru mourir plusieurs fois, s’est cachée pendant des heures sous les corps et est devenue une star en Israël. Yuval Raphael, rescapée de l’attaque de l’organisation terroriste Hamas du 7 Octobre, chantera pour son pays à l’Eurovision.
Cette survivante du massacre au festival de musique Nova, âgée de 24 ans, a remporté mercredi soir le concours de téléréalité HaKokhav Haba (La prochaine star), lui ouvrant les portes de l’Eurovision 2025, à Bâle, en Suisse, en mai. Lors du concours, la jeune femme, une simple amateure, a chanté entre autres une version ballade de Dancing Queen du groupe ABBA, la dédiant à « tous les anges » assassinés lors du festival.
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Et c’est les larmes aux yeux qu’elle a commenté jeudi à la radio publique Kan les images de sa performance. « C’est un moment où je me dis : quelle chance j’ai d’être ici. Et en même temps, cette chanson, c’est sur tous ces anges qui n’ont pas la chance d’être ici, c’est la raison pour laquelle je veux nous représenter. » Elle espère aujourd’hui se produire en anglais au concours, sur un texte encore à écrire, pour que le monde entier comprenne son message.
Une « histoire de Cendrillon incroyable »
Interrogé sur le site d’information Walla juste après la victoire de Yuval Raphael, un des membres du jury s’est réjoui de cette « histoire de Cendrillon incroyable, une jeune fille qui arrive comme ça, sans avoir suivi d’enseignement musical ». Une autre juge a résumé le symbole : « elle a survécu à l’horreur, s’est relevée des décombres et a fait de la diplomatie publique pour nous. »
Au petit matin du 7 Octobre, des combattants du mouvement terroriste palestinien Hamas infiltrés de la bande de Gaza, ont attaqué les quelque 3000 participants à ce festival en plein air, à deux kilomètres plus loin. Ils les ont traqués pendant des heures, tuant au moins 370 personnes, selon des données officielles israéliennes, et emmenant 44 otages à Gaza.
Une pluie de roquettes a précédé l’intervention des commandos, poussant les festivaliers – dont Yuval Raphael – à se regrouper dans de petits abris, des structures en béton rudimentaires construites sur le bord de la route. La jeune femme a raconté dans une interview à la radio publique Kan les huit heures passées dans l’abri, sous les corps de festivaliers abattus.
« L’abri se trouvait sur la route 232, ce qui veut dire qu’à peu près toutes les cellules des terroristes sont passées devant notre abri, et chacune d’entre elles a vérifié que nous étions bien morts » en ouvrant le feu, se souvient-elle. L’artère en question est aujourd’hui surnommée « route de la mort » : elle serpente entre les kibboutzim attaqués par les commandos palestiniens.
« La musique est tellement importante »
Dans un témoignage en avril devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, Yuval Raphael avait indiqué que sur plus de 40 personnes entassées dans l’abri, seules 11 en étaient sorties vivantes. « Les grenades arrivaient toujours après les tirs. À un certain moment, pour me cacher, je me suis mise sur le côté, ce qui a exposé mon oreille. J’ai enfoncé mon doigt dans l’oreille pour ne pas que mon audition soit touchée », a-t-elle expliqué jeudi. « La musique est tellement importante pour moi qu’elle m’a accompagnée même dans ce moment-là. »
La participation d’Israël à l’Eurovision 2024 à Malmö, en Suède, en pleine guerre contre le Hamas à Gaza déclenchée par l’attaque du 7 Octobre, avait été accompagnée de manifestations pro-palestiniennes rassemblant plusieurs milliers de personnes. L’Israélienne Eden Golan, sifflée à plusieurs reprises, était arrivée en cinquième position pour sa chanson Hurricane.
Yuval Raphael assure se sentir assez forte pour faire face aux possibles manifestations d’hostilité. « Je ne m’attends pas à arriver dans un endroit où tout le monde va m’aider et m’aimer. Je sais que je vais arriver dans un endroit hostile », a-t-elle dit, ajoutant qu’elle disposerait d’une équipe pour la soutenir, y compris un psychologue disponible en permanence. « Toute cette année m’a aidé à comprendre ce dont j’ai besoin pour garder le moral, dans une situation beaucoup plus difficile que des huées. »
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