Quelle stratégie à la rentrée pour le RN après la déception des législatives ?

Par Julian Herrero
28 août 2024 19:10 Mis à jour: 29 août 2024 01:13

Le Rassemblement national a fait sa rentrée en début de semaine. Marine le Pen et Jordan Bardella étaient reçus à l’Élysée lundi dans le cadre des consultations organisées par Emmanuel Macron. L’heure pour le parti à la flamme de montrer comment il peut rebondir presque deux mois après le résultat décevant des élections législatives anticipées. Sa forte présence au Palais Bourbon, le refus du chef de l’État de nommer Lucie Castets à Matignon et son travail effectué depuis cet été sur les candidats à investir pourraient le remettre sur le devant de la scène.

Le poids important du RN à l’Assemblée

Le RN est arrivé troisième à l’issue des élections législatives, derrière le Nouveau Front populaire et le bloc central. Un résultat bien en deçà des attentes de ses cadres et de ses partisans qui voyaient déjà Jordan Bardella Premier ministre d’Emmanuel Macron.

Cependant, même si le Rassemblement national n’a pas décroché la majorité absolue (289 députés), sa nette progression en nombre de sièges obtenus par rapport à 2022 et son alliance avec l’aile ciottiste des Républicains font de lui un bloc puissant qui sera difficile de contourner pour faire adopter des textes de loi. Le groupe RN et le groupe « À droite ! » d’Éric Ciotti comptent à eux deux 142 députés. Cette force permet également au parti de Marine le Pen de peser dans les discussions en cours entre le président de la République et les chefs de partis et de groupes parlementaires.

D’ailleurs, ce lundi, les deux leaders frontistes ont confirmé à Emmanuel Macron qu’ils soutiendraient une motion de censure en cas de nomination d’un gouvernement de gauche, y compris sans ministre issus de LFI. « Un gouvernement du Nouveau Front populaire sans ministres de la France insoumise ne changerait rien. C’est la France insoumise qui dirige le Nouveau Front populaire, c’est donc eux et Jean-Luc Mélenchon qui dirigeraient ce gouvernement », a écrit sur son compte X la cheffe des députés RN, à la suite des échanges avec le chef de l’État.

Il n’est donc pas exclu que la position ferme du RN ait joué un rôle dans la décision de l’actuel locataire de l’Élysée de ne pas nommer la candidate du Nouveau Front populaire à Matignon au nom de la « stabilité institutionnelle ».

Lucie Castets écartée et les divisions à gauche

Le RN pourrait donc tirer profit de la fin de non-recevoir adressée par Emmanuel Macron à la gauche unie pourtant sortie renforcée des législatives anticipées et qui a occupé l’espace médiatique une bonne partie de l’été en faisant la promotion de Lucie Castets.

En effet, cette décision pourrait refaire du Rassemblement national le principal parti d’opposition au pouvoir présidentiel. Une hypothèse renforcée par l’apparition de nouvelles divisions, à la fois dans le NFP, mais aussi à l’intérieur du PS. Les socialistes n’ont par exemple pas soutenu la menace de destitution du président de la République brandie par les insoumis dans les colonnes de la Tribune, le 17 août. « Cette tribune n’est signée que par les dirigeants de LFI. Elle n’engage que leur mouvement. La réponse à une nomination d’un Premier ministre qui ne serait pas conforme à la tradition républicaine, est la censure », avait commenté sur X le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure.

Au sein même du Parti socialiste, les divisions sont de plus en plus fortes, plus particulièrement entre les partisans d’Olivier Faure, favorables à la censure d’un gouvernement qui ne serait pas dirigé par une personnalité choisie par le NFP et le courant notamment porté par le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol et la maire de Vaux-en-Velin, Hélène Geoffroy soutenant la poursuite du dialogue avec Emmanuel Macron.

Remédier aux « brebis galeuses »

Le RN a tiré des leçons de l’échec des élections législatives, notamment concernant l’évaluation des profils des candidats investis. Un élément qui lui avait fait défaut et qui avait valu la démission du directeur général du parti, Gilles Pennelle, l’homme à l’origine du « plan Matignon ». Jordan Bardella avait lui-même reconnu dans l’entre-deux-tours sur le plateau de l’émission Face à BFM, la présence de « brebis galeuses » parmi les personnes investies.

Interrogée par le média Le Glob journal sur le racisme et la xénophobie de son parti, une candidate RN en Mayenne qualifiée au second tour, avait répondu que c’était « archi faux » et qu’elle avait elle-même « comme ophtalmo, un juif et comme dentiste, un musulman ». Une autre candidate, cette fois-ci en Normandie avait dû retirer sa candidature à la suite de la publication d’une photographie la montrant avec une casquette nazie.

Le parti a donc demandé à Aleksandar Nikolic, conseiller régional du Centre-Val de Loire et élu député européen, de passer au crible toutes les fédérations RN. Il s’agit pour le Rassemblement national de ne pas reproduire les erreurs de la campagne des dernières législatives et d’être irréprochables. « Il faut donc que les fédérations soient prêtes et qu’on n’ait aucun candidat qui crée des polémiques pour des publications sur les réseaux sociaux passées ou dans les déclarations et de meilleurs candidats dans les débats », a déclaré le parlementaire européen selon des propos rapportés par France Info.

Mais pour le RN, les obstacles ne semblent pas s’arrêter là. En cas de nouvelle dissolution et de nouvelles élections législatives en 2025, le parti de Jordan Bardella pourrait être de nouveau confronté au front républicain. Phénomène sur lequel il ne peut que difficilement influer.

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