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Quentin Hoster : « Bruno Retailleau et David Lisnard n’ont pas peur de leur ombre »

mars 11, 2025 16:58, Last Updated: mars 11, 2025 16:58
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ENTRETIEN – Quentin Hoster est directeur adjoint de Nouvelle Énergie, le parti libéral de droite fondé par David Lisnard. Dans un entretien accordé à Epoch Times, il revient sur le ralliement de David Lisnard à Bruno Retailleau, dans le cadre de l’élection à la présidence des Républicains.

Epoch Times – Quentin Hoster, dans un entretien au Figaro publié le 26 février, David Lisnard annonçait avoir conclu un accord avec Bruno Retailleau en vue de l’élection pour la présidence des Républicains. Quels sont les points communs entre les deux personnalités politiques ?

Quentin Hoster – Ils se connaissent depuis un certain temps. Les deux ont d’ailleurs participé ensemble à la campagne de François Fillon en 2017.

Ensuite, David Lisnard et Bruno Retailleau partagent une vision ordo-libérale de la droite. Pour eux, l’ordre et la liberté sont des valeurs cardinales et ne s’opposent pas.

Bruno Retailleau est certainement davantage conservateur que David Lisnard qui est lui-même plus libéral que le ministre de l’Intérieur, mais on parle ici de différences peu marquées. Ils partagent la même ligne sur beaucoup de sujets.

Ce sont deux personnalités de droite qui n’ont pas peur de leur ombre et qui n’ont pas l’intention de faire les choses à moitié.

Que va pouvoir apporter David Lisnard au projet de Bruno Retailleau ?

Une fibre plus libérale et la réhabilitation d’idées cardinales comme la décentralisation et la réforme de l’État.

L’idée, avec ce soutien de David Lisnard à Bruno Retailleau dans le cadre de la présidence des Républicains n’est pas du tout de laisser LR absorber Nouvelle Énergie, mais au contraire de bâtir un partenariat profitable aux deux mouvements : en cas de victoire, Nouvelle Énergie ramènera dans le giron de LR des électeurs qui s’en étaient éloignés par déception.

Puis, de son côté, le parti de David Lisnard gagnera en visibilité et pourra défendre des idées qui nous sont chères à l’instar de la libération de l’école, la simplification et la retraite par capitalisation.

« Il faut prendre acte que le temps des partis de masse, comme ce fut le cas il y a trente ans, est révolu », a affirmé David Lisnard. Qu’a-t-il voulu dire ?

En arrivant aux responsabilités en 2017, Emmanuel Macron a complètement bousculé le paysage politique en place depuis des décennies. Le bipartisme a laissé place au tripartisme. Maintenant, nous nous retrouvons avec l’extrême centre, le RN et l’extrême gauche.

Les législatives de juin 2024 ont bien montré que cette offre politique ne permettait pas de dégager une majorité claire au Parlement. Cette situation est paradoxale puisque la droite est très majoritaire dans le pays aujourd’hui.

En affirmant que le temps des partis de masse était révolu, David Lisnard a rappelé qu’en raison de la configuration politique actuelle, il est très difficile de reconstituer la droite. Les électeurs de droite qui étaient jadis regroupés derrière François Fillon se sont éparpillés dans plusieurs partis tels que le RN, Reconquête ou le bloc central.

Ainsi, en ralliant Bruno Retailleau, le président de Nouvelle Énergie tente de créer une dynamique autour d’une offre ordo-libérale pour rassembler ces électeurs orphelins.

Avec l’émergence de figures comme Bruno Retailleau et David Lisnard, diriez-vous que la droite est en train de vivre sa période « libérale-conservatrice » ?

Même si nous l’espérons, il est encore trop tôt pour le dire. Pour le moment, je pense qu’autour du succès de Bruno Retailleau, il y a surtout un plébiscite des idées d’ordre et de fermeté. En tant que ministre de l’Intérieur, il incarne l’ordre et la lutte contre l’insécurité, l’immigration illégale et le laxisme judiciaire. Nous verrons si dans ce gouvernement très hétéroclite, il parvient à obtenir des résultats.

Mais les idées libérales que porte David Lisnard ont incontestablement le vent en poupe. De plus en plus d’électeurs et de responsables politiques constatent l’échec du social-étatisme qu’il dénonce. Nous ferons tout pour faire fructifier cette dynamique.

À l’étranger, plusieurs exemples nous montrent que tout n’est pas aussi simple. Le président argentin, Javier Milei, n’a pas dévié de sa ligne libertarienne et a obtenu de vrais résultats, mais je note qu’aux États-Unis, nous sommes bien loin du libéralisme, notamment à cause du protectionnisme de Donald Trump et de sa politique à l’égard de l’Ukraine.

Vous parlez des États-Unis. Les politiques mises en œuvre par Elon Musk ne peuvent-elles pas constituer une source d’inspiration pour la droite française ?

La politique qu’est en train de mener Elon Musk aux États-Unis correspond assez à ce qu’entend mettre en œuvre David Lisnard en France : une cure d’amaigrissement de l’État qui passe par un choc de dérégulation. C’est indispensable si nous voulons rendre à nouveau l’État performant et les services publics efficaces.

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