Faisant fi des forces de l’ordre, des centaines de jeunes, parfois étrangers, collés les uns aux autres, s’éclatent sur de la techno : depuis jeudi soir une fête illégale bat son plein dans des hangars désaffectés d’un hameau breton, une vision « surréaliste » pour les riverains en pleine épidémie de Covid-19.
Au son d’une techno proprement assourdissante, des dizaines de « teufeurs » se lâchaient encore vendredi, les pieds dans la boue dans un vaste hangar industriel en tôle et en parpaings, où une banderole « Happy 2021 » a même été déployée. Très peu portent le masque.
A l’extérieur, de nombreux fêtards, essentiellement des jeunes, déambulaient, certains marchant une bouteille d’alcool à la main ou allant se restaurer dans l’un des stands présents, tandis que d’autres regagnaient leur voiture pour se reposer quelque temps avant de retourner sur la « piste » de danse.
Anaïs et Lucien, qui ne veulent pas donner leur vrai prénom comme toutes les personnes interrogées par l’AFP, ont retrouvé leur voiture pour manger un bout. Ils ont décidé de faire quatre heures de route jeudi soir des Charentes pour participer à la « teuf ».
« Ça rappelle des bons souvenirs ! ça faisait tellement longtemps qu’on n’en avait pas fait une… », explique ce jeune d’une vingtaine d’années, piercing sur le nez. « On a un peu hésité avant de partir mais on a bien fait. Il y a même eu un feu d’artifice pour le passage à la nouvelle année! « , lance Anaïs, devant le coffre de sa voiture où l’on retrouve des compotes liquides et du café au lait en brique pour « tenir ». Ils pensent eux rester jusqu’à dimanche, tandis que d’autres tablent sur mardi…
De très nombreux jeunes « teufeurs » expliquaient qu’ils avaient été guidés par une irrépressible envie de « liberté » alors que le confinement leur pèse considérablement.
Camille, qui est venu avec quatre copains du Finistère, a expliqué son envie de « s’évader » l’espace de quelques heures, en dépit d’un froid de canard et même s’il reconnaît que les gestes barrières n’ont guère été appliqués dans les hangars. « C’est très bien organisé à l’intérieur », a-t-il toutefois souligné, évoquant des couvertures chauffantes ou les stands de nourriture. Avec ses copains, il dit avoir découvert avec plaisir que des participants sont même venus d’Espagne ou d’Italie.
Beaucoup de « teufeurs » ont fait part à l’AFP de leur étonnement de voir que le lieu choisi était à proximité immédiate de nombreuses maisons, d’un restaurant et d’une PME de foie gras alors qu’elles sont généralement organisées dans des lieux plus isolés.
« Jusqu’à maintenant ça va, mais comment ça va se passer s’il faut les déloger ? », s’interroge une riveraine, en train de prendre un café sous un froid soleil avec des amis, et regardant des dizaines de fêtards, au look souvent excentrique, défiler devant elle.
« C’est assez surréaliste », abondait une autre habitante du hameau, non loin de la carcasse calcinée d’un véhicule de gendarmerie, signe que l’implantation de la fête n’a pas été sans incident jeudi soir avec les forces de l’ordre. Un dirigeant d’une petite entreprise pestait lui en découvrant que le grillage de sa société avait été endommagé.
Certaines tensions étaient palpables, notamment envers les journalistes dont la présence n’était pas forcément appréciée sur le lieu de la rave.
Si les gendarmes étaient présents à des carrefours à quelques kilomètres du hameau, leur présence était en revanche extrêmement discrète à proximité de la fête. Le bruit d’un hélicoptère montrait toutefois que la fête illégale inquiétait les autorités.
« Quand et comment cela va-t-il finir », soupirait une habitante, alors que la préfecture a comptabilisé 2500 teufeurs vendredi matin mais que certains nouveaux arrivants marchaient dans l’après-midi vers les lieux de la fête après en avoir entendu parler dans les médias, selon un photographe de l’AFP.
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