Plus de trois jours après la disparition d’Émile, deux ans et demi, dans un minuscule hameau des Alpes-de-Haute-Provence, l’enquête de terrain n’a rien donné. Accident, homicide, enlèvement ? « Toutes les hypothèses » restent étudiées par le parquet, qui « ne s’interdit rien ».
Samedi, 17h15 : Émile est aperçu pour la dernière fois, seul, par deux voisins, qui le voient sortir de la maison de ses grands-parents maternels, au Haut-Vernet, un hameau de 25 habitants accroché au massif des Trois Evêchés, dans les Alpes-de-Haute-Provence. C’est le premier jour des vacances d’été pour le bambin. Dans la maison, « plusieurs autres membres de la famille étaient également présents », mais aucun des deux parents, précise le parquet.
« Le temps que la famille, les proches, les voisins procèdent aux premières vérifications, le premier appel à la gendarmerie intervient vers 18h00 », selon Rémy Avon, le procureur de la République de Digne-les-Bains.
La famille d’Émile
Originaire de La Bouilladisse, une commune des Bouches-du-Rhône au pied du Garlaban, la famille d’Émile passe ses vacances au Haut-Vernet depuis une vingtaine d’années, a précisé à l’AFP le maire du village, François Balique. Les grands-parents maternels du garçonnet y possèdent une résidence secondaire.
Le grand-père, ostéopathe installé à La Bouilladisse, le berceau familial, a eu dix enfants, dont Marie, l’aînée, la mère d’Émile. Dix enfants tous scolarisés à la maison, comme l’a confirmé à l’AFP mercredi le maire de la commune, José Morales.
L’édile a évoqué une famille catholique « très croyante, très discrète, qui vivait un peu en autarcie ». Selon le quotidien régional La Provence, ils ne fréquentaient pas la paroisse locale, préférant la messe en latin donnée dans une église marseillaise.
Les parents d’Émile sont installés en couple à la Bouilladisse depuis environ un an, après leurs études à Marseille. Le père d’Émile avait été candidat aux élections régionales de 2021, en quatrième position pour les Bouches-du-Rhône sur la liste « Zou! », « la liste qui va vous débarrasser du système », conduite par Valérie Laupiès, ex-Rassemblement national.
Dimanche, un appel à témoins est lancé pour retrouver Émile, « deux ans et demi. Yeux : marrons. Cheveux : blond. Taille : 90 cm. Tenue : haut jaune/short blanc (avec un motif vert)/chaussures de randonnée ». La photo d’un garçonnet souriant, un pissenlit à l’oreille, l’accompagne. Une ligne téléphonique dédiée est ouverte, au 04.92.36.73.00. Mardi soir, elle avait reçu plus de 1200 signalements.
Opération de recherche « escargot »
Sur le terrain, dans le cadre de l’enquête ouverte pour « recherche des causes de disparition inquiétante », le parquet adopte une stratégie « dite de l’escargot », qui se concentre d’abord sur le hameau avant de s’élargir. Pendant deux jours, des centaines de bénévoles, randonneurs, chasseurs, viennent aider les enquêteurs. En vain. Lundi soir, le procureur de Digne annonce la fin des « battues citoyennes » et seules les opérations de « ratissage judiciaire » se poursuivent mardi et mercredi.
Un hélicoptère, des équipes cynophiles, des drones équipés de caméras thermiques : les gendarmes de la section de recherches de Marseille et de la brigade de recherches de Digne-les-Bains sont aussi épaulés par des sapeurs de la Légion étrangère spécialisés dans la recherche de caches. Équipés de détecteurs de métaux hypersensibles, ceux-ci vont jusqu’à sonder les bottes de foin les plus récentes, à la recherche de « matières ferreuses » comme par exemple une fermeture éclair ou un bouton des vêtements de l’enfant.
Si l’enquête n’a apporté « aucun indice, aucune information, aucun élément permettant de comprendre la disparition d’Émile », a concédé mardi soir le procureur de Digne, « une masse considérable » de données ont cependant été recueillies lors des auditions, ratissages de terrain et du travail technique et scientifique, notamment au niveau des données téléphoniques.
« Peut-être, sans le savoir, avons-nous récolté un indice déterminant », encore à analyser, a dit le magistrat, annonçant désormais « un second temps » de l’enquête : « un temps plus long, d’analyse, d’examen, moins de terrain », les opérations au Haut-Vernet devant « en principe se terminer mercredi ».
De fait, les 30 bâtiments composant le minuscule hameau ont tous été fouillés, 12 véhicules visités, les 25 habitants du bourg entendus et 12 hectares de terrain « méticuleusement ratissés ».
Émile s’est-il perdu seul ? S’agit-il d’un homicide, d’un enlèvement ? « Toutes les hypothèses restent d’actualité, aucune n’est privilégiée et aucune n’est exclue », insistait mardi soir Rémy Avon, reconnaissant que la possibilité de retrouver l’enfant vivant, s’il s’est perdu seul, était désormais « très réduite » : « Son pronostic vital serait très très engagé ».
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