Nouvelle épreuve de mathématiques en première, brevet indispensable pour le passage au lycée ou encore changement de règles pour le redoublement : Gabriel Attal a dévoilé mardi une série d’annonces pour « remettre de l’exigence » à l’école, au collège et au lycée en renforçant notamment l’enseignement des mathématiques et du français, dans un courrier adressé aux enseignants.
Après une consultation tous azimuts de la communauté éducative durant deux mois, Gabriel Attal a adressé mardi aux enseignants une lettre où il entend répondre au « défi de l’élévation du niveau », avant une conférence de presse prévue dans un collège parisien.
Brevet indispensable pour le passage au lycée, changement de règle pour le redoublement, nouvelle épreuve du bac en mathématiques en classe de première à partir de l’année scolaire 2025-2026, refonte des programmes en primaire et groupes de niveaux en maths et français au collège : telles sont les solutions censées répondre au bulletin de notes passable de la France dans l’enquête internationale Pisa.
Publiée mardi, l’étude Pisa 2022 qui évalue les performances scolaires des pays de l’OCDE pointe une baisse « historique » du niveau des élèves français en mathématiques dans le sillage d’une baisse globale au niveau international. Pour les maths, Gabriel Attal appelle à un « sursaut » et « déplore une chute du niveau de nos élèves, une perte du goût pour cette matière » alors qu’elle est « absolument fondamentale ».
École primaire : nouveaux programmes et la méthode de Singapour
Une nouvelle épreuve du bac en mathématiques et culture scientifique sera ainsi créée en classe de première à partir de l’année scolaire 2025-2026, a-t-il annoncé. Il veut également s’inspirer à l’école primaire de la méthode dite de Singapour, pays qui domine le classement Pisa, « en anticipant par exemple l’apprentissage des fractions et des nombres décimaux dès la classe de CE1 ».
Globalement « de nouveaux programmes s’appliqueront à l’école primaire, à commencer, dès septembre prochain, par les classes de la maternelle au CE2 », avec comme principes « la simplification » et « la clarification ».
« École, collège, lycée : mon souhait est bien de remettre de l’exigence à tous les étages. Avec la science et le bon sens comme boussole », souligne le ministre dans cette lettre, communiquée avant une conférence de presse de présentation de ces mesures prévue en début d’après-midi.
? « Les professeurs auront désormais le dernier mot en matière de redoublement »
— @GabrielAttal veut mettre fin à “l’hypocrisie” qui consiste à laisser passer des élèves au niveau supérieur sans qu’ils aient le niveau suffisant.#ChocDesSavoirs
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— Gabriel Attal Actu (@GAttalActu) December 5, 2023
« Le dernier mot du redoublement »
Symbole : Gabriel Attal a décidé de changer les règles du redoublement. Estimant que « notre école a besoin d’une revitalisation pédagogique à la main des enseignants », le ministre annonce notamment que les professeurs « auront désormais le dernier mot s’agissant du redoublement », dans le premier degré (maternelle et élémentaire) comme dans le second degré (collège et lycée).
Ils pourront aussi « recommander, voire prescrire » aux élèves des stages de réussite pendant les vacances scolaires « conditionnant leur passage dans la classe supérieure ». Il avait récemment affirmé qu’il fallait « revoir » la « question du tabou du redoublement ».
« Que propose le ministre ? Les groupes de niveau, ça produit des inégalités. Le redoublement, ça favorise l’exclusion. C’est ce que montrent toutes les études. Sur l’éducation, c’est une politique qui est fondée sur une idéologie rance de la droite conservatrice dont Gabriel Attal est donc le digne héritier », a dénoncé Arthur Delaporte, porte-parole des députés PS.
Collège : création des groupes de niveaux
Concernant le collège, des groupes de niveaux seront créés « à compter de la rentrée prochaine » en 6e et en 5e pour les enseignements de français et de mathématiques, et « à compter de la rentrée de septembre 2025 » en 4e et 3e. Par ailleurs, le brevet sera réformé pour renforcer son « exigence » et son obtention « conditionnera l’accès direct au lycée ». Les élèves qui ne l’obtiendront pas devront rejoindre une classe « prépa-lycée ».
Pour le lycée, le baccalauréat général et technologique, qui prévoit aujourd’hui une épreuve anticipée de français en fin de première, en comptera désormais une autre, « dédiée aux mathématiques et à la culture scientifique, pour l’ensemble de nos élèves », annonce-t-il.
Une baisse « historique » du niveau des élèves français
Le classement international Pisa qui passe au crible la compréhension de l’écrit, la culture mathématique et la culture scientifique s’est plus particulièrement penché sur les mathématiques en 2022. « En mathématiques, la forte baisse observée en France entre 2018 et 2022 est la plus importante observée depuis la première étude Pisa » en 2000, note l’OCDE qui précise que cette baisse est de « 21 points, contre une baisse de 15 points pour la moyenne OCDE ».
« La France ne connait pas sa première baisse de niveau en maths », lance Éric Charbonnier chargé de l’éducation à l’OCDE. Dans les éditions précédentes, « une baisse avait déjà été observée entre 2003 et 2006 puis les résultats sont restés stables entre 2006 et 2018 », précise-t-il.
La France connait également une forte baisse du niveau de ses élèves en compréhension de l’écrit, dont la tendance est à la baisse depuis 2012 dans le pays. « La performance des élèves a baissé de 19 points en compréhension de l’écrit, contre 10 points pour la moyenne OCDE » par rapport à 2019, explique l’OCDE.
D’autres pays européens, comme l’Allemagne – qui avait opéré depuis 2000 un redressement spectaculaire, dit « choc Pisa », la Finlande, où les inégalités entre filles et garçons se creusent, ou la Norvège, connaissent des baisses plus importantes que la France en mathématiques.
Outre le Covid-19, d’autres facteurs sont avancés par l’OCDE pour expliquer la baisse des résultats : la crise d’attractivité du métier d’enseignant, qui touche de plus en plus de pays, le manque de soutien aux enseignants et aux élèves, ou encore l’implication des parents, moins forte qu’en 2018.
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