Une nouvelle flambée de violences a eu lieu en Nouvelle-Calédonie, archipel français du Pacifique Sud, dans la nuit de dimanche à lundi, après l’incarcération en métropole de militants indépendantistes.
« La nuit a été agitée et marquée par des troubles sur l’ensemble de la grande terre (l’île principale, ndlr), sur l’île des Pins et Maré, nécessitant l’intervention de nombreux renforts : prises à partie des forces de l’ordre, incendies volontaires et barrages », a indiqué lundi dans un communiqué le Haut-commissariat, représentant de l’État français en Nouvelle-Calédonie.
Mairies attaquées, postes de police incendiés, barrages de la CCAT reconstruits et tirs sur les forces de l’ordre.
La nuit a été compliquée en #NouvelleCalédonie où les milices indépendantistes ont repris leurs exactions.
Courage aux forces de l’ordre et aux Calédoniens visés. pic.twitter.com/wVnHdwNfhh
— Bastien Vandendyck (@Bastien_VDK) June 24, 2024
Ce regain de tension intervient après le transfèrement en métropole, dans la nuit de samedi à dimanche, de plusieurs figures indépendantistes calédoniennes, soupçonné d’avoir orchestré les émeutes sur le « Caillou », pour y être incarcérés.
La Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), accusée par les autorités d’être à l’origine du soulèvement contre la réforme électorale en Nouvelle-Calédonie, a exigé lundi « la libération et le retour immédiat » de ses militants envoyés dimanche en métropole pour y être incarcérés.
« Nous exigeons la libération et le retour immédiat des frères et sœurs pour être jugés sur leur terre », a affirmé la CCAT dans un communiqué, dénonçant les « tactiques coloniales » de la France après l’arrestation et le transfert de ces indépendantistes, dont le porte-parole de la CCAT Christian Tein.
« Le verdict à l’encontre des 11 interpellés est intolérable, inacceptable et surtout injuste et injustifié », poursuit le communiqué de la CCAT, qui précise que les « prisonniers politiques » ont fait appel et que la justice doit statuer sous quinze jours.
Les émeutes causées par le vote d’un projet de loi constitutionnelle réformant le corps électoral de l’archipel, les plus graves depuis quarante ans, ont causé neuf mort et d’énormes dégâts matériels, selon le dernier bilan officiel.
Plusieurs incendies et des affrontements dans la nuit
À Dumbéa, au nord de Nouméa, chef-lieu de la Nouvelle-Calédonie, les locaux de la police municipale ont brûlé ainsi qu’un garage. Quatre véhicules blindés dont un de dernière génération – un Centaure – sont intervenus, a constaté un journaliste de l’AFP.
Les affrontements se sont déroulés près d’un garage automobile où des voitures étaient en feu. Quatre militants encagoulés se tenant derrière des barricades de fortune ont lancé des projectiles vers les forces de l’ordre en les invectivant, a observé un journaliste de l’AFP.
Près d’un grand magasin de matériel de sport entièrement détruit situé dans les environs, des indépendantistes campaient devant les forces de l’ordre lundi en début d’après-midi, l’un d’eux lançant « Libérez nos prisonniers ! ».
Des affrontements ont aussi opposé les forces de l’ordre à des indépendantistes à Bourail, commune située à moins de 200 km au nord de Nouméa, qui se sont soldés par un blessé, a appris l’AFP. La personne blessée n’a pas été touchée par une balle et n’est pas membre des forces de l’ordre, a précisé le haut-commissariat.
Lundi, dans le quartier de la Vallée-du-tir, une unité de policiers a délogé des émeutiers d’un barrage en flamme sur un rond-point, a indiqué un policier à l’AFP. Selon la même source, un homme agitait un drapeau kanak jusqu’à l’intervention de la police, qui déblayait le barrage pour la deuxième fois lundi.
Le Haut-commissariat a fait état « de plusieurs incendies maitrisés », en particulier à Ducos et dans le quartier de Magenta, ajoutant que « les locaux et des véhicules de la police municipale et de véhicules de particuliers » ont été incendiés.
« Des exactions, destructions et tentatives d’incendies ont également été commises à plusieurs endroits sur Païta », a ajouté le Haut-commissariat, soulignant que « la brigade territoriale de Maré a également été prise à partie ».
Fermeture des écoles et routes bloquées
La route qui mène à l’aéroport était bloquée lundi en début d’après-midi, en raison d’une opération de déblaiement par les forces de l’ordre, selon des journalistes de l’AFP.
Le pont aérien entre l’aérodrome de Magenta, situé dans le quartier du même nom à Nouméa, et l’aéroport international de La Tontouta, qui devait être levé totalement lundi, a été réactivé pour les passagers à l’arrivé ou au départ lundi, a annoncé la chambre de commerce et d’industrie (CCI), gestionnaire de l’infrastructure.
Lundi matin, de nombreuses écoles étaient fermées en raison du regain de violences et la voie express menant à l’hôpital est bloquée des deux côtés, au niveau du pont des érudits Apogoti.
L’association de prévention et de traitement de l’insuffisance rénale (ATIR) a annoncé lundi dans un communiqué que leurs « unités de dialyse du Grand Nouméa (Robinson, Koutio, DSM) sont actuellement fermées et dans l’incapacité de pouvoir accueillir patients et soignants en sécurité ».
« Nos soignants attendent de pouvoir retourner sur les unités de dialyse dès que la situation le permettra à nouveau, tout comme les ambulances transportant les patients qui ont beaucoup de mal à se déplacer », a prévenu l’ATIR.
L’archipel du Pacifique sud est en proie à de violents troubles depuis le 13 mai, nées de la contestation d’un projet de loi de dégel électoral. Les événements ont fait neuf morts, dont deux gendarmes, et d’immenses dégâts, chiffrés à plus d’un milliard d’euros.
Le président Emmanuel Macron a suspendu mi-juin le projet de loi qui a mis le feu aux poudres et cristallisé la colère du camp indépendantiste : il prévoyait une réforme constitutionnelle modifiant les critères électoraux pour les élections provinciales calédoniennes, ce qui aurait eu pour conséquences, selon ses opposants, de marginaliser le poids du peuple autochtone kanak.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.