À l’occasion de la visite en Chine du premier ministre Justin Trudeau, des groupes canadiens lui ont demandé de soutenir les droits de l’homme des Chinois, de demander la libération des prisonniers d’opinion et d’aider à stopper les gestes répressifs qui sont commis en sol canadien.
Une coalition de groupes, dont Amnesty International, demande à M. Trudeau de faire des droits de l’homme une partie intégrante de la relation du Canada avec la Chine. Le commerce est important, mais il ne devrait pas être la seule priorité, selon Alex Neve, secrétaire général d’Amnesty International Canada.
« [Les droits de l’homme] sont absolument LA question qui est toujours soulevée lorsqu’un premier ministre canadien va en Chine ou qu’un dirigeant chinois visite le Canada », a mentionné M. Neve en conférence de presse le 30 août à Ottawa.
« Nous souhaitons que le premier ministre se fasse le champion de mettre fin aux diverses violations des droits de l’homme qui touchent des millions et des millions de Chinois chaque jour », a-t-il ajouté.
Parfois, ils vont même placer leurs gens dans les organisations médiatiques afin de prendre contrôle de la couverture des nouvelles.
– Gloria Fung, Canada-Hong Kong Link
La Coalition canadienne pour les droits de l’homme en Chine, qui comprend des groupes tibétains, ouïghours, prodémocratie ainsi que le Canada-Hong Kong Link et l’Association du Falun Dafa du Canada, souhaite une nouvelle approche qui verrait les droits de l’homme soulevés à chaque occasion et sur toutes les plateformes. Cela devient important dans l’éventualité de la conclusion d’accords commerciaux.
« Nous n’avons jamais eu de stratégie canadienne exhaustive sur comment soulever les droits de l’homme avec la Chine et qui devrait le faire. La tâche a été laissée à une poignée de diplomates déterminés plutôt qu’à la totalité des responsables canadiens qui interagissent avec la Chine. »
Selon M. Neve, le commerce qui respecte les droits de l’homme est la bonne chose à faire à plusieurs égards.
« Une mauvaise politique commerciale peut mener à des violations des droits de l’homme ou contribuer à saper les protections des droits », estime-t-il.
De plus, « si vous établissez une politique commerciale qui respecte les droits de l’homme, c’est une question de primauté du droit, ça se rapporte à un système de justice qui fonctionne adéquatement et c’est une excellente nouvelle d’un point de vue des affaires et des investissements également ».
La visite de Justin Trudeau en Chine survient au moment où l’actuel dirigeant chinois, Xi Jinping, s’approche de son objectif d’écarter complètement du pouvoir Jiang Zemin. Ce dernier a contrôlé le régime de manière officielle de 1989 à 2002, ensuite par l’entremise d’intermédiaires jusqu’en 2012 en plaçant ses acolytes dans les organes supérieurs du Parti communiste chinois. De cette manière, il a essentiellement subverti la décennie au pouvoir de Hu Jintao.
Il y a espoir, chez certains observateurs de la Chine, que Xi Xinping aiguillera son pays vers la démocratie lorsqu’il aura accumulé assez de pouvoir au sein du Parti.
Les pratiquants de Falun Gong, aussi appelé Falun Dafa, ont demandé à M. Trudeau qu’il intervienne pour que Jiang Zemin soit traduit en justice pour avoir lancé et orchestré la persécution violente de la discipline spirituelle.
Shawn Li, président de l’Association du Falun Dafa du Canada, affirme que les pratiquants de Falun Gong à travers le Canada ont récemment recueilli plus de 120 000 signatures demandant à M. Trudeau d’exhorter le régime chinois à mettre fin à la persécution.
Le long bras de Pékin
M. Li affirme que la persécution du Falun Gong affecte aussi des gens au Canada.
« La société occidentale n’a pas été épargnée non plus : propagande haineuse, interférence et commerce sont utilisés pour faire taire les voix qui s’élèvent afin de camoufler ces terribles crimes en Chine », estime-t-il.
D’autres groupes ont soulevé cette préoccupation.
« Certainement, il y a des inquiétudes profondes et de longue date que les autorités chinoises interfèrent avec les activités – et ainsi les droits – de groupes de militants établis ici au Canada », affirme M. Neve.
Gloria Fung, directrice de Canada-Hong Kong Link, indique qu’elle étudie cette question depuis son arrivée au Canada il y a 26 ans.
« Je surveille la stratégie internationale d’infiltration et de manipulation de l’opinion publique sur la Chine au Canada. L’infiltration survient essentiellement à trois niveaux différents », ajoute-t-elle.
Le premier niveau est le lobbying effectué auprès des élus, une pratique qui a soulevé la controverse lorsqu’elle a été révélée par Richard Fadden en 2010 alors qu’il était directeur du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS).
Les médias représentent le deuxième niveau, explique Mme Fung.
« Ça peut être le contrôle direct des organisations médiatiques ou l’influence indirecte de l’opinion d’un média par l’entremise d’un média officiel, ou bien en faisant pression sur les secteurs de la publicité et des affaires. »
« Parfois, ils vont même placer leurs gens dans les organisations médiatiques afin de prendre contrôle de la couverture des nouvelles », explique-t-elle.
Récemment, cette stratégie accordait une plus grande importance aux médias sociaux.
« Le travail sur la communauté est le troisième niveau. En tant qu’ex-vice-présidente du Chinese Canadian National Council, alors que nous nous battions si fort pour obtenir des réparations pour la taxe d’entrée et la loi sur l’exclusion [des Chinois], nous avons subi une tonne d’interférences venant de l’ambassade chinoise ici. »
Mme Fung affirme que la pression venant d’individus proches de l’ambassade chinoise est un problème constant.
« Cela démontre l’étendue des tentacules de l’ambassade chinoise sur différentes sphères en sol canadien », mentionne-t-elle.
Miss Canada Monde, Anastasia Lin, a fait la manchette plus tôt cette année lorsqu’elle a révélé comment son père avait été menacé en Chine pour forcer Mme Lin à cesser sa campagne pour les droits de l’homme au Canada.
Il est de notoriété publique que les responsables de la sécurité rendent fréquemment visite en Chine aux membres de famille de militants établis à l’étranger afin d’empêcher la diaspora chinoise de s’exprimer sur les droits de l’homme et autres questions concernant leur terre natale.
En 2014, le Citizen Lab, un laboratoire interdisciplinaire établi à la Munk School of Global Affairs de l’Université de Toronto, a découvert que les ONG impliquées dans la défense des droits de l’homme en Chine étaient victimes de cyberattaques chinoises aussi sophistiquées que celles qui affectent les gouvernements et les 500 entreprises les plus importantes selon le classement établi par le magazine Fortune.
Version originale : Canada-China Relations: Comprehensive Rights Strategy Needed, Says Amnesty
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