Au lendemain de l’attentat d’Arras qui a coûté la vie à un professeur de français, Renaud Muselier, président de la région PACA, relance le projet lancé en 2018 d’instaurer la reconnaissance faciale à l’entrée des lycées.
Alors que de nombreux lycées se posent la question de revoir ou d’améliorer la sécurité à l’entrée de leurs établissements, Renaud Muselier relance ce projet de reconnaissance facial, lequel avait déjà été retoqué en 2020.
La région PACA souhaite donc installer un système de caméras biométriques devant deux lycées afin d’instaurer la reconnaissance faciale des élèves qui y pénètrent. « Les badges peuvent être volés et les carnets de liaison ne sont pas forcément bien contrôlables, argumente Véronique Borré, vice-présidente de la région en charge de la sécurité sur 20 Minutes. L’idée est d’apporter une solution plus sécurisée. Nous avions porté le projet d’une expérimentation dans le passé, et nous sommes prêts à pouvoir tester ce dispositif, pour après faire un bilan au bout de six mois ou un an et voir comment cela a été perçu par les étudiants et les professeurs, si cela a eu un impact sur la fluidité aux abords de l’établissement… Pour ensuite, pouvoir équiper l’ensemble des lycées, pour un montant que l’on a estimé entre un million et 1,5 million d’euros. »
Des « moyens alternatifs moins intrusifs »
En 2018, l’expérimentation avait déjà été testée avec le groupe informatique Cisco, au lycée professionnel Ampère dans le 10e arrondissement de Marseille, ainsi qu’au LEGT Les Eucalyptus de Nice. Mai la commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) avait apposé son veto, estimant que le principe de proportionnalité n’était pas respecté.
« En présence de moyens alternatifs moins intrusifs, tel qu’un contrôle par badge, le recours à un dispositif de reconnaissance faciale pour contrôler les accès à un lycée apparaît disproportionné », estimait l’institution.
En 2020, l’affaire avait ensuite été portée au tribunal administratif par des associations de défense des droits, les juges ont considéré que la région n’avait pas montré « l’intérêt public » de son dispositif. « Le meilleur gage de sécurité est de développer l’accompagnement des élèves tout au long de l’année pour permettre que les jeunes se sentent faire partie de l’école, et pas des contrôles à l’entrée et qu’ils rentrent comme dans un pénitencier », estimaient-ils.
Cinq ans plus tard et quelques semaines après cette nouvelle attaque terroriste envers un professeur, Renaud Muselier relance le projet et promet même de déposer un dossier pour la fin de l’année. « À l’époque, il n’y avait pas ce sondage sorti, avec plus de 70% des Français qui sont pour. Et il n’y avait pas eu tous ces drames que nous venons de vivre. Donc j’espère que ce sont des éléments facilitateurs », a déclaré M. Muselier sur France Bleu.
Dans un contexte où l’intelligence artificielle fait des émules afin de sécuriser les espaces publics, le Sénat a voté fin juin l’autorisation de recourir à la vidéosurveillance avec reconnaissance faciale dans des contextes précis, tels que les alertes attentat ou enlèvements d’enfants.
#reconnaisancefaciale le Sénat a adopté une proposition de loi LR et centriste visant à expérimenter le recours à la reconnaissance faciale dans l’espace public. pic.twitter.com/xfgwaTWqdI
— Public Sénat (@publicsenat) June 12, 2023
Pour autant, lors des prochains Jeux olympiques 2024 en France, au cas où des caméras « intelligentes » seraient capables de détecter des objets dangereux ou des mouvements de foules suspects, la reconnaissance faciale ne sera pas autorisée pour autant.
De la sécurité publique au flicage dictatorial, la Chine en exemple
En effet, le risque de « flicage » et d’atteinte aux libertés individuelles constitue une vraie préoccupation face à de telles technologies. En témoigne ainsi la situation désastreuse vécue en Chine, régime totalitaire et dictatorial, premier pays à user de la reconnaissance faciale. En 2019, 20 millions de caméras étaient déjà déployées à travers tout le pays, identifiant et enregistrant les faits et gestes des individus, ciblant notamment les dissidents ou les minorités religieuses ou de conscience, mais faisant déjà autorité pour des demandes aussi simples, telles que prendre un abonnement de téléphone portable ou encore entrer dans son immeuble d’habitation.
Dans un article publié le 14 janvier 2019 par Bitter Winter, un magazine sur la liberté religieuse et les droits de l’homme en Chine, des habitants de la ville de Xi’an, dans la province du Shaanxi, déclaraient ainsi : « Le PCC nous surveille déjà dans nos foyers, quelle vie privée nous reste-t-il ? C’est comme si nous avions tous des cordes autour du cou et qu’on nous tenait en laisse. Nous vivons tous sous un microscope, et c’est terrifiant. »
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