Alors que sa génération est globalement obsédée par la célébrité, les likes sur Instagram et le matérialisme, c’est loin d’être le cas pour Gillian Larson. À son âge, beaucoup passent leur temps à prendre des selfies dans des bistrots et des bars branchés, dans l’espoir qu’ils deviennent viraux, mais cette trentenaire passionnée de chevaux préfère découvrir de magnifiques paysages en solitaire.
Depuis près de dix ans, cette passionnée d’équitation pratique le « thru‑riding », qui consiste à parcourir l’intégralité d’un parcours en une saison.
« Un des effets les plus puissants du thru‑riding, c’est la façon dont ça change la perspective d’une personne sur ce qui a de la valeur et du sens », explique Gillian à Epoch Times.
« Lorsqu’on fait un tel voyage, tout devient centré sur le moment présent – accomplir les kilomètres de la journée, trouver un endroit pour camper, trouver de la nourriture et de l’eau pour les chevaux, puis s’enrouler dans un sac de couchage sous les étoiles. »
Lors de telles excursions, rien d’autre ne compte que les nécessités de la vie, ajoute‑t‑elle. Gillian trouve une énorme satisfaction dans la réussite de chaque journée, « lorsque on est en sécurité avec les chevaux pour la nuit. »
Chaque jour apporte un sentiment d’accomplissement, c’est tangible et c’est réel.
« Ça permet de garder les pieds sur terre et ça rend la vie très simple, pure et réelle », ajoute‑t‑elle. « Tout ce qui se trouve en dehors de ces éléments immédiats semble insignifiant et sans importance. »
« Je ne pense pas aux messages des médias sociaux, à la politique ou à la prochaine tendance de la mode, mais à grimper une colline, à scier un arbre ou à trouver un cours d’eau claire. »
En écoutant ses histoires, on peut presque entendre le ruissellement d’une source, sentir les pins et la fraîcheur de l’air de l’arrière‑pays américain. Il est facile de comprendre qu’une vie aussi proche de la terre puisse plaire à Gillian, tout en lui permettant de gagner sa vie.
Son entreprise, la Gillian Larson Wilderness Horsemanship, vise à guider les aventuriers en herbe dans leur exploration de l’arrière‑pays. Elle propose également des services de débourrage et de dressage de jeunes chevaux.
Gillian Larson a toujours suivi les sentiers les moins fréquentés. Sa mère, une cavalière passionnée, qui montait à cheval tout en étant enceinte, était focalisée sur le dressage de compétition, tandis que Gillian, qui a eu son premier poney à l’âge de 7 ans, a toujours eu un côté plus sauvage ; en grandissant à Topanga, juste à côté de Los Angeles, l’exploration des sentiers, l’équitation sur les plages et le camping la motivaient davantage.
Il a suffi d’une simple conversation pour éveiller chez cette native de SoCal la passion de l’exploration. Après avoir obtenu un baccalauréat en biologie à Cal Poly, Gillian Larson a décidé de partir en voyage, prévoyant de travailler sur un diplôme à l’automne.
« Je pensais avoir le temps pour une aventure entretemps », dit‑elle. « Ma mère et moi avions fait une randonnée dans la Sierra l’été précédent et elle m’avait raconté comment elle avait entendu parler d’une femme qui avait établi un record de vitesse en parcourant un sentier du Mexique au Canada. Elle comparait la façon dont cette femme parcourait 50 ou 80 km par jour, à celle dont nous nous efforcions de parcourir les 18 km qui nous séparaient du camp dans la haute Sierra où nous allions séjourner, mais moi tout ce que j’avais en tête, c’ était le ‘sentier du Mexique au Canada’. »
Pour Gillian Larson, ce sentier représentait tout ce qu’elle avait toujours voulu. Elle n’avait jamais entendu parler d’une telle initiative, mais une fois qu’elle en a eu connaissance, elle voulait en faire autant.
À l’âge de 22 ans, Gillian a parcouru le Pacific Crest Trail (PCT) de la frontière mexicaine jusqu’au parc Manning en Colombie‑Britannique, au Canada, ce qui fait d’elle probablement la plus jeune personne à avoir jamais parcouru le sentier en solitaire.
Le périple a duré des mois, après quoi elle s’est immédiatement retrouvée à l’université, devant raccourcir son séjour et tronquer son voyage. À proximité de la California State University, Northridge, où elle étudiait, elle a complété le parcours au milieu du semestre.
« J’avais été très naïve quant au temps nécessaire pour terminer le sentier, admet‑elle, et à la façon dont je serais retardée par la persistance du manteau neigeux en altitude… Et la quasi‑totalité du sentier se trouve en altitude ! »
Chaque jour du parcours était un défi. Gillian a constamment dû élaborer des stratégies.
« Il y a toujours des choses qui nous empêchent d’être sur la piste, que ce soient les fermetures dues aux incendies, les blocages dus à la neige, le temps passé à voyager pour se rendre vers un nouveau point de départ, la nécessité de faire reposer les chevaux, la difficulté de trouver de la nourriture pour réapprovisionner les chevaux, les visites chez les maréchaux‑ferrants et les vétérinaires pour les soins, les pannes de véhicules, etc. »
Mais le plus grand obstacle a été sans aucun doute la neige, qui est apparue au bout de 300 km, lorsque la piste passait sous le mont San Jacinto.
« Je n’étais absolument pas préparée à la neige, parce que toute ma vie j’avais vécu dans le sud de la Californie et je n’avais jamais eu affaire à la neige auparavant », se souvient‑elle. « Je n’avais aucune idée du temps qu’il fallait pour que la neige fonde dans la Sierra ou dans l’Oregon et Washington. »
Gillian avait calculé qu’il lui faudrait une centaine de jours à cheval pour terminer son parcours de 4 200 km. La date du début des cours approchait et, au lieu de prendre le temps d’attendre la fonte des neiges, elle a sauté des étapes du chemin, poursuivant sa route jusqu’à la frontière canadienne. Puis, tout en suivant ses études, elle a choisi de revenir sur ses pas dans les Sierras les week‑ends pour compléter les sentiers manqués.
Lorsqu’elle a finalement achevé le parcours, le week‑end de la fête du travail en 2014, elle était heureuse mais épuisée. La randonnée n’avait pas seulement été éprouvante physiquement, c’était aussi difficile psychologiquement, car Gillian avait l’impression de faire vivre à ses chevaux des situations difficiles inutilement par son manque de prévoyance.
« J’avais tellement de respect pour mes chevaux, qui m’ont permis de traverser les moments les plus terribles, qui m’ont fait confiance et qui ont fait tant d’efforts pour moi », explique‑t‑elle. « J’avais le sentiment de les avoir négligés en n’étant pas en mesure de leur offrir de meilleures conditions pour la tâche qu’ils devaient accomplir. »
Les liens qu’elle a formé avec son destrier Shyla et son poulain Takoda, qu’elle utilisait principalement comme animal de bât, sont très forts. Malheureusement, Gillian a perdu sa chère Shyla , qui est morte soudainement d’une crise cardiaque en 2019. Elle a cependant eu le temps de vivre d’autres aventures avec elle.
En 2016, elle est repartie pour accomplir le PCT, avec les deux mêmes chevaux – cette fois, « une expérience beaucoup plus réussie et profondément gratifiante », dit‑elle.
Après quoi, elle et Shyla ont parcouru des sentiers plus courts à travers l’Arizona et le Colorado, la Continental Divide Trail du Mexique au Canada et un itinéraire qu’elle a elle‑même créé à travers l’Utah, en partant du côté sud du Grand Canyon, en traversant l’Utah, puis en continuant jusqu’à la frontière du Wyoming. Au total, l’équipe a traversé neuf états différents, parcourant plus de 16 000 km.
Depuis, Gillian Larson a effectué d’autres randonnées passionnantes avec d’autres chevaux, notamment un voyage mémorable dans le Grand Canyon avec sa mère : « [ Ma mère est] un soutien indéfectible tout au long de mes randonnées, elle m’a aidée à me retrouver aux points de ravitaillement, elle a roulé jusqu’au Canada pour venir me chercher à la fin des randonnées et elle a accompli d’innombrables choses par pur altruisme pour me permettre de réaliser mes rêves. »
Mais elle n’a pas encore forgé de liens aussi solides avec un autre cheval comme ceux qu’elle avait avec Shyla.
« Elle était forte, rapide, courageuse et belle », raconte Gillian. « Quand je l’ai eue, elle était distante et indépendante, mais au fil des ans, nous avons appris à compter l’une sur l’autre, et lorsque nous étions seules ensemble sur les sentiers de l’arrière‑pays, nous étions de véritables partenaires. »
« Rien de ce que j’ai accompli n’aurait été possible sans son intelligence, son énergie, son courage et sa confiance. »
Sur sa jument adorée, Gillian Larson a vu certains des paysages les plus mémorables et des plus vierges d’Amérique. Un jour, elles traversaient la région sauvage de Goat Rocks dans la chaîne des Cascades, dans le sud de l’État de Washington. C’était vers la fin de leur deuxième randonnée sur le PCT, et le temps était sombre et couvert. Arrivées dans une zone particulièrement spectaculaire du sentier, appelée Knife’s Edge, où la randonnée suit une crête montagneuse, elles ont vu quelque chose d’inoubliable.
« Tout d’un coup, le ciel couvert de nuages s’est dégagé et nous nous sommes retrouvées sous un ciel bleu brillant, avec une vue dégagée sur les sommets enneigés du Mont Rainer devant et du Mont Adams derrière. C’était absolument magnifique, et cela correspondait à mon état d’esprit d’admiration et de gratitude pour l’habileté de mon cheval à naviguer sur ce terrain dangereux. »
« J’ai vibré devant la beauté pure de la scène, avec les nuages qui roulaient sous nous comme des vagues et le soleil de fin d’après‑midi qui donnait à tout un éclat doré. C’est un des moments les plus forts de toutes mes randonnées… J’ai éprouvé un sentiment de pure joie. »
Pourtant, le thru‑riding exige une énorme force physique et mentale, car il faut cravacher pendant 10 à 12 heures par jour pendant de longues périodes, seul dans la nature, en s’occupant des animaux.
« Oui, ils me portent souvent sur le sentier, bien qu’en réalité, je marche beaucoup chaque jour – 10 à 15 km au moins – et je ne suis pas seulement une passagère », dit‑elle.
« Un principe très important du thru‑riding pour moi est de toujours mettre le bien‑être de mes chevaux en priorité, ce qui signifie qu’il faut s’assurer qu’ils sont dans de bonnes conditions de confort, qu’ils sont bien nourris et reposés lorsque nous sommes au camp et qu’ils reçoivent un ferrage spécial et des soins des sabots pour garder leurs pieds forts et sains. »
Des moments comme ceux là compensent tous les efforts, dit‑elle, tout comme la transformation qu’apporte un voyage à cheval dans l’arrière‑pays.
« Cela a changé ma façon de voir le monde et de considérer ce qui est important », ajoute‑t‑elle. « Chevaucher sur une piste difficile et isolée, où la vie passe à cinq kilomètre heure, où chaque jour il y un objectif clair : arriver en toute sécurité au prochain campement, où des choses simples comme l’eau, la nourriture, un repas chaud et un lit chaud prennent une nouvelle importance, où le lien physique et émotionnel entre vous et votre cheval devient votre lien le plus fort avec toute autre créature vivante – tout cela change la façon dont vous voyez le monde, et la façon dont vous vous voyez vous‑même. »
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