Répression sur l’industrie du divertissement : le PCC purge des célébrités et des influenceurs chinois

Par Crispin Rovere
4 octobre 2021 09:10 Mis à jour: 4 octobre 2021 09:10

Xi Jinping a pris le contrôle de l’industrie du divertissement, qui représente 310 milliards d’euros et cherche à aligner toutes les tendances culturelles en Chine sur les dogmes du Parti communiste chinois (PCC) par le biais d’un « plan en huit points » qui oriente les diffuseurs vers des modèles acceptables de divertissement.

Le plan publié par l’Administration nationale de la radio et de la télévision (NRTA) du Parti communiste chinois (PCC) ne tolère aucune opposition à la doctrine gouvernementale ni même aux sources alternatives d’influence sociétale. Il proscrit également toute célébrité ayant une « politique incorrecte », ne reflétant pas « des normes de beauté correctes », « faisant étalage de richesse », « agissant de manière vulgaire » ou « parlant ou se comportant contre l’ordre public et la morale ».

« Xi Jinping oblige la Chine à faire un plus gros effort d’introspection afin qu’elle résolve les déséquilibres économiques et les problèmes de convoitise », explique le célèbre producteur de films Chris Fenton pour Epoch Times« La disproportion des richesses est un problème important », dit-il, « enfin, le PCC veut avoir la main sur l’influence sociale de la culture des célébrités progressiste et occidentale. »

M. Fenton, dont les films comprennent des blockbusters tels que 47 Ronin, Looper et Ironman 3, a écrit un livre sur la captation des entreprises américaines intitulé Feeding the Dragon : Inside the Trillion Dollar Dilemma Facing Hollywood, the NBA & American Business.

Pendant ce temps, le PCC a déjà commencé une purge des grandes célébrités et des influenceurs en ligne qu’il a jugés inacceptables.

La célèbre actrice chinoise Zheng Shuang a été condamnée à une amende de 46 millions de dollars (40 millions d’euros) pour « fraude fiscale » et s’est vu interdire l’accès aux médias sociaux et à la télévision.

Une autre actrice célèbre, Vicki Zhao, a vu toutes ses apparitions au cinéma et à la télévision supprimées des plateformes chinoises de diffusion en continu. Par ailleurs, l’acteur Zhang Zhehan a été placé sur liste noire après l’apparition de photos le montrant en train d’assister à un mariage au sanctuaire japonais de Yasukuni, qui rend hommage aux Japonais morts à la guerre, bien que l’acteur ait publié de véhémentes excuses.

L’industrie musicale chinoise a également été secouée, avec l’interdiction des archétypes masculins efféminés.

Les boys bands tels que TFBoys, Wayv, INTO1, Uniq, Super Junior-M et Exo-M risquent d’être retirés de la circulation par le PCC en tant qu’« idoles masculines féminines », à moins qu’ils ne changent radicalement leur image. Et ce, bien que certains aient activement travaillé à la promotion du PCC. En 2015, par exemple, TFBoys figurait dans une vidéo des jeunes pionniers du PCC. Il y a peu, en 2020, les membres du groupe ont été choisis comme ambassadeurs du programme d’exploration sur Mars de la Chine.

La façon dont les nouvelles règles s’appliquent à la promotion et au contenu est préoccupante pour l’industrie du spectacle en Chine. Par exemple, tous les classements de célébrités sont désormais interdits, de même que tout vote de popularité ou même les fan-clubs. En outre, les grandes émissions à talents telles que « Idol Producer »« Youth With You » et « Produce 101 China » sont toutes annulées, à un moment où leur audience est au plus fort, avec des millions de téléspectateurs du monde entier.

Depuis longtemps, Hollywood joue un double jeu pour accéder aux consommateurs chinois ; mais, la répression en cours pourrait finalement conduire à une impasse, selon M. Fenton.

« Il est de plus en plus évident que le calcul risque/récompense pour la Chine approche d’un point de bascule », déclare M. Fenton. « J’ai bon espoir qu’Hollywood arrêtera de se plier aux exigences du PCC. »

Tout en entrainant un choc financier, le retrait de la Chine pourrait avoir un impact positif à Hollywood, soutient-il.

« L’incertitude économique combinée aux pressions des consommateurs et des politiques de l’Ouest pourrait influencer Hollywood à revenir à la réalisation de films non entravés par la censure et les récits forcés », poursuit M. Fenton. « Si tel est le cas, d’autres marchés dans le monde récompenseront largement ce type de contenu. »

Un autre énorme secteur touché, celui des influenceurs et diffuseurs de contenus en ligne.

Le marché chinois du live-streaming en ligne aurait connu une croissance de 121 % en 2020-21, et sa valeur est désormais estimée à 149 milliards de dollars ; il est porté par les consommateurs de plus en plus nombreux de la génération Z (nés entre 1997 et 2010) et les milléniaux (nés entre 1981 et 1996). Les meilleurs influenceurs peuvent être suivis par des millions d’admirateurs, et vendre des produits sur Taobao Live, la plate-forme de diffusion en direct d’Alibaba, Baidu ou JD.com.

Le ministère chinois du Commerce a défini de nouveaux « standards industriels » pour réglementer tout cela, notamment la façon dont les diffuseurs doivent s’habiller, parler et se comporter.

La plupart des diffuseurs professionnels en Chine sont connus sous le nom de streamers IRL (in real life). Pour une grande majorité, ce sont des femmes de moins de 26 ans, qui s’assoient devant une caméra pour chanter, danser et discuter de la vie et attirer des millions d’adeptes, principalement des hommes.

Les influenceurs reçoivent des « cadeaux » virtuels de la part de leurs admirateurs, et certains gagnent jusqu’à 45 000 euros par mois. Les meilleurs streamers sont aussi généralement sous contrat avec de grandes agences qui les encadrent, leur fournissent des studios, des soins et une formation.

On craint que les nouvelles réglementations gouvernementales menacent ce marché relativement jeune, le PCC cherchant à augmenter le taux de mariage et à réduire les comportements en ligne contraires à l’idéal du Parti.

Les craintes ont commencé suite aux répressions très médiatisées de grands entrepreneurs de l’Internet, tels que le fondateur d’Alibaba, Jack Ma, parmi d’autres milliardaires chinois qui s’engagent désormais unanimement dans de grandes démonstrations philanthropiques de fidélité à ce que le PCC appelle la « prospérité commune ».

M. Fenton affirme que la répression est loin d’être terminée, notant que le PCC cible désormais toute personne célèbre ou fortunée.

« Toute personne qui n’est pas en phase avec le programme du Parti peut être sa prochaine cible, surtout si elle est bien en vue et riche », conclut-il.


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