Le 7 février, la police métropolitaine de Tokyo a arrêté le responsable d’une organisation à but non lucratif (OBNL) soupçonné d’avoir violé la loi japonaise sur les transplantations d’organes. Entre 2017 et 2020, l’OBNL a envoyé des patients en Chine pour recevoir des transplantations d’organes. Cela met en lumière le système institutionnalisé de prélèvements forcés d’organes du régime chinois, qui cible principalement les prisonniers de conscience.
Hiromichi Kikuchi, 62 ans, est à la tête de l’Association de soutien aux patients atteints de maladies intraitables. Selon les médias japonais, l’organisation de M. Kikuchi a servi d’intermédiaire pour faciliter le transfert de patients japonais ayant besoin d’une greffe vers la Chine, l’Asie centrale et les pays d’Europe de l’Est. Ce type de transplantations n’est pas autorisé par le gouvernement japonais. M. Kikuchi aurait engrangé d’importants revenus.
La loi japonaise sur la transplantation d’organes interdit le trafic d’organes et la médiation visant à faciliter les transplantations non autorisées par le gouvernement [à l’étranger]. Les contrevenants sont passibles d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à un an, d’une amende pouvant atteindre 1 million de yens (environ 7000 euros), ou des deux.
Selon certaines sources, en octobre dernier, l’organisation de M. Kikuchi a pris contact avec la Biélorussie, prétendant être accréditée par le gouvernement japonais, et a demandé d’y transférer des patients pour des transplantations d’organes.
Cinq jours avant son arrestation, le 2 février, Hiromichi Kikuchi a déclaré à la chaîne publique japonaise NHK que « jusqu’à présent, [l’organisation] a mis en contact environ 180 patients avec six pays, dont la Chine et le Kirghizstan ».
« Nous n’avons pas été impliqués dans la sélection spécifique des donneurs, ni dans [le processus] de médiations concernant le donneur. »
« Toutes les opérations ont été effectuées à l’étranger, conformément aux normes des pays concernés, et nous ne pensons pas qu’il soit nécessaire d’obtenir l’autorisation du ministère japonais de la Santé, du Travail et des Affaires sociales », a‑t‑il déclaré.
Selon le département de la police métropolitaine, il s’agit du premier cas de suspicion d’activités d’intermédiaire non autorisées au Japon concernant des transplantations d’organes à l’étranger.
Des centaines de transplantations d’organes
Parmi les documents saisis par la police, figure une liste d’environ 150 patients ayant fait appel à l’organisation d’Hiromichi Kikuchi. L’enquête a mis au jour une série d’allégations qui ont donné lieu à une affaire criminelle.
Selon les enquêteurs, d’octobre à novembre 2021, M. Kikuchi a recommandé une transplantation du foie à l’étranger à un quadragénaire de Tokyo atteint de cirrhose et a préparé une lettre de recommandation à l’attention de l’hôpital. Cependant, M. Kikuchi n’a pas obtenu l’autorisation du gouvernement pour faire cette demande.
La famille de l’homme a payé à l’OBNL de M. Kikuchi environ 33 millions de yens (230.000 euros) pour la transplantation du foie et les frais de voyage en Biélorussie. Selon le journal japonais Asahi Shimbun, une telle transplantation dans ce pays coûte normalement environ 16 millions de yens (110.000 euros).
Une fois le paiement effectué, le patient s’est rendu en Biélorussie en janvier 2022. Un mois plus tard, il a été accepté dans un hôpital de la capitale, Minsk, pour une chirurgie de transplantation du foie.
Actions non autorisées par le gouvernement
Au cours de l’enquête, M. Kikuchi a admis avoir recommandé des transplantations à des patients, mais a nié avoir violé la loi. Ce dernier explique que recevoir une greffe à l’étranger ne nécessite pas l’autorisation du gouvernement japonais.
Selon la police de Tokyo, M. Kikuchi a joué le rôle d’intermédiaire, notamment en recherchant des receveurs de greffe et en préparant leurs lettres. C’est illégal en vertu de la loi sur la transplantation d’organes du pays.
« Il est extrêmement regrettable que cela ait été fait sans autorisation », a déclaré Matsuno Hirokazu, secrétaire général du Cabinet, lors d’un point de presse le 6 février.
Le ministère japonais de la Santé, du Travail et des Affaires sociales a déclaré qu’il coopérait désormais avec les groupes concernés afin de recueillir des informations sur des cas similaires et éviter que de telles situations ne se reproduisent. Il fournira désormais des informations précises sur le don d’organes et s’efforcera de faire en sorte que les transplantations d’organes soient correctement réalisées au Japon.
La Chine : première destination pour le tourisme de transplantation d’organes
M. Nemoto, habitant de Tokyo, a déclaré à Epoch Times le 10 février que l’organisation de M. Kikuchi servait d’intermédiaire pour les transplantations d’organes à l’étranger depuis des années, mais que le gouvernement japonais avait fermé les yeux.
« [L’organisation] présentait depuis longtemps des personnes à des endroits comme la Chine pour des transplantations d’organes. Mais cette fois, le gouvernement a décidé de ne plus fermer les yeux. Je pense que cela est lié au changement d’attitude du Japon à l’égard de la Chine », a déclaré M. Nemoto.
L’Association de soutien aux patients atteints de maladies intraitables a été enregistrée, à Tokyo, le 8 juin 2007, comme association à but non lucratif, avec M. Kikuchi comme représentant légal. L’organisation a également un bureau à Yokohama, une ville japonaise située au sud de Tokyo.
Selon les rapports annuels disponibles sur le site de l’organisation, de juin 2017 à mai 2019, la Chine a été le principal pays de destination pour recevoir des greffes. Au cours de cette période, 19 des 29 patients japonais documentés ont bénéficié des services de médiation de l’OBNL pour recevoir une transplantation en Chine.
Le revenu d’exploitation de l’organisation s’élevait alors à 88 millions de yens (environ 610.000 euros), soit 61% du revenu d’exploitation total des cinq dernières années.
Zhu Wan‑qi, avocate taïwanaise spécialisée dans les droits de l’homme, a déclaré à Epoch Times le 10 février qu’il s’agit d’un cas typique de tourisme de transplantation, c’est‑à‑dire le processus par lequel des patients receveurs se rendent dans des pays tiers où des personnes vulnérables ou démunies sont utilisées comme sources d’organes, l’organisation d’Hiromichi Kikuchi jouant alors le rôle d’intermédiaire.
Elle ajoute que la loi contre le prélèvement forcé d’organes est désormais promue dans les pays du monde entier.
Mme Zhu relate que plus de 20 parlementaires taïwanais ont signé une lettre de soutien visant à interdire cette pratique. Certains parlementaires japonais collaborent également à ce dessein et encouragent la révision des lois nationales sur la transplantation.
Prélèvements d’organes forcés sur les pratiquants de Falun Gong en Chine
Li Yiming, spécialiste de la Chine et commentateur des affaires courantes, a déclaré à Epoch Times le 10 février que la communauté internationale prend conscience du système institutionnalisé de prélèvements d’organes forcés mis en œuvre à grande échelle en Chine, et visant particulièrement les pratiquants de Falun Gong. Depuis 2006, plusieurs groupes internationaux de défense des droits de l’homme travaillent sans relâche pour faire connaître la vérité au sujet de ce phénomène.
« Tous les membres de cette agence de transplantation d’organes [l’OBNL d’Hiromichi Kikuchi] connaissent cette vérité. Le site Web de l’organisation mentionne être au fait de la Déclaration d’Istanbul publiée par la communauté médicale internationale. Toutefois, selon l’organisation, cette déclaration n’est pas juridiquement contraignante. Elle continue donc à faciliter les transplantations d’organes à l’étranger. Elle fait complètement fi de la morale et de l’éthique les plus élémentaires pour faire de l’argent », a déclaré M. Li.
Du 30 avril au 2 mai 2008, un sommet s’est tenu, à Istanbul, en Turquie, afin de « mettre en commun une version finale de déclaration, susceptible de recueillir un consensus » au sujet du trafic d’organes et du tourisme de transplantation. La Déclaration d’Istanbul (pdf) clarifie les enjeux entourant le tourisme de transplantation, le trafic d’organes et leur commercialisation. Elle offre des lignes directrices sur l’éthique entourant les dons et les transplantations d’organes.
La déclaration « proclame que les personnes démunies qui vendent leurs organes sont exploitées, que ce soit par des personnes plus riches dans leur propre pays ou par des touristes venus de l’étranger en quête d’une transplantation. [Que] les touristes qui reçoivent une greffe risquent de subir des dommages corporels du fait de transplantations non réglementées et illégales », selon la National Library of Medicine des États‑Unis.
Le « pillage d’organes » à grande échelle perpétré par le PCC
Toshimi Ida, directeur de l’Association japonaise de considération du tourisme de transplantation, a déclaré dans une interview accordée à Epoch Times le 10 février, que les Japonais sont graduellement informés du système institutionnalisé de prélèvements forcés d’organes réalisé à grande échelle par le Parti communiste chinois (PCC). L’arrestation d’Hirochimi Kikuchi pourrait sensibiliser davantage le public à ce problème que le régime chinois tente de dissimuler.
« Nous avons organisé plus de 140 projections [de films] dans différentes régions du Japon. De nombreuses personnes ont exprimé leur incrédulité face aux prélèvements d’organes effectués par le PCC sur des pratiquants de Falun Gong encore vivant. Cependant, face à l’abondance des éléments de preuves, ils ont vraiment saisi l’ampleur du mal et le régime de terreur qu’est le PCC », a déclaré M. Ida.
« Bien que l’arrestation [d’Hiromichi Kikuchi] ne concerne que les activités commerciales illégales et contraires à l’éthique de l’accusé, elle a sans aucun doute ouvert la boîte de Pandore. Le pillage d’organes n’est plus un sujet tabou au Japon. Les atrocités perpétrées par le PCC seront bientôt connues de la société japonaise. »
L’association à but non lucratif Japan Transplant Tourism Consideration Association, fondée en 2016, a été certifiée par le bureau du Cabinet du Japon en 2019. L’organisation a pour but d’empêcher les Japonais de se rendre en Chine pour des transplantations d’organes illégales. Elle vise à sensibiliser les représentants politiques, les milieux médical et juridique, ainsi que le grand public à cette question. Elle promeut le renforcement des lois sur la transplantation d’organes au Japon, notamment par le biais de séminaires, de projections de films, d’activités de sensibilisation auprès des députés, de signatures de pétitions et d’affiches de sensibilisation.
Selon M. Ida, en février, près de 120 parlementaires japonais ont exprimé leur soutien à une requête déposée par l’association visant à renforcer les lois relatives aux transplantations d’organes du pays, et 87 conseils préfectoraux et municipaux ont également publié des déclarations appelant à améliorer le système de transplantation d’organes du pays.
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