Édito – C’est une soif de simplicité qui saisit notre pays, pris à la gorge par le sel des formulaires CERFA, des courriers recommandés, des « machins » et des « trucs », du principe de « non-autorisation sauf si ». Dans cette ville fantôme de hauts commissariats à ceci, d’instituts nationaux de cela, d’objets divers créés par les différents gouvernements de notre pays, 65 millions de Français, et le monde entier, tentent de retrouver leur chemin et le sens de l’utile.
En rappelant samedi 13 juin que le chantier du prélèvement à la source des impôts serait bien lancé courant 2016, François Hollande fait un pas dans cette direction, avec un sens du moment politique qui lui fait espérer que la simplification des prélèvements fiscaux pourrait lui valoir en 2017 auprès des électeurs la sympathie qu’il n’aura su gagner par ses résultats sur le front de l’emploi.
Plus tôt ce mois, déjà, les nouvelles avancées du « choc de simplification » piloté par le secrétaire d’État Thierry Mandon au ministère de l’Économie étaient annoncées : un train d’une centaine de mesures pour ne plus faire deux fois ce qui pourrait ne l’être qu’une, alléger les règles des marchés publics, dématérialiser les démarches administratives et – transformation de fond ! – établir le principe d’autorisation par défaut en cas de non-réponse de l’administration. L’État ne serait plus celui qui par fondement est force bloquante, mais celui à qui l’on ne doit qu’information – et qui dispose d’un temps limité pour décider de mettre son véto.
On se prend à rêver des déclinaisons multiples de ce principe nouveau posé, de cet oxygène qui affirme que l’État doit être efficace ou se taire. Car, implémenté dans la vie quotidienne des particuliers et des entreprises, couplé aux annonces du prélèvement à la source des impôts, il dessine un équilibre nouveau entre administration et administrés, dans lequel les deux pourront s’aimer de loin… Et se parler moins.
On rêverait presque, comme d’une source fraîche, d’un modèle de société dans laquelle n’auraient pas sédimenté ces organismes publics divers, obscurs ou inutiles, qui seuls donnent des perspectives d’emploi et de carrière aux générations d’énarques et de militants des partis politiques. Un service public aminci qui serait comme une eau claire non troublée par ceux qui, parce qu’il faut bien vivre, se consacrent à créer des procédures, des formulaires et des autorités nouvelles. Aujourd’hui, chaque haut-fonctionnaire un peu influent a, pour finir sa carrière au service de l’État, la possibilité de créer son Institut national machin, sa haute autorité de ceci, son agence nationale de cela. Et crée son propre guichet à hygiaphone pour recevoir les demandes et doléances des contribuables qui le financent et le font vivre.
Au point que depuis quelques années se créent de nouveaux guichets de « mise en cohérence », des Alliances nationales censées opérer la fusion des précédents – mais qui finalement ne créent qu’une couche de plus, les premiers maîtrisant à merveille l’art complexe de l’inertie. Le « choc de simplification » fait donc bien de partir de la base, de petites mesures concrètes et applicables rapidement sur le terrain. C’est par elles que l’inutilité de nombreux prés carrés de l’administration française apparaîtra et que se détacheront peut-être, une à une, les sangsues qui ont créé la complexité et l’inefficacité de la sphère publique française.
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