Après l’activation du 49.3 et avant le dépôt de motions de censure contre le gouvernement, les opposants à la réforme des retraites comptent bien mettre à profit le week-end pour exprimer leur colère, avec rassemblements, grèves et poubelles qui s’amoncellent.
Dans la foulée du recours par Élisabeth Borne à l’article 49.3 de la Constitution, qui permet l’adoption d’un texte sans vote, sauf motion de censure, l’intersyndicale a appelé jeudi à des rassemblements ce week-end, ainsi qu’à une 9e journée de grèves et manifestations le 23 mars.
Au moins deux raffineries, celle de PetroIneos à Lavéra (Bouches-du-Rhône) et la raffinerie de Normandie de TotalEnergies à Gonfreville-l’Orcher (Manche), pourraient être mises à l’arrêt, au plus tard lundi, selon la CGT. Jusqu’à présent, les grévistes s’étaient contentés de bloquer les expéditions de carburant, mais les raffineries continuaient à produire. Le ministre de l’Industrie Roland Lescure a laissé entendre samedi que le gouvernement pourrait procéder à des réquisitions en cas de mise à l’arrêt de ces installations. Interrogé sur un risque de pénurie de carburant, le ministre a répondu sur France Info : « On a montré à l’automne qu’on savait prendre là encore nos responsabilités, on les prendra », en référence aux réquisitions alors prises pour débloquer des sites pétroliers lors de grèves pour les salaires. Il a indiqué que de telles mesures étaient « en train d’être déployées » avec les éboueurs parisiens. Dans la capitale, 10.000 tonnes de poubelles s’entassent toujours sur les trottoirs, selon la mairie.
Des rassemblements sont prévus tout au long du week-end, dans la capitale et en région, à l’appel d’unions régionales de syndicats, notamment la CGT, ou d’organisations diverses : place d’Italie à Paris à 18h00, à Montpellier, Marseille, Brest, Toulon etc. Sans compter les rassemblements spontanés. Ainsi, jeudi et vendredi soir, des milliers de personnes se sont retrouvées place de la Concorde à Paris, à quelques centaines de mètres de l’Assemblée nationale et de l’Élysée. L’opposition à la réforme y a pris vendredi soir un tournant plus radical, porté par de jeunes militants lassés des cortèges hebdomadaires et prêts à en découdre. Des centaines de personnes ont affronté la police par petits groupes, avec jets de projectiles. La place était totalement évacuée vers 21h30. Selon la préfecture de police, 61 personnes y ont été interpellées.
À Lyon, la mairie du 4e arrondissement a été prise pour cible, toujours vendredi soir, lors d’un rassemblement qui a donné lieu à plusieurs dégradations en centre-ville. La police a interpellé 36 personnes, selon la préfecture. D’autres manifestations se sont elles déroulées dans le calme. À Lille par exemple, Muriel et Dany Bruneau, femme de ménage et chauffeur routier, ont manifesté pour la première fois contre cette réforme, bras dessus bras dessous. « On n’a l’impression que ce n »est plus une démocratie, on se demande à quoi servent les députés », expliquait Muriel, 56 ans. « Je vois en Belgique les gars qui montent dans leur camion à 68 ans, ils n’arrivent plus à les charger. Ça pose des questions de sécurité. Je ne me vois pas comme ça », a ajouté Dany. Le couple « sait » qu’il n’aura pas « une retraite mirobolante » mais il « aimerait bien pouvoir en profiter ».
Les motions de censure déposées vendredi
Les motions de censure, déposées par le groupe indépendant Liot et par des élus du Rassemblement national (RN) seront débattues et mises au vote de l’Assemblée nationale lundi à partir de 16H00, une conférence des présidents de l’institution devant donner peu avant son ultime feu vert au déroulé, a-t-on appris de sources parlementaires.
La motion déposée par le petit groupe Libertés, Indépendants Outre-mer et Territoires (Liot) est « transpartisane » et cosignée par des élus de la Nupes. Cette dernière a davantage de chances d’être votée par des députés de droite défavorables à la réforme des retraites que celle du RN. Mais la barre de la majorité absolue pour faire chuter le gouvernement paraît difficile à atteindre.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.