Votée et promulguée dans la douleur, la réforme des retraites ne fait que commencer : même si l’exécutif s’affiche confiant, les grandes manœuvres ont débuté en coulisse pour tenir l’échéance cruciale du 1er septembre.
Le sujet a disparu de la « feuille de route » du gouvernement. La Première ministre, Élisabeth Borne, n’en a même pas soufflé mot mercredi en présentant ses priorités des prochains mois. Pourtant, « la réforme des retraites entrera en vigueur le 1er septembre », a rappelé la veille son ministre du Travail, Olivier Dussopt, soulignant sur CNews que « le fait de tenir le calendrier et que les choses se passent bien d’un point de vue technique est extrêmement important ». Même s’il a voulu rassurer en rappelant que « les délais de mise en œuvre sont les mêmes que pour les réformes précédentes », cela ne lui laisse que quatre mois — trêve estivale comprise.
Olivier Dussopt : «Je confirme que la réforme des retraites entrera en vigueur le 1er septembre» dans #LaMatinale pic.twitter.com/JAvME9U9x4
— CNEWS (@CNEWS) April 25, 2023
Revalorisation des petites pensions
Après un long conflit social et face à une opinion toujours majoritairement opposée au projet, « le pire serait que les choses se passent mal », ajoute une source gouvernementale. D’autant que les premières mesures à appliquer sont aussi les plus emblématiques : hausse de l’âge légal, augmentation de la durée de cotisation, fermeture des régimes spéciaux, refonte des « carrières longues »…
Le risque principal pourrait cependant venir de la revalorisation des petites pensions. Pas pour les futurs retraités modestes, qui empocheront cette rallonge dès le départ, mais pour les 1,8 million de retraités actuels censés en bénéficier et dont il va falloir recalculer les droits.
Une gageure, alors que cette hausse doit intervenir dès le versement prévu début octobre et que les dossiers les plus anciens sont encore au format papier. « Pour certains, il faudra qu’on aille gratter à la main », prévoit cette même source, qui dédramatise déjà d’éventuels retards en expliquant que les sommes dues seront quoi qu’il arrive payées « dans les mois qui suivent et de manière rétroactive ». Pour éviter un nouveau couac sur ce sujet sensible, après la polémique sur les 1200 euros, le ministre a délié les cordons de la bourse.
Un calendrier contraint et resserré, sans droit à l’erreur
Fin mars – après l’adoption de la loi au Parlement mais avant le feu vert du Conseil constitutionnel – il a autorisé la Caisse nationale d’assurance-vieillesse (CNAV) « à procéder à des recrutements » afin de « permettre la mise en œuvre dans de bonnes conditions ». Déjà renforcée en début d’année, avec 200 salariés en CDD pour absorber le surcroît d’appels téléphoniques pendant la réforme, la CNAV confirme que 200 CDI supplémentaires sont bien « en cours de recrutement ».
Le gouvernement a aussi anticipé la rédaction des nombreux décrets d’application. « Les premiers ont été transmis (…) à la fin de la semaine dernière », a indiqué M. Dussopt. Soit une semaine à peine après la promulgation de la loi. « Il y a toujours des choses qui sont préparées à l’avance, et heureusement », explique la source gouvernementale, qui dénombre 34 décrets à publier. Les premiers le seront sans doute « début juin » après avis du Conseil d’État et des caisses de sécurité sociale concernées (vieillesse, mais aussi maladie et accidents du travail).
Un calendrier contraint et resserré, sans droit à l’erreur. Car les syndicats veillent au grain et ne manqueront pas de s’engouffrer dans la moindre brèche.
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