Retraites : « Il faut déconstruire les arguments des adversaires de l’introduction d’une dose de capitalisation », estime Sébastien Laye

Par Julian Herrero
13 février 2025 12:16 Mis à jour: 13 février 2025 15:00

ENTRETIEN – L’économiste et chef d’entreprise Sébastien Laye a rédigé pour Contribuables Associés une note intitulée : L’avenir de nos retraites et la capitalisation : au-delà des mythes et des clichés. Dans cette dernière, il entend battre en brèche certaines idées reçues sur l’introduction d’un pilier de capitalisation dans le système de retraites. Il répond aux questions d’Epoch Times.

Epoch Times – Quel est le but de la note rédigée pour Contribuables Associés ?

Sébastien Laye – Nous ne manquons pas de travaux sur le sujet d’une hypothétique retraite par capitalisation en France et sur les dernières années, nombre de think tanks, à l’instar de Molinari, Sapiens, l’IFRAP et plus récemment la Fondapol, s’y sont attelés.

Mon dernier travail pour Contribuables Associés, après avoir rappelé les causes de l’échec du système de retraites actuel et présenté les systèmes tous hybrides, en vigueur chez nos voisins, s’emploie à déconstruire les arguments généralement avancés par les adversaires d’une dose de capitalisation. Ces arguments souvent fallacieux influencent les indécis et le débat public, notamment les médias. Nous avons voulu systématiquement les « débunker », les contrecarrer, à l’aune de la science économique.

Ainsi la note est courte (8 pages) mais elle est surtout complétée d’une série de vidéos virales, à destination des réseaux sociaux, à partir du 14 février.

« Bien que la répartition ait répondu aux défis économiques et sociaux du milieu du XXe siècle, son caractère exclusif montre aujourd’hui ses limites », écrivez-vous. Pourriez-vous revenir sur ses limites ?

Ce système a été conçu à une époque – notamment lorsqu’il atteint sa maturité dans les années 1960, car nous sommes partis d’une nouvelle page blanche en 1945 – où la croissance était de 3 % par an, contre 1 % par an aujourd’hui en moyenne, et surtout où 4 actifs travaillaient pour financer un retraité contre 1,7 pour un retraité aujourd’hui. Par ailleurs, ce ratio va encore s’effondrer selon toute vraisemblance.

Enfin, la durée de la période à la retraite a cru exponentiellement, puisque l’espérance de vie a considérablement augmenté sans que nous ne décalions l’âge de la retraite de manière parallèle. Ainsi, de moins de 10 ans en moyenne au début des années 1970, la période de retraite à financer est désormais de près de 23 ans en moyenne.

Dans la note, vous expliquez comment nos voisins européens financent leurs retraites, notamment l’Allemagne, le Danemark, le Suède, le Royaume-Uni et l’Autriche. Lequel d’entre eux serait le plus à même à servir de source d’inspiration pour la France ?

À des degrés divers, tous ces pays ont des systèmes hybrides, avec un pilier de capitalisation et un socle de répartition. Certains ont introduit la capitalisation il y a vingt ou trente ans et le système monte encore en puissance.

En Europe, en moyenne, la capitalisation sous ses différents régimes (fonds de pension, capitalisation collective, capitalisation individuelle) représente 30 % du financement, mais il faudrait une quinzaine d’années en France pour arriver à ce niveau, par introduction progressive, comme au Danemark.

Vous vantez les mérites de l’introduction de la capitalisation dans les retraites. Mais le sujet des retraites est toujours très délicat. Comment un homme politique en responsabilité pourrait-il proposer ce système sans créer des mouvements sociaux ?

En insistant sur les clichés erronés et les mythes autour de la capitalisation (comme je le fais dans cette note) mais aussi en mettant en place une transition progressive : la bascule se fait en baissant les cotisations et en laissant les individus allouer ces montants à une part en capitalisation.

Le système peut progressivement monter en puissance de presque 0 % de capitalisation aujourd’hui à 30 % du financement de nos retraites comme chez nos voisins.

Y a-t-il aujourd’hui, de plus en plus d’hommes et femmes politiques séduits par la capitalisation ?

Les Républicains ont pêché par excès de pusillanimité en la matière ; la création d’un pilier de capitalisation pour nos retraites aurait dû être leur proposition phare en 2022, au lieu de se contorsionner sur l’âge de départ à la retraite et les classiques réformes paramétriques…

Éric Ciotti et l’UDR, Marion Maréchal et Reconquête, y sont désormais favorables. Le RN prône des fonds de pension à la française sans encore parler de capitalisation clairement…

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