La proposition de loi du Rassemblement national pour ramener l’âge de la retraite à 62 ans a été vidée de sa substance mercredi en commission des affaires sociales à l’Assemblée, où la gauche s’est partagée entre abstention et vote contre afin de faire obstacle à la droite nationaliste.
Les deux principaux articles du texte porté par le député Thomas Ménagé, pour ramener l’âge légal de départ à 62 ans et la durée de cotisation à 42 ans, ont été repoussés par les voix de la droite et des macronistes, ainsi que d’une partie de la gauche.
« Les députés ont supprimé l’article 1 de la proposition de loi du RN, qui fixe à 62 ans l’âge légal de départ à la retraite », selon France Info.
Dilemme parmi les membres du NFP
L’écologiste Sandrine Rousseau et le socialiste Jerôme Guedj notamment ont choisi de s’opposer à la proposition du RN, quand la plupart de leurs camarades présents ont choisi de ne pas prendre part au vote, de même que tous les membres LFI de la commission. Seul le communiste Yannick Monnet a voté pour, tout en reconnaissant que son groupe était divisé sur le sujet.
Une diversité de positions révélatrice du dilemme posé aux quatre composantes du Nouveau Front populaire, qui ont fait campagne en juin sur l’abrogation de la réforme des retraites, mais répugnent à donner le point au RN.
Sur son blog, Jean-Luc Mélenchon (LFI) avait appelé mercredi, à ne pas soutenir l’abrogation de la réforme des retraites portée par le RN, pour ne pas « donner des brevets de crédibilité » au parti de droite nationaliste »sur le front social », d’après France Info. À l’opposé le leader communiste Fabien Roussel a mentionné mercredi, lors d’une conférence de presse, que s’il était député, il aurait voté cette proposition de loi tout « en dénonçant l’imposture qu’est le projet du RN ». Il a reconnu que les députés communistes étaient « partagés ».
« Votez notre texte, ça ne vous rendra pas radioactifs »
Pas question de « participer à cette escroquerie » pour la socialiste Sandrine Runel, qui a rappelé l’absence du parti à la flamme dans les manifestations début 2023. « Votez notre texte, ça ne vous rendra pas radioactifs », a néanmoins tenté l’élu de droite nationaliste Christophe Bentz.
« Tartuffes! », a répliqué l’écologiste Benjamin Lucas, dénonçant « l’esbroufe » du « coup d’un soir législatif » proposé par le RN, dépourvu de groupe au Sénat pour reprendre sa proposition de loi.
Pour éviter un rejet total qui aurait conduit à repartir du texte initial dans l’hémicycle, gauche, droite et macronistes ont ensuite approuvé plusieurs demandes de rapports – sur le financement des retraites et l’évaluation des précédentes réforme.
Une manœuvre qui obligera le RN à déposer des amendements pour rétablir sa proposition d’abrogation, avec un très fort risque que la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet les juge irrecevables sur le plan financier. À moins que le groupe de Marine Le Pen ne se résigne à retirer ce texte phare de l’ordre du jour de sa « niche » parlementaire du 31 octobre.
La gauche reprend ainsi la main sur le calendrier, après une première manche perdue lundi soir en commission, où ses amendements au budget de la Sécurité sociale visant à financer le coût d’un éventuel retour à 62 ans ont été écartés… avec les voix du RN.
D’autres amendements sur le même thème vont encore être discutés en commission mercredi soir et jeudi. Mais pour abroger la réforme honnie, la gauche mise surtout sur la proposition de loi programmée le 28 novembre pour la journée réservée aux textes de LFI.
Texte qui pourrait en cas de succès être repris par les communistes au Sénat fin janvier puis de nouveau à l’Assemblée par les écologistes début février, a affirmé lundi la cheffe des députés LFI Mathilde Panot.
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