Une fumée blanche sortira-t-elle du conclave ? Le gouvernement se dit convaincu de disposer d’une majorité à l’Assemblée nationale sur sa réforme des retraites mais compte, avant d’aller au vote, sur la réunion des élus des deux chambres mercredi pour échafauder, sous haute tension, un texte de compromis.
« Si la CMP (commission mixte paritaire) a un texte commun, ce texte aura une majorité » jeudi matin au Sénat et jeudi après-midi à l’Assemblée, a assuré mardi sur CNews le ministre du Travail Olivier Dussopt.
«Nous sommes convaincus qu’il y a une majorité sur ce texte», Olivier Dussopt, ministre du Travail dans #LaMatinale pic.twitter.com/r29NDyenpZ
— CNEWS (@CNEWS) March 14, 2023
Les sept députés et les sept sénateurs, et autant de suppléants qui composent cette instance tenteront de s’accorder sur un texte commun dès mercredi matin au Palais Bourbon, à huis clos comme c’est l’usage. Même si un compromis est probable, étant donné que les macronistes et la droite y sont majoritaires, la tension est palpable mardi, et le suspense toujours immense sur le vote à l’Assemblée qui suivra. Cette incertitude laisse planer la possibilité que le gouvernement déclenche l’article 49.3 de la Constitution, qui permet une adoption sans vote mais expose l’exécutif à une motion de censure.
« Spectateurs de quelque chose qui a déjà été décidé ailleurs »
La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a dit non mardi à la demande des socialistes et de LFI d’une retransmission audio et vidéo de la réunion de la commission mixte. Ses débats feront donc l’objet d’un compte rendu écrit, mais qui risque d’être publié sur le site de l’Assemblée avec plusieurs heures voire quelques jours de décalage. Le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud avait fait lundi la demande de rendre ce débat en CMP public, afin d’être à la hauteur du « moment politique ». Le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard a appuyé mardi la requête, pour éviter « un huis clos secret avec des arrangements, des combines et des magouilles ».
En conséquence, LFI devrait tweeter en direct les délibérations du conclave. Après la réponse de la présidente de l’Assemblée, le député LFI Hadrien Clouet, membre suppléant de cette CMP, a promis de « se charger du compte-rendu écrit » et a donné rendez-vous sur les réseaux sociaux.
Les parlementaires fourbissaient leurs armes et leurs arguments en vue du conclave. « Ce n’est pas un dîner entre amis cette CMP », a prévenu auprès de l’AFP Hadrien Clouet. Mais Thomas Ménagé, membre titulaire pour le groupe Rassemblement national, admet qu’ « on sera en partie spectateurs de quelque chose qui a déjà été décidé ailleurs » entre le gouvernement et les Républicains, sur lesquels l’exécutif compte pour faire passer sa réforme. L’exécutif a déjà concédé à la droite un recul de l’âge de départ à 64 ans, et non 65, ainsi qu’un relèvement des petites pensions élargi aux retraités actuels.
« L’équilibre » financier
Au sein du groupe LR, très courtisé par l’exécutif, on souligne que le « seul sujet » sera les carrières longues. Certaines concessions sur ce sujet faites à LR sous l’impulsion du député Aurélien Pradié pourraient disparaître du texte final, a prévenu lundi le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, soucieux de « l’équilibre » financier de la réforme.
Sur le CDI senior, voté par le Sénat à majorité de droite, « il y a une discussion (…) pour faire en sorte que les effets financiers ne soient pas trop importants », a précisé Olivier Dussopt. La droite pourrait aussi remettre sur la table un amendement qui demande que la suppression des régimes spéciaux de retraite, plus généreux, concerne aussi les salariés actuels et pas seulement les nouveaux embauchés dans les entreprises concernés. Il n’avait pas pu être voté au Sénat.
Réforme des retraites: « C’est une idée, dans plusieurs groupes politiques, de faire une motion de censure transpartisane », affirme Charles de Courson (@C_deCourson) pic.twitter.com/o4USvEa3CP
— BFMTV (@BFMTV) March 14, 2023
Pour nourrir le suspense, le député centriste et vieux routier des CMP, Charles de Courson, se souvient de réunions « qui duraient très longtemps, et d’autres qui ne duraient même pas 5 minutes avant qu’on acte qu’on ne serait pas d’accord ». Il pense que « là ça risque d’être un peu long », a-t-il confié sur BFMTV.
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