En « ouvrant la porte » lundi 11 avril à un report de l’âge légal à 64 ans plutôt que 65 pour élargir sa base électorale, Emmanuel Macron ouvre une brèche dans le financement de son programme, dont la réforme des retraites était présentée comme la clé de voûte budgétaire.
Le candidat « bouge », son totem vacille. Lancé dans un duel indécis face à Marine Le Pen, le président sortant a lâché du lest sur sa promesse emblématique, dès son premier déplacement après sa qualification pour le second tour.
L’âge légal de la retraite repoussé à 64 ans
Espérant « faire un consensus » et déminer un sujet pouvant générer « trop de tensions », il « ouvre la porte très clairement » à une réforme des retraites atténuée, avec un âge légal repoussé à 64 ans et une « clause de revoyure en 2027 », contre 65 ans en 2032 dans son projet dévoilé il y a un mois.
« Les 65 ans ne sont pas un dogme », assure-t-il désormais, en gage de bonne volonté. Son équipe de campagne affirmait pourtant le contraire une semaine plus tôt.
Cette borne d’âge « ne fait pas partie de la négociation », déclarait ainsi Anne de Bayser, coordinatrice des relations avec la société pour le candidat Macron, lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis) à quatre jours du premier tour.
« Plus de gens qui travaillent plus longtemps, c’est plus de croissance »
Et pour cause : cette réforme « n’est pas là que pour combler le trou » et sortir le système de retraites des déficits chroniques, mais doit aussi « financer l’ensemble du projet, avec le plein emploi et la croissance ». Trois « leviers » indissociables, puisque « plus de gens qui travaillent plus longtemps, c’est plus de croissance », expliqua-t-elle.
Sans oublier à plus court terme la hausse des pensions promise « dès cet été » pour rattraper la flambée de l’inflation et la revalorisation annoncée de la retraite minimum à 1100 euros par mois pour une carrière complète.
Une ardoise déjà bien remplie, à laquelle s’ajouteront les contreparties que les syndicats ne manqueront pas de réclamer. Au vu des premières concessions de M. Macron, « on aura une meilleure main pour négocier » s’il est élu, estime déjà un bon connaisseur du dossier.
Mais cette porte entrouverte a semblé se refermer mardi, M. Macron réaffirmant depuis Mulhouse sa volonté d’un recul de l’âge légal de quatre mois par an dès 2023. « C’est le point d’entrée de la discussion », a nuancé le Premier ministre, Jean Castex, en visite à Châteauroux.
Un cadre de la majorité suggérait dans le même temps une éventuelle issue à 64 ans, avec moins d’avancées pour les petites pensions et la pénibilité.
Pour les syndicats Emmanuel Macron a fait un pas en arrière
Côté patronat, François Asselin s’est rendu à l’évidence : « Emmanuel Macron a commencé à faire un pas en arrière » et « la retraite ne sera pas à 65 ans, c’est quasiment sûr aujourd’hui », observe le président de la CPME, pourtant convaincu qu’il « faudra reculer l’âge de départ ».
Certitude que ne partage pas, côté syndical, Pascale Coton (CFTC), pour qui « l’âge n’est pas le plus important, il faut regarder les inégalités d’abord », en particulier pour « rattraper l’écart » entre hommes et femmes et réparer « les aléas de la vie ».
« Opposé à ce que l’âge légal bouge », Dominique Corona (Unsa) considère pour sa part qu’il n’y a « pas de problème de financement des retraites » et qu’il existe « d’autres solutions plus pertinentes » pour renforcer le modèle social, en premier lieu « d’augmenter les salaires ».
« Il ne faut pas avoir peur non plus d’augmenter les cotisations patronales, ce n’est pas un gros mot », ajoute-t-il.
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