La promulgation express par Emmanuel Macron de la loi portant l’âge légal de la retraite à 64 ans a saisi syndicats et oppositions samedi, et montré la volonté du président de relancer vite son deuxième quinquennat entravé par la crise sociale et politique.
La « loi du 14 avril 2023 de financement rectificative de la Sécurité sociale pour 2023 », signée la veille par un chef de l’État pressé de passer à la suite, après la validation de l’essentiel de la réforme des retraites par le Conseil constitutionnel, a été publiée au Journal officiel très tôt samedi.
Cette promulgation ultra-rapide est le signe d’un « mépris » et d’une « fébrilité », a dénoncé samedi le numéro un du PS Olivier Faure, qui a promis un « harcèlement démocratique » pour revenir sur les 64 ans. « C’est un hold-up démocratique », a renchéri l’insoumis François Ruffin.
Côté syndicats également, le coup est rude. Le secrétaire national de la CFDT Yvan Ricordeau a exprimé son « incompréhension » face à ce « passage en force », alors qu’après le feu vert du Conseil constitutionnel vendredi, l’intersyndicale unie depuis trois mois avait demandé « solennellement » au président de « ne pas promulguer la loi ».
« Vouloir aller vite, ça ressemble à de la provocation », a abondé Frédéric Souillot de FO. Tous les syndicats ont fait part de leur « détermination » à poursuivre le combat contre cette réforme, en commençant par décliner une invitation à l’Élysée reçue officiellement à l’heure où la loi était paraphée par Emmanuel Macron.
« C’est la suite logique »
La promulgation, « c’est la suite logique », a justifié de son côté le ministre des Relations avec le Parlement Franck Riester, pour qui « on n’a pas intérêt collectivement à revenir en permanence sur le même sujet ». L’intersyndicale mise sur le traditionnel rendez-vous du 1er mai qu’elle souhaite transformer en « journée de mobilisation exceptionnelle et populaire » contre le cœur de la réforme, la retraite à 64 ans. Le chef de l’État devrait prendre la parole en début de semaine prochaine, selon plusieurs sources au sein de l’exécutif. Il réunira les cadres de la majorité lundi à l’Élysée. Renouer avec les syndicats ne sera pas chose aisée. « Il y aura du ressentiment, des cicatrices », glisse un proche du chef de l’État.
Fragilisée depuis l’adoption de la réforme par 49.3 à l’Assemblée, Élisabeth Borne s’exprimera samedi après-midi, à l’occasion du Conseil national du parti présidentiel Renaissance à Paris. Elle a fait part cette semaine des conclusions de ses consultations à Emmanuel Macron, qui l’avait chargée de trouver les voies pour « élargir la majorité ». Sans résultat probant à ce stade. Devant les cadres de Renaissance, Mme Borne pourrait livrer quelques pistes pour la suite… dont elle devrait rester un acteur. Mais avec les mêmes difficultés faute de majorité absolue.
138 interpellations
Dans la rue, des manifestations ont accompagné vendredi la validation partielle par le Conseil constitutionnel du texte, auquel il a seulement retranché quelques « cavaliers législatifs » tel l’index senior. La décision a été accueillie par les huées des quelque 4000 manifestants rassemblés devant l’Hôtel de ville de Paris à l’appel de plusieurs syndicats dont la CGT et FO. Plusieurs centaines de personnes sont ensuite parties en cortèges sauvages émaillés d’incidents, entraînant l’interpellation de 138 personnes, selon la préfecture de police. Des rassemblements se sont également tenus à Lille, Toulouse, Strasbourg, Marseille ou encore Rennes, où notamment les portes d’un poste de police du centre-ville et du centre des congrès sis dans l’ancien couvent des Jacobins, ont été incendiées brièvement.
Les oppositions promettent en outre de ne pas désarmer. L’entrée en vigueur de la réforme « marquera la rupture définitive entre le peuple français et Emmanuel Macron », a prévenu Marine Le Pen. Jean-Luc Mélenchon espère « rassembler réellement toutes les forces qui veulent s’opposer pour que le dernier mot soit à la souveraineté populaire et non à la monarchie présidentielle ». Députés et sénateurs socialistes ont prévu de déposer un texte législatif demandant l’abrogation de la réforme des retraites.
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