Alors que le profane se trouve partout, il ne reste plus grand-chose de sacré. L’amour sacré a été détourné, et les gens d’aujourd’hui privilégient souvent le vice à la vertu. Pourtant, l’amour était autrefois sacré.
Le tableau controversé L’Amour divin et l’Amour profane, de Giovanni Baglione, pourrait nous donner un aperçu de la sacralité de l’amour.
La querelle entre Baglione et Caravaggio
Malheureusement, le tableau de Baglione L’Amour divin et l’Amour profane est embourbé dans la controverse. Les peintres Baglione et Caravaggio (nommé Caravage, ou le Caravage, en français) étaient ennemis. Caravaggio écrivait des poèmes diffamatoires sur Baglione et critiquait son aptitude à peindre. Baglione l’a poursuivi en justice à ce sujet en 1603.
Giovanni Baglione a peint deux versions de L’amour divin et l’Amour profane. La version ci-dessus a été peinte en réponse au tableau L’amour victorieux de Caravage. Dans L’Amour divin et l’Amour profane, Baglione a peint Caravage en Diable et l’a accusé visuellement de sodomie, une accusation qui a poussé Caravage à quitter la ville.
L’Amour divin et l’Amour profane représente le Diable qui fréquente Cupidon (amour profane) au bas de la composition. Le Diable se retourne vers nous comme s’il était surpris. L’amour profane tient une flèche dans une main et un arc dans l’autre. Il lève les yeux vers la représentation angélique de l’Amour sacré qui le domine.
L’Amour sacré est représenté debout, entre le Diable et l’enfant, portant une armure décorée et une flèche d’un autre monde dans sa main droite. Contrairement à l’apparence ordinaire et enfantine de l’Amour profane, l’Amour sacré est représenté avec un visage idéalisé et calme.
Selon la mode ténébreuse de l’époque, toutes les figures sont placées sur un fond sombre, ce qui renforce leur tridimensionnalité et nous aide à nous concentrer sur leur interaction.
Le sacré et le profane
Les intentions du peintre Baglione n’étaient peut-être pas pures lorsqu’il a peint ce tableau, mais cela ne signifie pas que nous ne pouvons pas en extraire une signification qui pourrait inspirer nos cœurs et nos esprits vers le bien. Peut-être qu’en regardant de près cette œuvre, nous pourrons mieux comprendre les éléments opposés du sacré et du profane.
L’utilisation du mot « amour » dénote, au moins en partie, un désir ou une attention pour quelque chose. Ainsi, ces deux représentations contrastées de l’amour peuvent symboliser ce à quoi nous tenons ou ce que nous désirons.
La représentation de Cupidon en compagnie du Diable est très révélatrice. Le dieu romain Cupidon est souvent associé à l’utilisation de sa flèche pour susciter des désirs lascifs chez les dieux comme chez les humains. Le Diable est souvent associé à la tentation des humains de s’éloigner de Dieu et de se tourner vers les plaisirs du monde.
Le rendez-vous entre le Diable et Cupidon suggère que l’Amour profane représente un désir de plaisirs vils et même mauvais qui maintiennent les humains séparés du divin.
L’Amour sacré, cependant, les domine tous les deux. Le Diable et Cupidon sont peints dans le registre inférieur de la composition, mais l’Amour sacré les transcende tous les deux, suggérant que l’Amour sacré transcende, s’élève au-dessus des désirs et des soucis caractéristiques de l’Amour profane.
L’Amour sacré porte une armure, ce qui suggère qu’il est protégé des tentations que représente l’Amour profane. Cependant, il possède également une arme qui lui est propre : sa flèche.
Si le sacré et le profane sont véritablement opposés, et qu’ici la flèche profane est utilisée pour séparer les humains du divin, la flèche sacrée doit être utilisée pour reconnecter les humains au divin. L’Amour sacré est l’amour – un désir profond et attentionné – pour le divin.
Le positionnement des personnages suggère que l’Amour sacré est venu séparer Cupidon du Diable. Il se tient entre Cupidon et le Diable et positionne sa flèche sur le cœur de Cupidon. Une piqûre de sa flèche élèverait (c’est-à-dire sauverait) Cupidon de l’influence du Diable et réunirait Cupidon avec sa nature divine.
Le positionnement des personnages réaffirme la puissance de l’Amour sacré. Nos pensées droites, lorsqu’elles sont alimentées par un amour transcendant du divin, l’emportent sur tous les désirs vils et mauvais, les écrasent et les soumettent, même si leur puissance semble grande ou leur nombre important.
Comment pouvons-nous identifier les moyens par lesquels nous cachons des pensées, des paroles et des actes profanes, afin de les transcender et de nous reconnecter au divin par l’amour sacré ? Comment pouvons-nous renforcer la droiture dans nos cœurs et nos esprits afin de pouvoir maîtriser le mal dans nos vies ?
Les arts traditionnels contiennent souvent des représentations et des symboles spirituels dont la signification peut être perdue pour nos esprits modernes. Dans notre série « Atteindre l’intérieur : ce que l’art traditionnel offre au cœur », nous interprétons les arts visuels d’une manière qui peut être moralement perspicace pour nous aujourd’hui. Nous ne prétendons pas fournir des réponses absolues aux questions auxquelles les générations ont été confrontées, mais nous espérons que nos questions inspireront un voyage de réflexion dans le but de devenir des êtres humains plus authentiques, plus compatissants et plus courageux.
Eric Bess est artiste figuratif en exercice et candidat au doctorat à l’Institut d’études doctorales en arts visuels (IDSVA).
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