Revenu universel de base : les bénéficiaires ont tendance à travailler moins, selon deux études aux États-Unis

Par Peter Jacobsen
12 janvier 2025 06:16 Mis à jour: 12 janvier 2025 17:57

Le mois d’octobre dernier a été marqué par la publication du plus grand projet de recherche jamais réalisé sur le revenu de base universel (RBI). Les résultats de cette étude ont déçu les défenseurs de cette idée. En résumé, l’étude montre qu’un grand nombre de bénéficiaires du revenu universel ont réduit leur temps de travail et augmenté leur temps de loisir. En outre, ces personnes n’ont pas utilisé leur temps libre pour des activités productives, contrairement à ce qu’affirment souvent les partisans de cette mesure (comme l’amélioration de soi, l’entrepreneuriat ou le temps passé en famille).

En décembre, une nouvelle étude du National Bureau of Economic Research (NBER) sur le RBI, rédigée par les économistes Sidhya Balakrishnan, Sewin Chan, Sara Constantino, Johannes Haushofer et Jonathan Morduch, a été publiée.

Cette étude a porté sur 2097 ménages de Compton, une ville populaire de Californie. Environ un tiers des ménages ont reçu un revenu mensuel garanti de 487 dollars (environ 470 euros) en moyenne. Les chercheurs ont ensuite comparé le comportement de ces bénéficiaires à celui des ménages non bénéficiaires.

Emploi et revenu garanti

L’impact le plus évident d’un revenu garanti concerne les choix personnels en matière d’emploi. Comme on pouvait s’y attendre, de nombreux bénéficiaires ont réduit leur temps de travail.

Les chercheurs ont constaté que les travailleurs à temps partiel (ceux qui travaillaient moins de 20 heures par semaine) ont diminué leur temps de travail de 13 %. Moins de temps de travail signifie moins d’argent. De combien ? Selon l’étude :

« Les effets négatifs sur la participation au marché du travail se traduisent par des effets négatifs sur le revenu des ménages. Alors que le montant mensuel moyen des transferts en espèces pour le groupe de traitement est de 487 dollars, l’impact net sur le revenu mensuel total du ménage au cours des 30 derniers jours, y compris le transfert en espèces, n’était que de 92 dollars et n’était pas significativement différent de zéro. »

Autrement dit, ces ménages de travailleurs à temps partiel qui ont reçu un transfert de près de 500 dollars n’ont finalement vu leur revenu total augmenter que de 100 dollars, en raison de la réduction de leur temps de travail. En réalité, cette différence de 100 dollars n’est pas statistiquement significative, ce qui soulève la question de savoir si ces transferts laissent réellement les bénéficiaires avec plus d’argent qu’auparavant.

En revanche, les salariés à temps plein n’ont pas modifié leurs habitudes de travail de manière significative. Ce constat n’est pas non plus favorable aux partisans du RBI. Pourquoi ?

Les employés à temps partiel choisissent de travailler moins, tandis que les salariés à temps plein maintiennent leur activité. Une explication est qu’il est généralement plus facile de réduire un emploi à temps partiel que de quitter un poste à temps plein. Les salariés à temps plein, ayant un emploi stable, hésitent davantage à le sacrifier pour un revenu garanti temporaire. De plus, un revenu mensuel de 500 dollars ne suffit probablement pas à compenser la perte d’un emploi à plein temps.

Cependant, si ce programme devenait permanent, on pourrait s’attendre à ce que certains salariés à temps plein réduisent également leur activité. En effet, l’incertitude liée à la recherche d’un nouvel emploi après un programme temporaire freine cette décision. Mais avec un revenu garanti permanent, ces freins pourraient disparaître.

Autres effets du revenu garanti

Contrairement à l’étude publiée en octobre, cette enquête n’a pas analysé en détail l’utilisation du temps libre des bénéficiaires. Elle s’est toutefois intéressée à d’autres effets, certains positifs, d’autres négatifs.

Du côté positif, l’allocation semble « avoir un fort impact sur l’indice de sécurité du logement ». Cependant, les auteurs notent également qu’elle n’a « pas d’impact clair sur les indices de bien-être psychologique, de sécurité financière ou de sécurité alimentaire ».

L’étude a également révélé :

« Les résultats montrent des preuves solides de réduction relative de la violence entre partenaires intimes, de faibles preuves de réduction de la consommation d’alcool et des preuves modérément solides d’augmentation de la consommation de tabac. »

Ainsi, si certains aspects sont positifs, ils ne suffisent pas à justifier un revenu garanti généralisé.

Réflexions économiques

Les économistes ne seront pas surpris d’apprendre que donner de l’argent améliore directement certaines situations. Cependant, le véritable enjeu économique est de déterminer les meilleures façons d’utiliser ces ressources. Par exemple, plutôt que de distribuer 500 dollars par mois à des individus, cet argent pourrait être investi dans la santé, l’éducation ou des programmes de recherche.

De plus, dans un système de revenu garanti financé par l’État, l’argent provient des contribuables. Cela pose une question clé : les bénéfices générés par un tel programme sont-ils supérieurs à ceux que les contribuables auraient obtenus en gardant leur propre argent ?

Ce que cela signifie pour le revenu de base

Dans l’ensemble, ces deux études montrent que le revenu de base universel est loin d’être à la hauteur des attentes. Elles révèlent que cette mesure rend les bénéficiaires légèrement plus stables financièrement, mais que les gains restent modestes car le système décourage le travail au profit des loisirs. Ce problème pourrait s’aggraver si la mesure devenait permanente, réduisant encore davantage les bénéfices attendus.

Par ailleurs, ces programmes à grande échelle impliquent des coûts élevés. Pour les seuls États-Unis, fournir une allocation à chaque adulte coûterait plus d’un billion de dollars par an.

Enfin, bien que certains considèrent l’augmentation des loisirs comme un avantage en soi, les études montrent que le type de loisirs choisi par les bénéficiaires ne correspond pas aux attentes des partisans du revenu de base. De plus, l’augmentation des loisirs pour certains se traduit par une charge supplémentaire pour les contribuables, qui doivent maintenir leur niveau de vie en supportant des impôts plus élevés.

En conclusion, ce qui semble trop beau pour être vrai l’est souvent. L’idée de recevoir de l’« argent gratuit » est séduisante, mais les détails révèlent que les coûts sont bien réels, tandis que les bénéfices restent limités.

Traduit de Foundation for Economic Education (FEE)

 

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.