Royaume-Uni : pour avoir été capable de se rendre à un entretien, une aveugle s’est vue refuser des allocations

Par Emmanuelle Bourdy
12 novembre 2024 12:33 Mis à jour: 12 novembre 2024 12:33

Une Anglaise aveugle et malentendante s’est vue refuser sa demande d’allocation en lien avec son handicap au motif qu’elle avait été capable de se rendre à un entretien, alors qu’elle était accompagnée de sa mère.

Étant atteinte de handicaps complexes (syndrome de Pfeiffer et hydrocéphalie), Charlotte Easton, une femme britannique de 40 ans, ne peut vivre seule. Son frère, qui habite dans le Hertfordshire, l’aide donc au quotidien. À cause de ses handicaps, elle a par ailleurs des difficultés à trouver un emploi. Pour toutes ces raisons, elle a fait une demande d’allocation d’emploi et de soutien (ESA) et a donc dû se rendre au Département britannique du Travail et des Retraites (DWP), situé dans le nord de Londres, pour y passer une évaluation. Mais à l’issue de celle-ci, la quadragénaire s’est vue refuser cette allocation, ainsi que le relate The Guardian.

« Cela me frustre »

Lors de son évaluation, le personnel de l’administration lui a demandé comment elle avait fait pour se rendre à ce rendez-vous. Charlotte Easton a donc expliqué qu’elle avait été aidée par sa mère, celle-ci l’ayant d’abord accompagnée en train, puis guidée jusque dans les locaux de l’administration, tout en s’assurant que personne ne la heurte.

Les employés du DWP en ont déduit que la quadragénaire était donc capable de travailler puisqu’elle avait réussi à venir jusqu’à eux, et ils ont ainsi refusé de lui accorder l’allocation ESA.

« Cela me frustre », a-t-elle déploré auprès du Guardian. Elle a mentionné que sa mère avait essayé de faire appel de la décision de l’ESA, en vain. « J’ai dit que je ne pouvais pas continuer à vivre des choses comme ça. Même si la vie est plus facile avec l’argent, elle serait plus facile sans le stress d’essayer de se battre pour l’obtenir », a-t-elle poursuivi.

D’autres déboires avec l’administration

Charlotte Easton a également indiqué qu’une soignante travaillant régulièrement avec elle l’a beaucoup aidée, notamment lors des promenades qu’elles font ensemble à raison d’une fois par semaine. « Elle m’a donné suffisamment confiance en moi pour que je ne m’accroche pas à elle, mais que je tienne mon bras contre elle pendant que nous marchons. Je me sers maintenant de ma canne, ce que je n’avais jamais osé faire auparavant », a-t-elle souligné.

Elle a encore raconté au journal britannique avoir récemment découvert l’existence des coureurs guides, envisageant même de participer à un marathon. « J’ai commencé la semaine dernière et j’ai été très impressionnée parce que je ne suis pas tombée », a-t-elle signifié.

Pour autant, l’Anglaise est loin d’être autonome et elle s’était déjà heurtée au ministère du travail et des pensions lors d’une autre demande d’allocations réalisée par téléphone. L’administration avait rendu sa réponse via un simple courrier, illisible pour la malvoyante. Là encore, elle avait compté sur sa mère pour lui lire la lettre et cette dernière avait demandé à l’administration que les courriers soient envoyés à sa fille en braille, ou par courrier électronique, étant donné qu’elle peut y accéder via un lecteur d’écran. Car pour Charlotte Easton, il est important de ne pas dépendre en permanence de sa famille.

Le système d’allocations devrait être réformé

Une enquête – menée auprès de 1001 personnes souffrant de handicaps complexes et réalisée par Sense, une association britannique – a révélé que 43 % des personnes avaient été contactées à plusieurs reprises par le DWP sous une forme qui ne répondait pas à leurs besoins, alors même qu’elles avaient déjà indiqué au service comment elles devaient être contactées (en fonction de leur handicap).

Mais le pire dans cette situation c’est que 51 % des personnes interrogées ont déclaré s’être senties humiliées par la procédure de demande d’allocations, quand 45 % ont même assuré que les symptômes de leur maladie s’étaient aggravés.

Sense estime que le processus de demande d’allocations des personnes souffrant de handicaps devrait être simplifié et que les taux d’allocations devraient leur permettre de s’offrir les produits de première nécessité. Pour Richard Kramer, le directeur général de Sense, « il est inacceptable que des personnes souffrant de handicaps complexes se sentent humiliées et effrayées, et que leur état de santé se détériore à cause de l’évaluation de leurs prestations ».

Si le DWP n’a pas commenté le cas de Charlotte Easton parce qu’il n’avait pas reçu suffisamment d’informations pour enquêter, un porte-parole de l’administration a toutefois déclaré : « Des millions de personnes dépendent chaque année de notre système d’aide sociale et il est essentiel que tous ceux qui en ont besoin puissent y avoir accès. » « C’est pourquoi nous travaillerons en étroite collaboration avec les personnes handicapées pour réformer le système actuel », a-t-il ajouté.

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