José Geraldo dos Santos, pêcheur brésilien, propulse sa barque à l’aide d’une longue perche qui s’enfonce dans les eaux brunâtres de la rivière Paraopeba. Il fait bien attention à ne pas recevoir d’éclaboussures de ce liquide qui est toxique, assure-t-il.
Deux mois après la rupture du barrage de Brumadinho, qui avait provoqué un torrent de boue de déchets miniers de 13 millions de m3, détruisant tout sur son passage, le cours d’eau est encore trop pollué pour pêcher ou pour faire boire ses animaux, explique cet homme de 67 ans. La catastrophe du 25 janvier a fait 211 morts et 95 disparus. La majorité des victimes travaillaient dans la mine de fer Corrego do Feijao, appartenant au groupe Vale. Beaucoup étaient en train de déjeuner à la cantine au moment de la tragédie.
Cet affluent de la rivière Sao Francisco, la deuxième plus grande du pays, est tellement pollué, dit dos Santos, qu’on lui a recommandé de ne pas même « marcher dans la boue ». « Les chercheurs qui sont venus ici ont dit qu’il faudrait 8 ou 10 ans (pour que la rivière s’en remette) », raconte dos Santos, qui vit environ à 45 kilomètres du village de Brumadinho dans l’Etat de Minas Gerais (sud-est).
Tandis que les secours poursuivent le lent processus de récupération des corps, les spécialistes tentent d’évaluer les conséquences de cette catastrophe environnementale pour la qualité de l’eau. « C’est si épais, qu’on ne peut pas appeler ça de l’eau », déclare Malu Ribeiro de la fondation SOS Mata Atlantica, dans une vidéo publiée par l’ONG. Avant le 25 janvier, l’eau était « cristalline, pleine de poissons », poursuit Ribeiro. « Je n’avais jamais vu cette couleur. »
Le groupe Vale, déjà impliqué dans un drame similaire fin 2015 à la mine de Samarco, a installé des barrages filtrants sur la rivière Paraopeba pour tenter de limiter l’impact sur le Sao Francisco, des centaines de kilomètres plus bas. Mais les derniers relevés de l’ONG SOS Mata Atlantica font état de niveaux élevés de déchets toxiques dans la rivière Sao Francisco, cours d’eau stratégique pour le Brésil. Selon eux, ils proviennent de la rupture du barrage de Brumadinho.
Un peu plus tôt ce mois-ci, l’ONG y a trouvé de fortes concentrations de cuivre, de fer, de manganèse et de chrome. Elles dépassent les limites autorisées par la loi brésilienne. « Il s’agit de véritables polluants », assure Romilda Roncatti de SOS Mata Atlantica. Mais les autorités brésiliennes ne l’entendent pas de la même façon: elles affirment que les polluants ne sont pas allé au-delà d’un kilomètre en aval du barrage.
« Il est normal, à cette époque de l’année de trouver de fortes concentrations de certains éléments comme le fer ou le manganèse, ces deux éléments présentent des concentrations bien plus élevées durant les inondations », assure Eduardo Paim Viglio de la commission géologique du Brésil, chargée de recueillir des données sur les ressources en eaux et en minéraux du pays.
L’importante turbidité de l’eau s’explique par les fortes pluies, dit-il, ajoutant que les relevés du gouvernement montrent des niveaux d’oxygène et d’acidité « normaux ». Des explications qui ne semblent pas à même de réconforter le pêcheur José Geraldo dos Santos, qui assure être privé de revenus faute d’activité. « Cet endroit ne me sert plus à rien », tranche-t-il.
D.C avec AFP
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