L’une des hypothèses clés énoncées dans le rapport Mueller a été totalement ignorée lors des audiences tenues mercredi dernier au Congrès américain devant le Conseil spécial. Au milieu des détours souvent malheureux de Robert Mueller, personne n’a remis en question une des accusations qui avait conduit à la rédaction du rapport : l’hypothèse selon laquelle les Russes se seraient immiscés dans l’élection américaine de 2016 pour faire élire Donald Trump.
Selon cette théorie, faire élire Trump devait donner le contrôle de la Maison-Blanche aux Russes, grâce à un supposé chantage sur l’hôtel de Donald Trump à Moscou ou par d’autres leviers similaires.
Pour avoir été plusieurs fois en Union soviétique, puis en république de Russie, ceci me semble être une grande erreur (probablement délibérée par ailleurs) de lecture du mode opératoire russe et de la manière dont ses agences de renseignement – le KGB autrefois, le FSB maintenant – fonctionnent.
Pour commencer, en 2016 les Russes avaient accès aux mêmes sondages que nous, qui annonçaient une probabilité de victoire à Trump faible voire inexistante. Pourquoi alors gaspiller des efforts sur le perdant annoncé ?
Plus important encore est le dossier Steele. Ce document salace et maintenant largement discrédité avait beaucoup de choses désagréables à dire à propos de Donald Trump, en commençant par une conspiration élaborée avec la Russie et jusqu’à l’accusation de l’existence de la dite « pee-tape ».
Comme l’a dit le représentant de Floride Matt Gaetz à M. Mueller au cours des audiences, les détails de ce dossier ne peuvent provenir que de deux sources : soit l’ancien espion britannique Christopher Steele les a inventés ou des contacts russes les lui ont fournis (une combinaison des deux étant également possible). Dans le second cas, le rapport Mueller (ou est-ce le rapport Weismann, au vu de la contribution majeure de l’avocat Andrew Weismann ?) peinerait à affirmer que les Russes ont favorisé Trump : comment favoriser un candidat tout en disséminant des informations le discréditant ?
De plus, le fait que le dossier Steele ait été payé sur les fonds de campagne d’Hillary Clinton et soit couvert de marques de présence russe fait aller vers une conclusion opposée : les Russes ont favorisé Hillary Clinton, dont ils voulaient la victoire. Il existe de nombreuses raisons de croire à cette possibilité. Si l’histoire dite « Uranium One » est véridique (les Clinton auraient accepté de vendre 20 % de la capacité américaine de production d’uranium à des entreprises russes proches de Vladimir Poutine), il est évident que les Russes avaient bien plus de possibilités de chantage auprès de Mme Clinton que de M. Trump.
Même si ceci pourrait être une raison supplémentaire de considérer que le rapport Mueller est à peine plus qu’un instrument de propagande pour le Parti démocrate, je ne crois pas que les Russes aient réellement favorisé Hillary. Ce n’est pas leur style. Ils font ce qu’ils savent faire depuis le temps des services secrets des tsars – l’Okhrana – qui est de semer la discorde en nous retournant les uns contre les autres. Dans le cas présent, on peut dire qu’ils auraient mené un travail remarquable.
Il n’est pas indispensable de me croire. L’ancien sous-procureur général Rod Rosenstein l’a dit lui-même en annonçant en février 2018 l’inculpation de treize pirates informatiques russes de la « ferme à hackers » de Saint-Pétersbourg. Il est allé plus loin en démontrant que ces pirates informatiques avaient une attitude « impartiale » dans leurs perturbations de l’élection présidentielle américaine : « Après le scrutin, les accusés ont organisé des rassemblements pour soutenir le président élu, tout en organisant en même temps des rassemblements pour protester contre son élection. Par exemple, les accusés ont organisé un rassemblement pour soutenir le président élu et un autre rassemblement pour s’opposer à lui, tous deux à New York, le même jour. »
Néanmoins, les démocrates ont voulu utiliser tout cela pour renverser le président. Trump appelle cela de la trahison. Il pourrait avoir raison, nous le verrons bientôt.
D’ici là, il vaut la peine de lire le livre Disinformation (Désinformation) de Ion Pacepa, responsable du Service de renseignements du dictateur roumain Ceausescu et officier supérieur de l’ancien bloc soviétique. I. Pacepa donne la meilleure explication que j’aie lue sur les méthodes soviétique et russe. Et cela coûte beaucoup moins cher que cette pathétique enquête sur la Russie.
Roger L. Simon, co-fondateur et PDG émérite de PJ Media, est un auteur primé et un scénariste nominé aux Oscars. Son nouveau roman – THE GOAT – paraîtra en septembre.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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