Le Parquet russe a requis jeudi une amende contre l’opposant Evguéni Roïzman, l’un des derniers grands détracteurs du Kremlin encore présents et en liberté en Russie, pour « discrédit » de l’armée russe, a rapporté l’agence officielle TASS.
« Je demande de condamner Roïzman (…) à une amende de 260.000 roubles », environ 3000 euros au taux de change actuel, a déclaré le procureur, cité par l’agence, lors du procès de l’opposant qui se déroule à Ekaterinbourg, une grande ville de l’Oural dont il fut maire.
M. Roïzman, 60 ans, qui a plaidé non-coupable lors de son procès qui a commencé fin avril, risquait jusqu’à 5 ans de prison. Ce délit relève d’une « faible gravité », a expliqué le procureur, en évoquant également des « circonstances atténuantes » comme des enfants en bas âge à la charge de l’opposant et ses activités caritatives.
Pour sa part, l’avocat Vladislav Imadjapov a demandé la relaxe de son client. Le verdict dans le procès de l’opposant est attendu vendredi. C’ « est tout à fait inattendu (…). À l’heure actuelle, c’est vraiment très peu ce qu’ils demandent », a réagi devant la presse M. Roïzman, cité par l’agence publique RIA Novosti, en qualifiant la requête du parquet de « végétarienne ».
Interdiction d’internet et d’interviews
Evguéni Roïzman est accusé d’avoir « discrédité » l’armée russe dans une vidéo qu’il avait publiée sur YouTube en juillet 2022 en critiquant l’opération russe en Ukraine. Il risquait jusqu’à cinq ans de prison, selon une loi adoptée en Russie dans la foulée du lancement de l’offensive en Ukraine fin février 2022, un texte répressif qui a récemment encore été durci. De nombreuses personnalités et anonymes russes ont été incarcérés sur cette base.
Evguéni Roïzman, qui a dirigé Ekaterinbourg, ville de 1,5 million d’habitants, entre 2013 et 2018, est considéré comme l’une des dernières grandes figures de l’opposition à être restée en Russie et à avoir, pour l’instant, échappé à une lourde peine de prison.
Après avoir été inculpé pour avoir « discrédité » l’armée russe en août dernier, M. Roïzman n’avait pas été placé en détention provisoire, mais s’était vu interdire d’utiliser internet et de donner des interviews.
Répression de toutes voix de contestation
Autour de lui, les principales figures de l’opposition restées en Russie ont été jetées en prison, comme Alexeï Navalny, Ilia Iachine ou Vladimir Kara-Mourza. En décembre dernier, l’opposant Ilia Iachine a été condamné à huit ans et demi de prison pour avoir condamné l’offensive en Ukraine.
Pour sa part, l’opposant Vladimir Kara-Mourza a écopé de 25 ans de prison en avril, un jugement d’une rare sévérité, pour « haute trahison », diffusion de « fausses informations » sur l’armée russe et travail illégal pour une organisation « indésirable ».
Leur incarcération s’inscrit dans la ligne générale des autorités russes visant à réprimer toutes voix de contestation. Ainsi, un militant d’opposition russe Mikhaïl Kriguer, qui a critiqué publiquement à plusieurs reprises l’intervention russe en Ukraine, a été condamné mercredi à sept ans de camp pénitentiaire à Moscou pour « apologie du terrorisme ». Poursuivi pour ses posts sur Facebook écrits il y a deux ans, il a qualifié ces accusations de « prétexte » pour le punir pour sa position pro-ukrainienne.
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