Depuis de nombreuses années, j’exhorte toutes les personnes que je connais à développer le goût de la lecture. Je montre beaucoup d’ardeur à encourager les parents (pour qu’ils incitent leurs enfants à lire), ainsi que les jeunes (en pleine croissance, afin qu’ils soient pourvus de sagesse une fois adultes).
Ce que je dis souvent, c’est qu’il ne s’agit pas simplement de se faire plaisir quand on lit – en réalité, c’est la façon la plus quelconque de lire. Dans sa forme la plus élevée, la lecture consiste à se former pour accroître sa vertu. Je recommande souvent l’Histoire, parce qu’elle nous offre d’innombrables exemples de comportements humains qui peuvent nous instruire dans toutes sortes de domaines primordiaux pour mener sa vie de la meilleure façon – le caractère, le civisme, la sagesse.
J’ai eu la joie de voir cette vérité m’être rappelée en consultant un ancien texte chinois appelé le Xunzi, dont le premier chapitre s’intitule l’Exhortation à l’apprentissage. On y définit l’« homme de bien » comme étant celui qui accroît constamment sa vertu en accord avec « la Voie » (le concept est assez similaire à celui de « loi naturelle » en Occident, accessible à tout un chacun par la raison). Ce credo apparaît dès la première ligne : « L’homme de bien déclare : L’apprentissage ne doit jamais s’arrêter. » L’« homme de bien » est celui qui « s’instruit beaucoup et s’examine trois fois par jour, dès lors son savoir est limpide et sa conduite sans faute ».
L’introspection, quel concept ! À l’opposé des banalités rebattues, intéressées, indulgentes auxquelles nous sommes complètement soumis dans la culture populaire.
Mais plus que cela, le Xunzi insiste sur le fait que la vertu nécessaire pour être un homme de bien ne peut être obtenue que par une connaissance solide du passé : « Si tu n’entends jamais les paroles transmises par les anciens rois, tu ne sauras pas en quoi consiste la magnificence du savoir. » Une telle affirmation fait de l’expérience l’ingrédient essentiel de cette sagesse par laquelle on obtient la vertu (d’où le respect des personnes âgées dans la culture traditionnelle chinoise). En d’autres termes, l’idée d’un progrès sans fin est absurde, et la croyance que ce qui est nouveau est toujours mieux est restrictive.
D’autre part, selon le Xunzi, l’homme de bien apprend afin d’accroître sa propre vertu, en aucun cas son but sera de la faire valoir aux autres : « Les élèves des temps anciens s’instruisaient pour eux-mêmes, mais les élèves d’aujourd’hui s’instruisent pour impressionner les autres. Ainsi, ce que l’homme de bien apprend lui permet de se dépasser pour lui-même. »
De même, l’homme de bien accepte qu’il faille travailler dur pour grandir en vertu : « L’homme de bien est exceptionnel non pas par sa naissance, mais surtout parce qu’il est bon dans tout ce à quoi il se consacre. » Voilà qui est à l’opposé des idéologies et des « tendances » modernes, nuisibles, insistant sur le fait que la vertu de quelqu’un repose sur des choses pour lesquelles il n’a aucun besoin de travailler ni de s’améliorer.
Le Xunzi souligne également l’importance de l’environnement social pour que s’accroisse la vertu : « Pour l’apprentissage, rien n’est plus efficace que de se rapprocher de la bonne personne. » Comme le dit le vieil adage : « Les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs. » Cette vérité n’était pas moins connue des Chinois il y a plus de deux mille ans qu’elle ne l’est aujourd’hui à ceux qui ont préservé leur bon sens.
Cette vertu grandissante, déclare le Xunzi, permet finalement d’atteindre « la stabilité », un trait de caractère ainsi décrit : « Pour cette raison, le pouvoir et le profit ne peuvent pas l’influencer, les masses ne peuvent pas le faire basculer, et rien au monde ne peut l’ébranler. Il vit par cela, et il meurt par cela. C’est ce qu’on appelle l’état d’étreindre la vertu. » Cet état de « stabilité » donne la capacité de percevoir les choses telles qu’elles sont, et de réagir en conséquence quel qu’en soit le coût. « Quand on peut atteindre la stabilité, dit le texte, alors seulement on peut faire face aux choses. Être capable à la fois de stabilité et de répondant face aux événements, voilà ce qu’on appelle une personne accomplie. »
Ce point de vue très réaliste mais ambitieux m’a rappelé une phrase de Jordan Peterson : « Prenez votre [juron] souffrance et supportez-la ! Et essayez d’être une bonne personne, pour ne pas l’aggraver ! […] Tiens-toi fermement debout pour que les gens puissent s’appuyer sur toi ! »
Voilà en quoi consiste le fait d’être une personne vertueuse – être une personne véritablement humaine.
Lorsqu’on lit des textes tels que le Xunzi, on rencontre de nombreux exemples de ce que j’appelle en plaisantant « les gros titres d’il y a 2 200 ans » (ou d’une autre époque ancienne). Cela veut dire que je lis quelque chose qui est aussi nécessaire pour nous en 2021, quelque chose dont la substance est aussi pertinente (voire souvent plus pertinente), que les gros titres d’aujourd’hui.
On découvre qu’en quelques milliers d’années la nature humaine n’a pas beaucoup changé, et que les ingrédients du vrai bonheur – que l’on ne trouve que dans la vertu – restent fondamentalement les mêmes à toutes les époques et pour tout le monde. On voit également que la formule moderne qui consiste à suivre ses désirs fantaisistes et éphémères (et qui nécessitent la validation des autres) n’est définitivement pas la bonne.
Une telle sagesse n’a peut-être jamais été aussi indispensable qu’aujourd’hui, à une époque aussi décadente et indulgente que la nôtre. Puissions-nous retrouver cette grande tradition, le bon sens des sages de toutes les cultures et de tous les temps ! Puissions-nous cesser de nous limiter à nous-mêmes et faire connaître que si l’individu est fou, l’espèce est sage.
Joshua Charles est un ancien rédacteur de discours à la Maison-Blanche pour le vice-président Mike Pence, auteur à succès du New York Times, historien, écrivain et conférencier. Il a été conseiller historique pour plusieurs documentaires et a publié des livres sur des sujets allant des Pères fondateurs à Israël, en passant par le rôle de la foi dans l’histoire américaine et l’impact de la Bible sur la civilisation humaine. Il a été le rédacteur principal et le concepteur de la Global Impact Bible, publiée en 2017 par le Museum of the Bible à Washington, et est un chercheur affilié au Faith and Liberty Discovery Center de Philadelphie. Il a été nommé Tikvah and Philos Fellow, s’est exprimé dans tous les États-Unis sur des sujets tels que l’histoire, la politique, la foi et la vision du monde. Il est pianiste concertiste et détient une maîtrise en administration publique et un diplôme de droit. Lien vers son site.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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