Sans électricité pour la troisième nuit consécutive, les Cubains se rebellent et le gouvernement menace

Par Epoch Times avec AFP
21 octobre 2024 10:10 Mis à jour: 21 octobre 2024 10:25

Les Cubains continuent lundi de pâtir d’une panne géante d’électricité, tout en subissant les effets du passage d’une tempête tropicale, dans l’île où le chef de l’État a mis en garde contre tout trouble à l’ordre public.

Les 10 millions d’habitants ont passé une troisième nuit sans courant en raison d’une panne survenue vendredi dans la principale centrale thermoélectrique du pays, qui a entraîné l’arrêt complet du réseau.

Petit soulagement pour la population déjà durement éprouvée : l’ouragan Oscar, qui a touché terre la veille au soir dans l’est de Cuba avec des vents approchant les 130 km/h, a été rétrogradé dans la nuit de dimanche à lundi en tempête tropicale par le Centre américain des ouragans (NHC).

Des vagues ont atteint jusqu’à quatre mètres de hauteur sur le front de mer près de la ville de Baracoa où s’est abattu Oscar. Des toits et murs des maisons ont été endommagés, des poteaux électriques et des arbres sont tombés, a indiqué la télévision d’État.

Alors que le gouvernement a dit espérer rétablir l’électricité lundi soir, le président de Cuba, Miguel Diaz-Canel a averti dimanche soir que son gouvernement ne tolérerait pas de troubles.

Vêtu d’un uniforme militaire, il a affirmé, lors d’une réunion retransmise par le journal télévisé, que des habitants étaient sortis samedi soir pour tenter de « provoquer des troubles à l’ordre public ». Tous les auteurs de troubles seront poursuivis « avec la sévérité que les lois révolutionnaires prévoient », a-t-il martelé. M. Diaz-Canel a déclaré que nombre de ces personnes agissaient « sous la direction des opérateurs de la contre-révolution cubaine depuis l’étranger ».

Les pannes d’électricité ont été l’un des éléments déclencheurs des manifestations historiques du 11 juillet 2021. Dimanche soir, des habitants sont descendus dans la rue dans plusieurs quartiers de La Havane pour exprimer leur mécontentement, selon des photographes de l’AFP.

Des dizaines de personnes, dont des femmes avec des enfants dans les bras, sont notamment sorties avec des casseroles dans le quartier de Santo Suarez, criant « Allumez la lumière ». Des barricades de déchets ont également été érigées dans le quartier de Centro.

Sur les réseaux sociaux, des internautes ont posté des vidéos faisant état d’une manifestation à Manicaragua (centre) mais l’AFP n’a pu vérifier leur authenticité.

Dans son discours, le président Diaz-Canel a reconnu que la situation du système électrique restait « complexe », marquée par une forte « instabilité ». Plus tôt dimanche, le ministre de l’Énergie, Vicente de la O Levy, avait déclaré : « Nous pouvons dire qu’entre demain lundi matin, après-midi ou soir », le service sera rétabli pour la majorité des Cubains.

Quelques centaines de milliers d’habitants ont pu bénéficier dimanche de quelques heures de courant, avant que la totalité du système électrique ne soit à nouveau paralysée, selon la compagnie nationale d’électricité (UNE).

« Ce pays n’en peut plus »

Les autorités ont suspendu les cours et les activités professionnelles essentielles jusqu’à mercredi, seuls les hôpitaux et les services essentiels pour la population restant opérationnels.

Cuba est confrontée à sa pire crise en trente ans. La panne géante d’électricité, qui fait suite à des pannes chroniques, s’ajoute à des pénuries de nourriture, de médicaments et à une inflation galopante.

« Les Cubains sont fatigués de tant de choses », se lamente Serguei Castillo, un maçon de 68 ans. « Il n’y a pas de vie ici, ce pays n’en peut plus », ajoute-t-il en colère, en précisant que depuis deux jours, il ne se « nourrit que de croquettes, de pizzas et d’autres cochonneries ».

« Mon frigo ne fonctionne plus depuis trois jours et j’ai peur que tout soit détruit », se désole aussi Adismary Cuza, un ouvrier de 56 ans.

Jeudi, à la veille de la panne générale, le président cubain avait annoncé que l’île se trouvait en situation d’« urgence énergétique » face aux difficultés pour acheter le combustible nécessaire à l’alimentation de ses centrales, à cause du renforcement de l’embargo imposé par Washington depuis 1962.

À Cuba, l’électricité est produite par huit centrales thermoélectriques vétustes, parfois en panne ou en maintenance, ainsi que par plusieurs centrales flottantes louées à des entreprises turques, et des groupes électrogènes.

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